Cas pratique : Amélie débute sa carrière active : doit-elle déjà s’intéresser à son PER ?

Amélie a 26 ans. Diplômée en marketing digital, elle vient de décrocher son premier emploi dans une agence lyonnaise spécialisée dans les réseaux sociaux. Enthousiaste et sérieuse, elle découvre peu à peu les joies - et les contraintes - de la vie active : le salaire confortable qui tombe chaque mois, les premières fiches de paie, mais aussi… les impôts.
Ça lui paraît loin, mais elle entend aussi souvent parler de la retraite, ses réformes tantôt votées, tantôt gelées, et plus globalement du système par répartition qu’on dit « à bout de souffle ». Alors elle se demande : existe-t-il un produit qui est fiscalement intéressant et permet de se constituer un matelas financier pour compléter sa future pension ? La réponse est oui, et se résume en trois lettres : PER.
Sommaire :
Un début de carrière et déjà des réflexes d’épargne
Depuis son arrivée dans la vie active, Amélie a pris l’habitude de mettre un peu d’argent de côté chaque mois. Elle a ouvert un livret A, puis un PEA pour investir dans quelques actions européennes via des ETF. Sa logique : « Autant faire travailler mon argent tant que je n’ai pas encore de grosses charges ». Une stratégie efficace, car c’est en investissant régulièrement de petites sommes que l’on acquiert une attitude financière responsable et que l’on développe son patrimoine.
Mais après une discussion avec Manon, une collègue plus âgée qui dispose déjà d’un PER individuel (que tout le monde peut ouvrir librement) bien garni, elle se demande si ce produit pourrait compléter sa stratégie à plus long terme. Bloquer son argent jusqu’à la retraite ? Pourquoi pas. Profiter des avantages fiscaux tout au long de sa vie active ? Complètement !
Un avantage fiscal déjà intéressant
Avec son premier salaire, Amélie se retrouve dans la tranche d’imposition à 30 %. Elle se renseigne et découvre que les versements effectués sur un PER peuvent être déduits de son revenu imposable. Autrement dit, plus sa tranche d’imposition est élevée, plus la déduction est avantageuse.
Elle fait le test : si elle verse 3 000 € par an sur son PER, elle pourrait économiser environ 900 € d’impôts (30 % de 3 000 €). Le montant déductible est toutefois plafonné : il correspond au plus élevé des deux montants suivants - 10 % de ses revenus professionnels ou 10 % du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS).
Amélie a aussi été indépendante en tant que photographe professionnelle pendant quelques mois avant d’être embauchée en CDI. Elle apprend qu’en tant que travailleuse non-salariée, le calcul aurait été différent : 10 % de 1 PASS ou 10 % du bénéfice imposable dans la limite de 8 PASS, auxquels s’ajoutent 15 % du bénéfice compris entre 1 et 8 PASS. Un détail qu’elle garde en tête pour plus tard.
Quelle stratégie d’investissement adopter à 26 ans ?
Amélie hésite en revanche sur le type de gestion à adopter. Va-t-elle gérer en toute autonomie son PER (gestion libre) ou le confier à un professionnel (gestion pilotée) ?
- En gestion libre : elle choisit elle-même la répartition de son épargne entre différents supports (actions, obligations, fonds d’investissement, SCPI ou encore ETF).
- En gestion pilotée : le gestionnaire du contrat sélectionne la combinaison des supports selon son profil et son horizon de retraite. La stratégie repose sur une logique dite à horizon : plus risquée au départ, puis sécurisée progressivement.
Curieuse et déjà familière avec les marchés financiers grâce à son PEA, Amélie opte pour la gestion libre. Elle répartit ses premiers versements majoritairement sur des unités de compte (UC) dynamiques : ETF actions, fonds obligataires et un peu d’immobilier via une SCPI. L’idée : booster le rendement sur le long terme. Sur plusieurs décennies, le risque de perte reste limité, tandis que le potentiel de rendement, lui, peut être très significatif.
À l’approche de la retraite, la logique changera : son capital sera progressivement transféré vers des supports plus sécurisés, comme les fonds en euros, au capital garanti mais moins rémunérateur.
À SAVOIR
Amélie peut, à tout moment, passer d’une gestion libre à une gestion pilotée (et inversement). Elle doit simplement prévenir le gestionnaire de son contrat. La gestion pilotée implique toutefois des frais supplémentaires, généralement compris entre 0,3 % et 0,6 %. Au-delà, mieux vaut comparer avec d’autres contrats.
La retraite : un horizon lointain, mais pas si abstrait
Réfléchir à sa retraite alors qu’on vient tout juste de commencer sa carrière : une idée saugrenue ? En général, on conseille aux Français de commencer à s’y intéresser au moins 20 ans avant la fin de leur vie active, vers 35 ou 40 ans. Pourtant, la clé de la performance réside dans le temps. En épargnant de petites sommes chaque mois dès maintenant, l’effort est indolore, mais les effets de la capitalisation à long terme sont puissants.
Amélie simule alors deux scénarios d’épargne :
- 100 € par mois pendant 40 ans avec un rendement moyen de 4 % par an permettent d’avoir 115 000 € à 65 ans.
- 100 € par mois pendant 25 ans rapportent 45 750 €.
La différence est flagrante : plus de 69 000 € de gain simplement grâce au facteur temps.
Quelle sortie du PER envisager ?
Une fois la retraite atteinte, Amélie pourra récupérer les sommes de son PER de deux façons :
- Sortie en capital, en une ou plusieurs fois, pour disposer librement des sommes accumulées.
- Rente viagère, qui transforme le capital en revenu régulier jusqu’à la fin de sa vie.
Si la rente assure un revenu garanti, le capital offre une plus grande liberté (dépenses ponctuelles, transmission, projets personnels, etc.). Amélie ne sait pas encore ce qu’elle choisira - et ce n’est pas grave : cette décision viendra plus tard.
Cependant, elle penche déjà pour une sortie en capital. Pourquoi ? Parce que si la rente a commencé à être versée, elle ne peut pas être récupérée. Exemple : Amélie transforme ses 115 000 € accumulés en une rente mensuelle de 350 €. Si elle décède deux mois après le premier versement, les 114 100 € restants sont définitivement perdus.
Une seule alternative : opter pour une pension de réversion, qui permet à un bénéficiaire de percevoir une partie de la rente (60 %, 80 % ou 100 %). Mais cette option réduit le montant de la rente reçue et est en principe irrévocable.
En résumé : un petit effort pour un grand avenir
Maintenant qu’elle s’est renseignée, Amélie est convaincue que le PER n’est pas réservé aux cadres proches de la retraite. Il peut au contraire être un formidable outil d’épargne dès le début de la vie active. L’avantage fiscal est immédiat, le rendement potentiel attractif grâce à la diversification en unités de compte, et la flexibilité réelle au moment de la retraite.
Et quand ses amis la taquinent sur sa manie de penser à la retraite avant même d’avoir 30 ans, elle leur répond très simplement : « C’est justement parce que je n’ai que 26 ans que j’ai tout à y gagner ! ».