- Pourquoi vous manque-t-il des trimestres ?
- Rachat de trimestres : quand est-ce utile ?
- Retraite : pour avoir le taux plein, il faut le bon nombre de trimestres
- Racheter des trimestres : bonne ou mauvaise idée ?
- Quel est le bon moment pour racheter vos trimestres ?
- Le rachat de trimestres pour débloquer un cumul emploi-retraite intégral ?
- Un calcul au cas par cas à faire avec un professionnel
- Les autres leviers pour optimiser votre départ à la retraite
Il me manque des trimestres : le rachat est-il toujours la bonne solution ?

Vous arrivez à l’approche de la retraite et découvrez qu’il vous manque quelques trimestres pour bénéficier d’une pension à taux plein ? Pas de panique : plusieurs solutions existent.
Parmi elles, le rachat de trimestres attire souvent l’attention.
Mais est-ce toujours une bonne idée ? On fait le point avec vous dans cet article !
Sommaire :
Pourquoi vous manque-t-il des trimestres ?
Chaque année travaillée vous permet de valider jusqu’à 4 trimestres de retraite, à condition d’avoir perçu un revenu minimum soumis à cotisation.
Mais certains parcours de vie laissent parfois des « trous » dans la carrière : études longues, années à l’étranger, périodes de chômage non indemnisé ou encore temps partiel.
Résultat : à l’approche de la retraite, il peut vous manquer quelques trimestres pour atteindre le nombre requis et bénéficier du taux plein.
Rachat de trimestres : quand est-ce utile ?
Le rachat de trimestres, aussi appelé « rachat Fillon » ou « versement pour la retraite », vous permet de justement de récupérer ces trimestres manquants.
Vous pouvez y recourir si vous n’avez pas validé suffisamment de trimestres pendant vos années d’études supérieures ou au cours d’années incomplètes.
Grâce à ce dispositif, vous pouvez racheter jusqu’à 12 trimestres afin d’améliorer le calcul de votre future pension.
L’objectif est clair : atteindre le taux plein et ainsi éviter une décote sur le montant de votre pension de retraite.
Retraite : pour avoir le taux plein, il faut le bon nombre de trimestres
Votre pension de retraite dépend du nombre de trimestres validés pendant votre carrière. Pour toucher une retraite à taux plein, vous devez atteindre le nombre de trimestres exigé pour votre génération. Par exemple, 172 trimestres pour les personnes nées après 1973, soit 43 ans de cotisation.
Si vous n’y parvenez pas, votre pension est réduite (c’est ce qu’on appelle la décote). Concrètement, chaque trimestre manquant entraîne une réduction de 1,25 % de votre pension de base.
EXEMPLE
Vous partez à la retraite avec 4 trimestres manquants.
Votre pension de base serait réduite de 5 % (1,25 % × 4).
Si vous deviez percevoir 1 800 € par mois, vous ne toucheriez que 1 710 €, soit 90 € de moins chaque mois. Sur 20 ans, cela correspond à près de 22 000 € de perte.
En rachetant ces 4 trimestres, vous effacez cette décote et retrouvez une pension à taux plein, ce qui permet d’amortir le coût du rachat en quelques années.
Pour l’éviter, vous pouvez :
- Travailler davantage pour atteindre le nombre de trimestres requis ;
- Attendre l’âge du taux plein automatique (67 ans) ;
- Racheter des trimestres (à condition évidemment qu’il vous en manque).
À NOTER
Quoiqu’il en soit, le rachat de trimestres vous permet de combler des périodes manquantes, mais il ne vous donnera jamais droit à une surcote et ne vous permettra pas de partir à la retraite avant l’âge légal.
Racheter des trimestres : bonne ou mauvaise idée ?
Le rachat de trimestres peut vous aider à combler des manques et obtenir une retraite à taux plein, mais il n’est pas systématiquement avantageux !
Racheter des trimestres : combien ça coûte ?
Son coût – encadré par voie réglementaire – varie selon votre âge au moment du rachat, vos revenus, votre régime social d’affiliation et l’option de rachat que vous choisissez.
Concrètement, deux options s’offrent à vous :
- Le rachat pour réduire la décote : il améliore uniquement le taux appliqué à votre pension ;
- Le rachat pour le taux et la durée : plus coûteux, il permet d’agir sur la décote et d’augmenter le nombre de trimestres cotisés pris en compte dans le calcul de votre retraite.
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Le saviez‑vous ? Le rachat de trimestres est déductible de vos revenus imposables. Ainsi, plus votre tranche d’imposition est élevée, plus cette opération peut devenir rentable.
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Prenons un exemple :
EXEMPLE
Rachat de trimestres pour un cadre à revenus confortables
Prenons l’exemple de Jean, cadre de 50 ans, salarié du secteur privé, qui perçoit un revenu annuel brut de 70 000 €.
Il lui manque 4 trimestres pour atteindre la durée d’assurance requise pour une retraite à taux plein.
Son taux marginal d’imposition (TMI) est de 30 %.
Le coût du rachat brut :
Selon le barème 2025 (valeurs moyennes) :
· Option “taux seul” → 3 563 € par trimestre
· Option “taux + durée” → 5 279 € par trimestre
Pour 4 trimestres :
· Taux seul : 3 563 € × 4 = 14 252 €
· Taux + durée : 5 279 € × 4 = 21 116 €
Le rachat brut est donc assez cher. Mais, les sommes versées sont déductibles des revenus imposables.
Avec un TMI de 30 %, Jean bénéficie d’une réduction d’impôt significative. Une situation bien différente s’il n’était pas imposable ou très peu.
Le coût réel après impôt :
Option Coût brut Économie d’impôt (30 %) Coût net réel
Taux seul 14 252 € 4 275 € 9 977 €
Taux + durée 21 116 € 6 335 € 14 781 €
Le rachat est-il rentable ?
Grâce à ce rachat, Jean évite une décote de 5 à 10 % sur sa pension.
Pour une retraite estimée à 2 500 € brut par mois, cela représente une perte évitée de 125 à 250 € par mois, soit jusqu’à 60 000 € sur 20 ans de retraite.
Autrement dit, investir 10 à 15 000 € aujourd’hui peut permettre de récupérer plusieurs dizaines de milliers d’euros sur la durée de la retraite.
Le rachat de trimestres peut représenter un effort financier conséquent, mais il ne s’agit pas d’une dépense « perdue ». Dans de nombreux cas, il s’agit d’un véritable investissement retraite, qui peut générer un gain durable sur vos revenus futurs.
Pour autant, parfois, travailler quelques trimestres supplémentaires ou atteindre l’âge du taux plein automatique est plus rentable financièrement.
Quoiqu’il en soit, avant de vous décider, il est essentiel de réaliser une simulation personnalisée avec un expert. Ainsi, vous pourrez prendre une décision éclairée et adaptée à votre situation.
Quel est le bon moment pour racheter vos trimestres ?
En règle générale, il est préférable de ne pas racheter de trimestres trop tôt et d’attendre plutôt la fin de votre carrière. Cette approche vous permet de mieux évaluer vos besoins et d’éviter d’éventuelles mauvaises surprises.
Pourquoi ? S’il est vrai qu’un rachat réalisé tôt dans votre carrière peut coûter moins cher, il est toutefois souvent difficile de prévoir à l’avance son utilité réelle.
Et pour cause, pour que le rachat soit efficace, il faut qu’il vous manque réellement des trimestres. Or, les réformes successives tendent à reculer l’âge légal de départ à la retraite, ce qui peut rendre votre stratégie de rachat obsolète quelques années plus tard.
À NOTER
D’ailleurs, le gel de la réforme des retraites de 2023 annoncé par le gouvernement Lecornu risque de rendre la décision de racheter des trimestres plus complexe. Avec les règles actuelles figées pour plusieurs années, il sera surement difficile de prévoir exactement le nombre de trimestres dont vous aurez besoin et l’impact réel du rachat sur votre pension.
Le rachat de trimestres pour débloquer un cumul emploi-retraite intégral ?
Autre avantage souvent méconnu : le rachat de trimestres peut vous permettre d’accéder au cumul emploi-retraite déplafonné.
Pour rappel :
- Si vous partez à la retraite sans taux plein, vos revenus d’activité après départ sont plafonnés (vous ne pouvez pas cumuler plus qu’un certain montant).
- En revanche, si vous partez à taux plein (par âge ou par durée d’assurance), vous pouvez cumuler librement votre pension et vos nouveaux revenus professionnels, sans limite.
EXEMPLE
Exemple :
Un cadre part à 63 ans avec 2 trimestres manquants et souhaite continuer une activité de conseil facturée 2 000 € par mois.
Sans taux plein, il serait soumis à un plafond de cumul et pourrait voir sa pension diminuée partiellement.
En rachetant ses 2 trimestres, il débloque le cumul déplafonné et conserve 100 % de sa pension + 100 % de ses revenus d’activité.
Le gain peut alors être immédiat et conséquent, surtout si vous prévoyez de poursuivre une activité rémunérée après votre départ.
Pour en savoir plus :
- Cumul emploi retraite : fonctionnement, conditions, plafonds, nouveaux droits à retraite
- Cumul emploi retraite 2025 : quels sont les plafonds à ne pas dépasser ?
- Cumul emploi-retraite : vers un gros coup de rabot sur le dispositif, jugé trop généreux (PLFSS 2026)
Un calcul au cas par cas à faire avec un professionnel
Même si les bénéfices peuvent être significatifs, le rachat doit être envisagé au cas par cas.
Le rendement réel dépend :
- Du montant de la pension attendue ;
- Du nombre de trimestres rachetés ;
- De votre espérance de vie ;
- Et de vos projets post-retraite.
Une simulation retraite complète permet d’évaluer la rentabilité du rachat et de déterminer s’il vaut mieux investir dans cette option ou privilégier d’autres leviers.
Les autres leviers pour optimiser votre départ à la retraite
Le rachat de trimestres n’est pas la seule option pour optimiser votre future retraite. Selon votre situation et vos objectifs, d’autres leviers existent :
- Cumul emploi-retraite (CER) : poursuivre une activité tout en touchant vos pensions pour compléter vos revenus.
- Retraite progressive : passer à temps partiel tout en percevant une partie de votre retraite, tout en continuant à cotiser.
- Décote : partir plus tôt avec une pension légèrement réduite, si le coût du rachat est trop élevé.
- Épargne retraite / capitalisation : utiliser un PER ou une assurance-vie pour constituer un complément de revenus.
En résumé, le rachat n’est qu’une option parmi d’autres : le bon choix dépend de vos objectifs, de votre âge et de vos ressources.
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