Retraite progressive : avantages et inconvénients, pièges à éviter
À l'approche de votre retraite, vous aspirez peut-être à ralentir progressivement votre activité professionnelle pour profiter au maximum de cette nouvelle étape de votre vie qui se prépare ? Avec la retraite progressive, c’est possible !
Encore assez méconnu, ce dispositif offre pourtant de nombreux avantages. Attention toutefois, quelques pièges sont à éviter.
Vous souhaitez en savoir plus ? Suivez le guide !
Retraite progressive : qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ?
La retraite progressive est un dispositif qui vous permet, si vous justifiez d'une durée de trimestres cotisés suffisante, de toucher une partie de vos retraites de base et complémentaire, tout en diminuant votre temps de travail / activité. Vous conservez ainsi votre niveau de vie.
Pendant cette période, vous continuez de cotiser pour la retraite, ce qui vous permet de cumuler des droits et des trimestres. Ces derniers seront pris en compte au moment de la liquidation définitive de votre retraite.
Depuis le 1er septembre 2025, vous pouvez accéder à la retraite progressive dès l'âge de 60 ans.
Au moment de la cessation totale de votre activité professionnelle, votre retraite définitive est recalculée. Elle tient compte de cette période pendant laquelle vous avez continué de travailler à un rythme moins soutenu.
Attention toutefois, ce dispositif, bien qu’offrant de nombreux avantages, présente également quelques inconvénients.
Retraite progressive : à ne pas confondre avec d’autres dispositifs
Comprenez bien, la retraite progressive est une forme de préretraite. En revanche, elle ne doit pas être confondue avec d’autres dispositifs que sont :
- La préretraite classique : vous permet de cesser votre activité professionnelle tout en conservant votre rémunération ;
- Le cumul emploi retraite : vous permet de reprendre une activité professionnelle après avoir liquidé vos pensions de retraite de base et complémentaire.
Fin de carrière : qui peut demander à bénéficier de la retraite progressive ?
La retraite progressive s’adresse aux personnes en fin de carrière. Vous pouvez demander à en bénéficier que vous soyez :
- Un salarié du privé du Régime général ;
- Un salarié agricole affilié au Régime général ;
- Un salarié ayant plusieurs employeurs (multi-employeurs) ;
- Un salarié ayant conclu une convention de forfait en jours sur l'année ;
- Un salarié dont le travail est intermittent c'est-à-dire dont l'activité se caractérise par une alternance de périodes travaillées et de périodes non travaillées sur l'année (le travail intermittent étant assimilé à du temps partiel annualisé) ;
- Un mandataire social salarié ;
- Un travailleur indépendant du Régime général : artisan commerçant, industriel ;
- Un travailleur indépendant du Régime agricole : exploitant agricole ;
- Un voyageur représentant placier (VRP), journaliste pigiste, travailleur à domicile lorsque votre activité vous procure un revenu minimal et donne lieu à une diminution de revenu ;
- Un professionnel libéral CNAVPL) ou un avocat (CNBF) ;
- Un agent non-titulaire de l’Etat ou un agent non-titulaire des collectivités territoriales ou des établissements publics de l’Etat ;
- Un fonctionnaire civil de la fonction publique de l’Etat ;
- Un fonctionnaire de la fonction publique territoriale ou hospitalière ;
- Ou encore un ouvrier de l’Etat.
En revanche, vous ne pouvez pas en bénéficier si vous êtes chauffeur taxi ayant adhéré à l’assurance volontaire du Régime général de la Sécurité sociale.
Retraite progressive : quelles conditions remplir pour en bénéficier ?
Pour bénéficier de la retraite progressive vous devez remplir certaines conditions (âge, durée d’assurance, réduction de l’activité professionnelle…), lesquelles varient selon votre statut professionnel.
Pour en savoir plus sur les conditions requise pour accéder à ce dispositif, consulter notre contenu dédié : Retraite progressive : quelles conditions remplir pour en bénéficier ?
Quels sont les avantages de la retraite progressive ?
La retraite progressive offre de nombreux avantages. Elle vous permet :
- De réduire votre activité professionnelle : vous avez le choix de votre temps de travail ;
- De cumuler vos revenus professionnels avec une partie de votre retraite : vous n’avez pas de perte de revenus majeure ;
- Vous continuez de cotiser pour accumuler davantage de droits à la retraite.
Le choix de votre temps de travail
La retraite progressive est intéressante puisqu’elle vous offre la possibilité d’ajuster et choisir votre temps de travail.
Vous avez la possibilité, avec l’accord de votre employeur, de moduler et choisir votre nouvelle durée de temps de travail. Vous pouvez ainsi travailler le nombre d’heures qui vous convient et cette durée n’est pas fixée de manière définitive : elle reste totalement évolutive. En effet, avec l’accord de votre employeur, vous pouvez faire évoluer cette durée tant que votre temps de travail reste compris entre 40 et 80 % de la durée légale du travail.
Si vous êtes indépendant, c’est encore plus facile, vous avez toute liberté dans la gestion de votre emploi du temps. Et, exit l’accord d’un employeur puisque vous êtes votre propre patron. Seule condition quant à la réduction de votre activité : le revenu professionnel que vous en tirez doit diminuer d’au moins 20 % (sans dépasser les 80 %).
Vous n’avez pas de perte de revenus majeure
La retraite progressive vous permet de réduire progressivement votre activité professionnelle à l’approche de la retraite tout en vous permettant de maintenir votre niveau de vie : vous pouvez cumuler vos revenus professionnels avec une partie de votre retraite.
Comprenez bien, les revenus que vous percevez en moins sont en grande partie compensés par le versement d’une partie de votre pension de retraite.
Vous cotisez pour la retraite et cumulez des trimestres
Autre avantage et pas des moindres : dans le cadre de votre retraite progressive, vous continuez à cotiser pour votre retraite, ce qui vous permet de cumuler des droits et des trimestres. Ces derniers seront pris en compte au moment de la liquidation définitive de votre retraite.
En d’autres termes, au moment de la cessation totale de votre activité professionnelle, votre pension de retraite est recalculée. Elle tient compte des cotisations et trimestres supplémentaires acquis à cette période pendant laquelle vous avez continué de travailler à un rythme moins soutenu.
Vous êtes salarié ? Sachez que, sous réserve de l’accord de votre employeur, vous pouvez cotiser pour la retraite comme si vous travailliez à temps plein. Cela vous permet d’améliorer votre retraite future !
Quels sont les inconvénients de la retraite progressive et les pièges à éviter ?
Vous envisagez de bénéficier de la retraite progressive ? Quelques pièges sont à éviter.
Surveillez le montant de vos revenus
En retraite progressive, il est impératif que vous surveilliez le montant des revenus que vous percevez.
Et pour cause, pour valider un trimestre de retraite de base, votre régime vous impose de toucher un certain revenu.
Par exemple, si vous êtes salarié, vous devez gagner au moins 150 fois le SMIC horaire, soit 1 782 € en 2025, par trimestre. Vous l’aurez compris, si vous souhaitez valider 4 trimestres complets sur l’année, votre salaire annuel doit être au moins de 7 128 € en 2025. A défaut, vous ne validerez par 4 trimestres.
Vous êtes travailleur indépendant artisan, commerçant ou professionnel libéral ? C’est la même chose, pour pouvoir valider 4 trimestres de retraite de base en 2025, il est nécessaire que vous perceviez un revenu professionnel annuel de 600 Smic horaire, soit 7 128 € en 2025.
Calcul de votre pension de retraite : attention aux 25 meilleures années
Salarié, indépendant… vous n’êtes pas sans savoir que votre pension de retraite de base se calcule sur la moyenne des salaires annuels de vos 25 meilleures années.
De fait, selon votre situation personnelle et professionnelle, il est possible que vos années où vous avez diminué votre activité dans le cadre de la retraite progressive intègrent ces 25 meilleures années.
Exemple : vous avez travaillé 20 ans à temps plein et le reste de votre carrière à temps partiel. Nécessairement, la moyenne de vos 25 meilleures années inclura des années à temps partiel.
Vous l’aurez compris cela pourra faire baisser le montant final de votre pension de retraite de base.
Vigilance quant à votre retraite complémentaire
Vous ne le savez peut-être pas mais, en France, notre système de retraite fonctionne sur deux régimes :
- La retraite de base : vos cotisations sont transformées en trimestres cotisés ;
- La retraite complémentaire : vos cotisations sont transformées en points.
En retraite progressive, votre temps de travail diminue, ce qui implique une baisse de vos cotisations en retraite complémentaire. Vous obtenez donc moins de points, ce qui risque de faire baisser le montant final de votre pension de retraite complémentaire.
Ne faites pas vos démarches administratives avant la fin de votre retraite progressive
En principe, la retraite progressive s’arrête au moment où vous atteignez l’âge légal de départ en retraite. Mais, il vous est possible de prolonger cette période.
Quoiqu’il en soit, vous devez faire votre demande de liquidation définitive de votre pension au moins quatre mois avant la date souhaitée et veiller à bien vérifier les conditions d’accès à la retraite complémentaire.
Quand et comment faire votre demande de retraite progressive ?
Vous devez faire votre demande de retraite progressive auprès de la caisse de retraite à laquelle vous êtes affilié.
Vous l’aurez compris, les démarches et les justificatifs à fournir ne sont pas nécessairement les mêmes selon votre statut professionnel.
Pour plus de détails selon votre situation, n’hésitez pas à consulter notre contenu dédié : Retraite progressive : où et comment faire votre demande ?
Autres questions sur la retraite progressive
Pendant combien de temps pouvez-vous bénéficier de la retraite progressive ?
Vous pouvez bénéficier de la retraite progressive tant que vous en remplissez les conditions.
Par exemple, si vous êtes salarié vous continuer d’en profiter tant que tant que vous remplissez la condition de durée de travail à temps partiel ou à temps réduit. D’ailleurs, vous devez justifier de votre durée de travail chaque année auprès de votre caisse de retraite. A défaut, le versement de votre pension de retraite sera suspendu.
Si vous êtes travailleur indépendant, c’est la même chose : vous continuer d’en bénéficier tant que vous remplissez la condition de diminution des revenus professionnels.
Pour en savoir plus : Retraite progressive : quelles conditions remplir pour en bénéficier ?
Votre employeur peut-il vous refuser votre demande de retraite progressive ?
Votre employeur ne peut pas vous refuser une demande de passage à temps partiel ou à temps réduit dans le cadre de la retraite progressive, sauf à justifier que la durée du travail que vous sollicitez est incompatible avec l’activité économique de l’entreprise.
Si vous souhaitez bénéficier de la retraite progressive, vous devez adresser à votre employeur une demande de travail à temps partiel (ou temps réduit) par lettre recommandée avec avis de réception. Cette dernière doit préciser la durée de travail souhaitée et la date envisagée pour la mise en œuvre du nouvel horaire. Vous devez envoyer la lettre au moins 2 mois avant cette date.
Votre employeur a ensuite 2 mois pour répondre à votre demande. L’absence de réponse écrite et motivée dans ce délai vaut acceptation de votre demande par l’employeur.
Retraite progressive et Fonction publique : quels changements depuis le 1er septembre 2023 ?
La loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (LFRSS) pour 2023 et le décret d’application du 10 août 2023 ont étendu la retraite progressive aux agents des trois fonctions publiques ainsi qu’aux magistrats.
Vous êtes fonctionnaire et vous souhaitez demander votre retraite progressive ? Pas de panique, on vous explique tout dans ce dossier : Retraite progressive dans la fonction publique : conditions, montant, demande, bénéficiaires
Pouvez-vous suspendre votre retraite progressive ?
Le versement de votre retraite progressive peut être suspendu si :
- Vous cessez toutes vos activités à temps partiel avant l’âge légal de la retraite ;
- Vous cessez toutes vos activités à temps partiel à compter ou après l’âge légal de la retraite sans demander votre retraite à titre définitif ;
- Vous ne répondez pas au questionnaire périodique de contrôle de la durée d’activité à temps partiel ou de la diminution de revenus.
Dans toutes ces situations, le versement de votre retraite progressive est suspendu à partir du 1er jour du mois suivant celui au cours duquel vous ne remplissez plus les conditions pour en bénéficier.
En revanche, le versement de votre retraite progressive pourra reprendre si vous remplissez à nouveau les conditions pour en bénéficier.
Passage à la retraite définitive : comment ça se passe ?
Si vous demandez votre retraite définitive, c’est-à-dire la liquidation totale de vos droits, cela met un terme à votre retraite progressive. La fraction de votre pension de retraite qui vous a été versée pendant votre retraite progressive est remplacée par votre pension de retraite complète.
Votre pension de retraite complète est alors calculée en tenant compte :
- Des trimestres et des droits que vous avez acquis tout au long de votre carrière, tous régimes confondus ;
- Des trimestres et des droits que vous avez acquis que vous avez acquis pendant votre période de retraite progressive.
Votre pension de retraite est calculée selon les règles habituelles, lesquelles dépendent évidemment de votre statut. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consultez notre rubrique sur le sujet.
Notez que si après la date d’effet de votre retraite progressive, vous justifiez des conditions d’obtention du taux plein, le montant de votre retraite progressive ne sera pas recalculé. En revanche, le calcul de votre retraite définitive, à l’occasion de la liquidation définitive de vos droits, tiendra compte de vos nouveaux droits.
Si vous souhaitez poursuivre ou reprendre une activité professionnelle après la liquidation de vos droits, cela est possible dans le cadre du cumul emploi retraite (CER), sous couvert d’en remplir les conditions.
