Peut-on prendre sa retraite quand on veut ? 5 astuces pour avancer votre âge de départ

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Qui n’a jamais rêvé de lever le pied avant l’âge officiel de la retraite ? Quitter le travail à 58, 60 ou 62 ans pour profiter d’un peu de temps libre avant l’heure… L’idée peut séduire, surtout dans un contexte où la durée de cotisation s’allonge et où l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est plus que jamais au cœur des préoccupations.

Mais entre rêve et réalité, la marge est parfois étroite, notamment du côté de la loi, qui fixe des limites. Il existe néanmoins plusieurs leviers qui peuvent vous permettre d’avancer votre âge de départ. En voici cinq.

Peut-on prendre sa retraite quand on veut ? Non, la retraite n’est pas libre

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons qu’en France, il n’est pas possible de partir à la retraite « quand on veut ». Précisons aussi que contrairement à certaines idées reçues, la suspension de la réforme des retraites annoncée à l’automne 2025 par Sébastien Lecornu n’a pas ramené l’âge légal à 62 ans. Il s’agit d’une suspension temporaire, et non d’une abrogation de la réforme de 2023.

Concrètement, l’âge légal de départ à la retraite, qui devait progressivement passer de 62 à 64 ans, reste figé jusqu’en 2028. La référence à retenir pour les travailleurs nés en 1963 est donc de 62 ans et 9 mois.

Du côté des trimestres à valider pour liquider sa retraite au taux plein (sans décote), le minimum reste fixé à 170 trimestres pour les générations 1963 et 1964, alors qu’il aurait dû passer à 171.

Il existe donc un âge légal minimum auquel chaque travailleur est soumis. Cependant, des exceptions bien encadrées peuvent permettre de partir plus tôt, selon le parcours professionnel et les situations particulières.

1. Racheter des trimestres : investir pour gagner du temps

Vous avez des trous dans votre carrière et souhaitez les combler sans attendre plusieurs mois de travail ? Le rachat de trimestres est un outil efficace. Souvent sous-estimé, ce mécanisme permet d’atteindre plus rapidement le taux plein et d’éviter la décote, c’est-à-dire la réduction de votre pension si vous n’avez pas suffisamment cotisé.

Quelques règles s’imposent concernant le rachat de trimestres :

  • Le rachat est possible jusqu’à 12 trimestres.
  • Son coût dépend de votre âge, de vos revenus et de la formule choisie (racheter uniquement pour le taux, ou pour la durée et le taux).
  • Les sommes versées sont déductibles du revenu imposable, ce qui en réduit le coût réel.

Bien sûr, c’est un investissement à calculer avec soin : le rachat de trimestres ne se justifie que si la pension majorée compense, à terme, la dépense engagée. Ce dispositif est ouvert aux salariés, travailleurs indépendants et artistes-auteurs.

À NOTER

Pour évaluer le montant d’un rachat, vous pouvez utiliser le simulateur de l’Assurance retraite.

2. Faire valoir une carrière longue ou pénible

Saviez-vous que, selon une note du Conseil d’orientation des retraites, les carrières longues représentent 25 % des départs à la retraite ? Si vous remplissez les critères, vous pouvez partir avant l’âge légal, tout en bénéficiant du taux plein, c’est-à-dire sans subir de décote sur votre pension.

Pour accéder à ce dispositif, vous devez :

  • Réunir un nombre minimum de trimestres cotisés,
  • Avoir commencé à travailler avant 21 ans, sous certaines conditions.

Là encore, les conditions sont strictes et varient selon l’âge et le nombre de trimestres travaillés.

Par ailleurs, il est également possible de partir en retraite anticipée dans certains cas particuliers : pénibilité au travail, exposition à l’amiante, situation de handicap, retraite progressive, ou risques professionnels. Chaque situation est encadrée et nécessite de vérifier précisément les critères applicables.

3. Chômage de fin de carrière et rupture conventionnelle : des filets de sécurité méconnus

Certaines périodes que l’on pense défavorables peuvent, avec un peu de recul, se révéler être de véritables leviers. C’est notamment le cas du chômage en fin de carrière. Si vos droits à l’assurance chômage arrivent à échéance avant l’âge légal de départ à la retraite et que vous n’avez pas retrouvé d’emploi, la première année de chômage non indemnisée peut être prise en compte dans le calcul de votre retraite. Et si vous avez atteint l’âge légal mais que tous vos trimestres ne sont pas encore validés, le versement de vos allocations chômage peut être maintenu jusqu’à 67 ans - âge correspondant au taux plein - même après la fin de vos 27 mois d’indemnisation.

À NOTER

À l’issue de vos droits à l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), si vous ne remplissez plus les conditions pour les prolonger, il est possible de bénéficier de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), sous réserve de ne pas dépasser le plafond de ressources mensuelles fixé.
Les périodes indemnisées par l’ASS peuvent être comptabilisées dans le calcul de vos trimestres de retraite. Par ailleurs, les périodes couvertes par l’ARE ouvrent également droit à la validation de trimestres d’assurance vieillesse : il faut en moyenne 50 jours de chômage pour valider un trimestre, dans la limite de quatre par an.

4 - Utiliser son compte épargne temps (CET)

Vous êtes à quelques mois de la retraite et votre compte épargne temps (CET) regorge de jours non utilisés ? Bonne nouvelle : ces jours peuvent vous permettre de lever le pied avant l’heure, sans perte de revenus. Concrètement, le CET permet de mettre de côté, au fil des années, des jours de congés ou des RTT non pris. En fin de carrière, vous pouvez les transformer en congé de fin d’activité : une période pendant laquelle vous cessez de travailler tout en continuant à percevoir votre salaire. Vous restez ainsi rémunéré, couvert socialement et continuez à cotiser pour votre retraite jusqu’à votre départ officiel.

EXEMPLE

Imaginons que vous disposiez de 120 jours sur votre compte épargne temps, auxquels s’ajoutent quatre semaines de congés payés. En combinant ces deux dispositifs, vous pouvez arrêter de travailler près de cinq mois avant votre départ en retraite, tout en continuant à percevoir votre salaire et à valider des droits pour votre future pension.

5 – PER, assurance vie, PEA… Constituez votre propre épargne au fil du temps pour compenser une décote

Comme nous l’évoquions précédemment, partir plus tôt à la retraite, c’est aussi potentiellement accepter une baisse temporaire de revenus. Pour combler cet écart entre votre dernier salaire et votre future pension, vous pouvez toutefois prendre les devants en investissant dès que possible dans des placements qui permettront à votre épargne de fructifier dans le temps.

C’est là que le Plan d’Épargne Retraite (PER) prend tout son sens. Accessible à tous, quel que soit votre âge ou votre situation professionnelle, il vous permet de mettre de côté progressivement afin de disposer, le moment venu, d’un capital ou d’une rente supplémentaire. Son atout majeur réside dans son avantage fiscal : les versements que vous effectuez peuvent être déduits de votre revenu imposable, réduisant ainsi votre impôt chaque année.

En principe, les sommes versées sur un PER restent bloquées jusqu’à l’âge légal de la retraite ou jusqu’à la liquidation de vos droits. Mais plusieurs exceptions existent : invalidité (2e ou 3e catégorie), décès du conjoint, fin des droits au chômage ou situation de surendettement. Autant de cas qui permettent un déblocage anticipé en cas de coup dur.

Le PER n’est toutefois pas la seule corde à votre arc. L’assurance-vie peut aussi jouer un rôle clé si vous envisagez de partir avant le taux plein. Elle vous permet de compléter vos revenus tout en profitant, après huit ans de détention, d’une fiscalité particulièrement avantageuse :

  • Un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule ;
  • 9 200 € pour un couple marié ou pacsé, soumis à imposition commune.

Enfin, vous pouvez aussi envisager d’ouvrir un PEA (Plan d’Épargne en Actions) pour investir sur les marchés financiers. C’est un outil de long terme qui vous offre la possibilité de profiter de la performance des actions tout en bénéficiant d’une fiscalité allégée après cinq ans. L’idéal est de le faire tôt, afin de lisser les fluctuations du marché et de laisser le temps jouer en votre faveur.

En combinant ces différents supports – PER, assurance-vie et PEA –, vous vous donnez les moyens d’envisager un départ anticipé plus sereinement. Les rendements qu’ils peuvent offrir sont en effet susceptibles de compenser, voire de dépasser, une baisse de pension de 100 ou 200 euros par mois, même en cas de décote liée à un départ anticipé. Tout est donc question de calcul en fonction de votre situation propre.

En définitive, tous ces dispositifs - départ anticipé pour carrière longue, rachat de trimestres, utilisation du CET ou encore recours au chômage - sont strictement encadrés. Leur mise en œuvre suppose de pouvoir justifier chaque trimestre cotisé et de répondre à des conditions précises. *

D’où l’importance, dès la cinquantaine, de faire le point sur votre relevé de carrière. C’est souvent à ce moment-là que l’on découvre des périodes manquantes ; études, chômage, congé parental… qu’il est parfois possible de régulariser pour éviter les mauvaises surprises au moment du départ ! Vous souhaitez en savoir plus ? Faites un premier diagnostic !

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