J’ai l’âge de la retraite mais je n’ai pas vendu mon entreprise : que faire ?

C’est un scénario bien connu des dirigeants de PME ou d’artisans : le moment de partir à la retraite approche, mais la vente de l’entreprise n’est pas encore bouclée. Faut-il attendre la cession pour liquider ses droits ? Ou au contraire, partir à la retraite d’abord, quitte à risquer une taxation plus lourde sur la plus-value ?
Entre impératifs fiscaux, calendrier de transmission et besoin de souffler après des années de travail, le dilemme est réel. Pourtant, il existe des stratégies pour concilier les deux, sans perdre de mois de pension ni d’avantages fiscaux. Reporter son départ, opter pour une retraite progressive ou un cumul emploi-retraite : plusieurs leviers permettent d’articuler au mieux transmission et départ, à condition de bien en maîtriser le timing.
Sommaire :
Retardez votre départ à la retraite
Vous pouvez choisir de reporter votre départ à la retraite jusqu’à la vente de votre entreprise.
Cette option est particulièrement avantageuse car :
- Vous restez éligible au dispositif d’exonération des plus-values sur la vente de votre entreprise : conditionné notamment au départ en retraite dans les deux ans après la cession. Attention cependant : si le départ à la retraite intervient trop tard, l’exonération peut être remise en cause par l’administration fiscale ;
- Vous conservez la valeur de votre entreprise: ce qui peut être essentiel si les négociations prennent du temps ou si le marché est temporairement défavorable ;
- Vous préparez plus sereinement la transmission: en formant un repreneur ou en structurant la vente d’un point de vue fiscal et juridique.
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Conseil : anticipez le calendrier de cession et de liquidation de vos droits à la retraite. Une mauvaise coordination entre les deux peut vous faire perdre l’exonération des plus-values… ou plusieurs mois de pension. |
Gardez en tête que reporter votre départ à la retraite signifie différer le versement de votre pension. Vous continuez donc à cotiser, mais aussi à assumer la gestion quotidienne de l’entreprise, ce qui peut être lourd si vous souhaitez lever le pied.
Pensez à la retraite progressive et au cumul emploi-retraite
Si vous souhaitez passer progressivement le relais, le cumul emploi-retraite ou la retraite progressive peuvent constituer une excellente alternative :
- La retraite progressive consiste à réduire votre activité et à percevoir une partie de votre pension ;
- Le cumul emploi-retraite vous autorise à liquider votre retraite tout en continuant à diriger et à percevoir un revenu professionnel.
Quel que soit le dispositif choisi, il permet de gérer plus sereinement la transmission de votre entreprise. Pourquoi ? Parce que vous n’êtes plus être pressé par la contrainte du départ :
- Vous avez déjà commencé à percevoir votre retraite, donc vous n’êtes pas dépendant d’une vente rapide pour avoir un revenu ;
- Vous pouvez négocier la cession à votre rythme, attendre la bonne opportunité ou le bon repreneur ;
- Vous gardez la main sur le pilotage de l’entreprise pendant la transition, tout en préparant en douceur votre succession.
Sur le plan fiscal, cela peut aussi être avantageux :
- Vous pouvez étaler vos revenus (rémunération, pension, prix de cession) sur plusieurs années, ce qui évite un pic d’imposition l’année de la vente ;
- Vous avez le temps de mettre en place les bons montages patrimoniaux (donation, holding, réinvestissement, etc.) ;
- Vos cotisations sociales diminuent : certaines cotisations ne sont plus dues du fait de votre nouveau statut — ou seulement partiellement ;
- Vous bénéficiez d’un un cadre fiscal optimisé: vous restez éligible au dispositif d’exonération des plus-values sur la vente de votre entreprise, à condition de céder votre entreprise dans les deux années qui suivent la liquidation (même partielle) de votre retraite. Attention : si le départ à la retraite intervient trop tôt, l’exonération peut être remise en cause par l’administration fiscale.
EXEMPLE
Edouard, 63 ans, est artisan et souhaite vendre son entreprise d’ici trois ans.
Pour alléger sa charge de travail, il décide en janvier N-3 de passer en retraite progressive : il réduit son activité à mi-temps et perçoit déjà une partie de sa pension.
Il prévoit de vendre son entreprise en N+3, une fois la transition terminée.
Problème : lorsqu’il vend finalement son entreprise, Jean est déjà considéré comme retraité (même partiellement) depuis plus de 2 ans.
Du coup, l’administration fiscale estime qu’il ne répond plus aux conditions de l’exonération pour départ en retraite.
Résultat : la plus-value de cession - plusieurs dizaines de milliers d’euros - devient imposable.
Si Edouard avait été mieux conseillé ou avait attendu la vente pour demander sa retraite progressive, il aurait pu bénéficier de l’exonération sur la plus-value.
En résumé, vendre et partir à la retraite est une équation à bien maîtriser. Entre calendrier fiscal, règles de cumul et conditions d’exonération, la moindre erreur de timing peut coûter cher ; parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Concrètement :
- Retarder son départ permet de sécuriser les avantages fiscaux liés à la cession, mais prolonge votre activité ;
- Opter pour la retraite progressive ou le cumul emploi-retraite offre plus de souplesse, mais demande une bonne anticipation pour éviter la perte d’avantages fiscaux.
Le bon réflexe : ne prenez pas cette décision seul. Avant toute liquidation ou projet de cession, faites-vous accompagner par un professionnel. Il vous aidera à coordonner le calendrier de vente et de départ, à optimiser la fiscalité de la cession et à sécuriser vos revenus futurs.
Une stratégie bien planifiée, c’est l’assurance de transmettre sereinement votre entreprise… tout en profitant pleinement de votre retraite.