- Cumul emploi-retraite : trouver l’équilibre entre transmission et continuité
- Quelles sont les conditions pour cumuler emploi et retraite en tant que dirigeant ?
- Transmettre son entreprise et continuer à travailler : une transition à bien orchestrer
- Les points de vigilance avant de se lancer
- Dirigeants : plutôt cumul emploi-retraite ou retraite progressive ?
- Cumul emploi-retraite du dirigeant : l’anticipation est la clé
Cumul emploi-retraite du dirigeant : peut-on transmettre son entreprise et continuer à travailler ?
Transmettre son entreprise, ce n’est jamais une décision anodine. Pour beaucoup de dirigeants, c’est même l’affaire d’une vie. Derrière les chiffres et les bilans, il y a souvent une part de soi qu’on laisse partir : des années d’efforts, d’équipes formées, de décisions parfois risquées mais toujours guidées par la passion.
Alors, quand vient le moment de passer le relais et de partir en retraite, une question se pose : comment faire cette transition en douceur ? Voici des pistes pour mieux comprendre le fonctionnement du cumul emploi retraite si vous êtes dirigeant et envisagez d’accompagner le repreneur tout en étant à la retraite.
Sommaire :
Cumul emploi-retraite : trouver l’équilibre entre transmission et continuité
Selon les chiffres de la chambre de commerce et d’industrie, un tiers des dirigeants âgés de 65 ans ou plus ne se préoccupent pas encore de la transmission de leur entreprise et ne réfléchissent pas vraiment à « l’après ». Pourtant, cette étape - c’est-à-dire la retraite et la cession inévitable de l’entreprise - peut se préparer dans un cadre réglementé et sécurisant, grâce au cumul emploi-retraite.
Ce dispositif s’adresse aux dirigeants qui souhaitent continuer à exercer une activité au sein de leur entreprise, tout en ayant rempli les conditions pour liquider leurs droits à la retraite (éventuellement à taux minoré si certains trimestres manquent) et donc de bénéficier d’une partie de leur pension.
La question clé n’est donc pas seulement « peut-on cumuler ? », mais plutôt : « dans quelles conditions et sous quelle forme ? »
Quelles sont les conditions pour cumuler emploi et retraite en tant que dirigeant ?
Le principe est simple : pour pouvoir percevoir à la fois sa pension et des revenus d’activité, il faut avoir liquidé toutes ses retraites - de base et complémentaires - et avoir atteint l’âge légal de départ (au minimum 62 ans).
Deux cas de figure existent :
- Le cumul intégral (ou non plafonné) : il permet de cumuler sans limite la pension et les revenus d’activité, à condition d’avoir liquidé toutes ses retraites à taux plein. Il est donc nécessaire d’avoir cessé son activité pour pouvoir faire valoir ses droits à la retraite. Vous devez aussi verser une attestation sur l’honneur faisant état de cette cessation d’activité.
- Le cumul plafonné : si ces conditions ne sont pas remplies, les revenus d’activité ne doivent pas dépasser un certain seuil, sous peine de voir sa pension réduite ou suspendue.
Les règles varient aussi selon le statut du dirigeant : artisan, commerçant, gérant majoritaire, président de SAS ou profession libérale. Chaque régime a ses spécificités, ses plafonds et parfois ses délais d’attente avant de pouvoir reprendre une activité dans la même structure. Vous pouvez voir les caractéristiques précises ici.
Transmettre son entreprise et continuer à travailler : une transition à bien orchestrer
Prenons l’exemple d’un dirigeant qui vend son entreprise. La cession, qu’il s’agisse d’une vente du fonds de commerce ou de la majorité des parts, ne signifie pas forcément la fin de son implication. Il peut rester en place quelques mois, le temps d’assurer la passation avec le repreneur. Dans ce cas, le cumul emploi-retraite peut jouer à plein : il touche sa pension, tout en percevant une rémunération pour son accompagnement.
Ce scénario est d’ailleurs fréquent. Les repreneurs apprécient que le cédant reste un temps pour partager son savoir-faire, présenter les clients, ou superviser la période de transition. La loi autorise cette possibilité, tant que les conditions du cumul sont respectées.
Autre scénario : le chef d’entreprise transmet son affaire à ses enfants - par exemple via un pacte Dutreil pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse - tout en conservant une fonction de direction effective dans l’entreprise pendant au moins trois ans après la transmission.
Dans d’autres cas, certains dirigeants choisissent de quitter leur entreprise mais de lancer une nouvelle activité : un cabinet de conseil, une société de formation, ou une activité indépendante dans un domaine connexe. Le cumul emploi-retraite constitue alors un cadre idéal pour cette seconde vie professionnelle.
Les points de vigilance avant de se lancer
Si cumuler pension et activité peut sembler simple sur le papier, la réalité exige un peu de vigilance. Tout d’abord, il faut bien calibrer la chronologie : la liquidation des retraites doit intervenir avant la reprise d’activité. Dans certains régimes, un délai de carence de six mois s’applique si vous reprenez une activité dans l’entreprise que vous dirigiez auparavant.
Ensuite, attention à la nature de vos revenus ! Selon qu’il s’agisse d’un mandat social, d’un salaire ou de dividendes, le traitement fiscal et social diffère.
Dirigeants : plutôt cumul emploi-retraite ou retraite progressive ?
Outre le cumul emploi-retraite, les dirigeants qui souhaitent transmettre leur entreprise avant l’âge légal de départ disposent d’une autre option : la retraite progressive. À partir de 60 ans, ce dispositif permet de réduire son activité tout en percevant une partie de sa pension.
C’est une solution intéressante si vous souhaitez passer le relais en douceur et arrêter totalement de travailler dès que vous pourrez liquider vos droits. Dans la pratique, elle s’adresse plutôt à ceux qui veulent diminuer leur charge de travail, en exerçant entre 40 % et 80 % d’un temps plein. Dans le même temps, vous continuez à acquérir des trimestres et des points de retraite.
Cette formule permet donc de préparer la transmission de votre entreprise sur plusieurs années - souvent deux ou trois - jusqu’à atteindre l’âge légal de départ, tout en assurant une transition progressive et maîtrisée.
Cumul emploi-retraite du dirigeant : l’anticipation est la clé
Même si cela peut sembler évident, il est utile de le rappeler : le cumul emploi-retraite, tout comme la retraite progressive, ne s’improvisent pas. Ce sont des démarches qui se préparent bien en amont, car les règles applicables varient selon le statut du dirigeant, qu’il soit assimilé salarié ou travailleur non salarié. Pour éviter toute mauvaise surprise, mieux vaut entamer la réflexion plusieurs mois avant la liquidation de vos droits à la retraite.
Entourez-vous donc de professionnels aguerris : expert-comptable, notaire, voire conseiller retraite. Leur regard extérieur vous aidera à aborder sereinement cette phase charnière, en conciliant transmission, fiscalité et maintien de revenus.
Réaliser un bilan retraite constitue d’ailleurs une excellente première étape. Cet exercice permet de passer en revue l’ensemble de votre parcours, d’identifier d’éventuelles périodes manquantes et de définir la meilleure stratégie pour céder votre entreprise en douceur tout en conservant un rôle actif.
Les dirigeants sont souvent les premiers confrontés aux erreurs ou aux zones d’ombre dans leur relevé de carrière. C’est particulièrement vrai pour ceux dont le parcours a été varié : différents statuts, périodes d’indépendance ou de salariat, voire des expériences à l’étranger. Ces situations rendent parfois la lecture et la validation des droits à la retraite plus complexes, et peuvent semer le doute au moment de décider d’un départ ou d’une transmission.
Rappelons qu’au moment du départ à la retraite, un chef d’entreprise peut voir ses revenus chuter d’environ 70 %. D’où l’importance d’anticiper et d’organiser cette transition pour transformer ce changement en véritable continuité et laisser le fruit de toute une vie, votre entreprise, entre de bonnes mains !