Peut-on partir en retraite sans tous ses trimestres ?

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Que se passe-t-il si vous souhaitez partir en retraite mais qu’il vous manque quelques trimestres, parmi les 172 requis ? Cette situation, loin d’être rare, peut affecter le montant de votre pension et nécessite une préparation particulière.

Pour vous aider à y voir plus clair, nous vous expliquons les mécanismes de la retraite à taux plein, les conséquences d’un départ sans tous vos trimestres et les solutions pour anticiper au mieux cette situation.

Comment fonctionne le système de départ à la retraite ?

Depuis la réforme de septembre 2023, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 64 ans (ou moins selon l’année de naissance ou en cas de situations particulières). Pour pouvoir partir en retraite avec un taux plein avant 67 ans, deux conditions doivent être réunies :

  • Atteindre l’âge légal de départ à la retraite : 64 ans pour les générations nées à partir du 1er janvier 1968. Entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1967, l’âge augmente progressivement de 62 à 64 ans, avec 3 mois supplémentaires par année de naissance.
  • Avoir validé le nombre de trimestres requis, qui dépend de l’année de naissance. Par exemple, pour les personnes nées entre 1965 et 1973, il est nécessaire de valider 172 trimestres. Ce nombre varie entre 167 et 172 trimestres selon les générations.

Combien de trimestres pour la retraite ?

Voici un tableau résumant les trimestres nécessaires à cumuler en fonction de votre année de naissance :

Année de naissance

Nombre de trimestres requis (pour bénéficier du taux plein)

1960

167 trimestres (41 ans et 9 mois)

1er janvier - 31 août 1961

168 trimestres (42 ans)

1er septembre - 31 décembre 1961

169 trimestres (42 ans et 3 mois)

1962

169 trimestres (42 ans et 3 mois)

1963

170 trimestres (42 ans et 6 mois)

1964

171 trimestres (42 ans et 9 mois)

1965

172 trimestres (43 ans)

1966

172 trimestres (43 ans)

1967

172 trimestres (43 ans)

1968

172 trimestres (43 ans)

1969

172 trimestres (43 ans)

1970

172 trimestres (43 ans)

1971

172 trimestres (43 ans)

1972

172 trimestres (43 ans)

1973

172 trimestres (43 ans)

Qu’est-ce que la décote ?

Il s’agit du point crucial de tout départ en retraite sans avoir validé le nombre de trimestres requis. En effet, vous pouvez partir à la retraite même si vous n’avez pas tous vos trimestres, mais votre pension sera alors réduite : c’est ce qu’on appelle la décote.

Concrètement, il s’agit d’une diminution appliquée au taux de liquidation de la pension. Le taux de base est fixé à 50 %, et chaque trimestre manquant entraîne une minoration de 0,625 %. Ce chiffre peut paraître faible, mais son effet cumulé sur l’ensemble de la retraite est loin d’être négligeable et peut représenter, au final, plusieurs milliers d’euros de perte.

La décote a donc une fonction incitative pour rester dans la vie active. Cette pénalité vise en effet à encourager les actifs à poursuivre leur activité professionnelle jusqu’à valider tous les trimestres nécessaires pour obtenir une retraite complète, autrement dit à taux plein.

Certaines conditions, différentes de la retraite progressive, ouvrent droit automatiquement à une retraite à taux plein, même avant l’âge légal :

  • Interruption d’activité pour accompagner ou élever un enfant handicapé (PCH, soins, éducation, soutien financier).
  • Bénéficiaires de l’allocation spécifique pour les travailleurs de l’amiante (Acaata).
  • Inaptitude au travail ou handicap reconnu avec un taux d’incapacité d’au moins 50 %.
  • Mères de famille ayant eu au moins trois enfants, exercé un métier manuel ou ouvrier et cotisé 120 trimestres, avec un âge de départ situé entre 62 et 64 ans selon l’année de naissance.
  • Dispositifs spécifiques : retraite anticipée pour carrière longue ou pour incapacité permanente.

À NOTER

Partir avec une décote est de plus en plus fréquent. Selon l’Assurance Retraite, 14 % des Français ont liquidé leur retraite avec une décote en 2023, contre seulement 8 % dix ans plus tôt.

Les 67 ans : l’âge pivot du taux plein

Arrivé à 67 ans, la règle change : la décote disparaît, quel que soit votre parcours ou votre année de naissance. C’est ce qu’on appelle l’âge du taux plein automatique. En clair, à partir de cet âge, tous les assurés obtiennent le calcul de leur pension au taux plein, qu’ils aient ou non validé l’ensemble de leurs trimestres.

Mais attention : taux plein ne signifie pas forcément retraite « pleine ». La nuance est importante. Celui qui a cotisé toutes ses annuités touchera une pension complète, tandis que celui qui arrive à 67 ans avec un parcours professionnel incomplet aura certes le taux plein, mais appliqué sur un nombre de trimestres validés inférieur. Résultat : sa pension restera plus faible que celle d’une carrière complète, même si la décote ne joue plus.

Prenons l’exemple de Sophie. Née en 1963, elle doit attendre 62 ans et 9 mois pour pouvoir liquider sa retraite. En parallèle, elle doit aussi réunir 170 trimestres. Or, Sophie en a déjà plus que nécessaire.

Pourtant, cela ne suffit pas : tant que l’âge légal n’est pas atteint, elle ne peut pas partir, même si son compteur de trimestres est largement rempli. La seule consolation pour elle sera la surcote : chaque trimestre travaillé au-delà du seuil requis viendra augmenter le montant de sa pension.

Quel scénario de départ est le plus intéressant pour vous ?

Il n’existe pas de réponse toute faite à cette question. Chaque parcours est différent et, au fond, chaque futur retraité construit son propre chemin. Certains décident de partir dès qu’ils atteignent l’âge légal, quitte à accepter une pension réduite. Ils savent que la décote aura peu d’impact sur leur niveau de vie et préfèrent profiter plus tôt de leur temps libre.

D’autres, au contraire, choisissent de patienter. Ceux qui ont connu une carrière hachée ou des périodes d’inactivité préfèrent souvent attendre 65 ans, voire 67 ans, pour éviter une perte trop importante. À 65 ans, il devient par exemple possible de cumuler pension et ASPA, ce qui change la donne pour certains profils.

Tout est une question d’équilibre entre le temps que l’on veut s’accorder et le revenu dont on a besoin. C’est pourquoi il peut être utile de faire un point précis sur sa situation.

Le relevé de carrière fourni par la CNAV donne déjà une première idée, mais il n’est pas toujours complet. Un audit retraite, lui, permet de mettre à plat vos droits, de simuler plusieurs scénarios et d’identifier la date de départ la plus avantageuse. Une manière concrète d’aborder cette étape en connaissance de cause, et de partir à la retraite le plus sereinement possible.

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