PEA ou compte-titres ? Lequel choisir pour investir en Bourse en France ?

Le Plan d'Épargne en Actions (PEA) et le compte-titres ordinaire (CTO) sont deux dispositifs incontournables pour investir sur les marchés financiers en France. Tous deux permettent d’acquérir des actions et d’autres instruments financiers, mais leurs fonctionnements, avantages et contraintes diffèrent largement.
Ils peuvent même transformer votre manière d’investir en Bourse. Tour d’horizon de leurs différences, avec un focus sur les atouts et limites de chacun.
Sommaire :
PEA VS compte-titres : de quoi parle-t-on ?
Ces deux enveloppes ont de nombreux points communs… mais aussi de nombreuses différences. Commençons par les bases.
Le PEA : la Bourse « facile »
Créé en 1992, le PEA est un produit d’épargne réglementé, qui permet d’investir dans des actions dans un cadre fiscal avantageux. Il s’agit d’un produit « franco-français », sans équivalent à l’étranger, et qui permet d’investir dans l’Union européenne ou l’Espace économique européen (EEE).
Il existe aujourd’hui deux types de PEA :
- Le PEA classique (ou bancaire), accessible aux personnes majeures fiscalement domiciliées en France. Les versements sont plafonnés à 150 000 euros (le double pour un couple marié ou pacsé).
- Le PEA-PME, dédié au financement des petites et moyennes entreprises, avec un plafond de 225 000 euros (là encore doublé pour un couple).
En pratique, le PEA permet aussi d’investir en dehors de l’Europe via certains ETF (trackers indiciels), de façon simple et à moindres frais. Nous y reviendrons plus tard.
- À savoir : Toute personne fiscalement résidente en France peut ouvrir un PEA. Il n’est pas possible d’en détenir plusieurs, mais un PEA et un PEA-PME peuvent être cumulés.
Le CTO (compte-titres ordinaire) : la Bourse « pour les pros »
Le compte-titres ordinaire (CTO) donne lui aussi l’opportunité d’investir en Bourse. Contrairement au PEA, il n’est soumis ni à un plafond de versement, ni à des restrictions géographiques sur les titres.
Il permet d’investir dans une large gamme d’actifs :
- Actions françaises, européennes et internationales
- Obligations
- ETF (trackers), OPCVM, SCPI
- Produits dérivés (options, warrants, turbos…)
- À savoir : Un CTO peut être ouvert par toute personne physique ou morale, sans condition d’âge ni de résidence fiscale. Et contrairement au PEA, vous pouvez en posséder autant que vous le souhaitez !
La fiscalité du PEA et du CTO : un point clé
C’est sans doute le critère le plus décisif pour choisir entre ces deux supports. Un chiffre à retenir : 5.
Le PEA : un avantage fiscal après 5 ans
Le grand atout du PEA est en effet son régime fiscal très favorable après cinq ans de détention. Voici les règles :
- Avant 5 ans : les gains sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, sauf cas particuliers (licenciement, invalidité…) ou au barème progressif de l'impôt sur le revenu si vous avez opté pour ce choix.
- Après 5 ans : les plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu, mais soumises aux prélèvements sociaux de 17,2 %.
En clair, un PEA conservé au-delà de cinq ans permet d’optimiser la fiscalité sur vos gains. Attention : tout retrait avant 5 ans entraîne la clôture du plan et l’imposition des gains selon le régime classique (PFU de 30 % ou impôt sur le revenu sur option, plus prélèvements sociaux). A contrario, les retraits ou rachats partiels après le délai de 5 ans n’entraînent plus sa fermeture automatique.
- Conseil : ouvrez un PEA le plus tôt possible, dès votre majorité, et réalisez un premier versement, même symbolique. Cela enclenche l’horloge fiscale. Un PEA ouvert à 18 ans pourra bénéficier de la fiscalité avantageuse dès 23 ans. Attention, l’ouverture seule ne suffit : un versement est indispensable pour activer l’antériorité fiscale.
Le compte-titres : souplesse, mais pas d’avantage fiscal
Le CTO, lui, ne donne droit à aucun avantage fiscal spécifique. Chaque année, les revenus (dividendes, coupons) et plus-values sont imposés comme suit :
- Soit au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % ;
- Soit, sur option, au barème progressif de l’impôt sur le revenu, avec un abattement pour durée de détention (50 % après 2 ans, 65 % après 8 ans)
Ce régime est donc plus souple, mais moins avantageux sur le long terme.
À SAVOIR
Les moins-values peuvent être imputées sur les gains de la même année, ou des dix années suivantes. Cela permet de réduire l’impôt dû sur vos plus-values, que ce soit au PFU ou à l’impôt sur le revenu.
Gestion active ou passive : quel support choisir ?
Selon votre style d’investissement – actif ou plutôt attentiste – l’un des deux dispositifs peut mieux correspondre à votre profil. En soi, ces enveloppes ne sont pas vraiment des « styles de gestion », mais leurs caractéristiques peuvent orienter votre stratégie.
Le PEA : plutôt pour du long terme
Là encore, le cap des 5 ans est central. Les contraintes de retrait et la limitation aux titres européens poussent à une stratégie régulière et peu interventionniste, typique d’une gestion passive.
Cela dit, rien ne vous empêche d’adopter une approche plus dynamique à l’intérieur du PEA ! À condition, bien entendu, d’avoir dépassé les cinq ans pour ne pas compromettre son avantage fiscal.
Le CTO : pour les investisseurs actifs (mais pas que)
À l’inverse, le CTO offre une liberté totale. Il se prête bien à une gestion active, avec des arbitrages fréquents et des opportunités de court terme. Mais il convient aussi à une stratégie passive, notamment via les ETF. Il est donc plus flexible, quelle que soit votre approche.
Peut-on cumuler un PEA et un compte-titres ?
Oui, il est tout à fait possible – et même recommandé – de cumuler un PEA et un CTO. Ces deux enveloppes sont complémentaires et peuvent être utilisées conjointement, sans aucune restriction légale.
PEA ou compte-titres : et pourquoi pas les deux ?
Finalement, pourquoi choisir ? Cumuler PEA et CTO constitue souvent la meilleure stratégie. Le PEA peut accueillir vos placements de long terme, tandis que le CTO vous permet de saisir des opportunités plus ponctuelles ou géographiquement plus variées.
Le CTO est aussi indispensable pour accéder à certains ETF non éligibles au PEA, pourtant très intéressants pour dynamiser un portefeuille. En effet, si les ETF les plus classiques (ex. : ETF Monde) sont accessibles via un PEA, ce n’est pas le cas de certains fonds sectoriels (défense, matières premières, biotechnologies…) ou aurifères (liés à l’or).
À NOTER
Rappelez-vous qu’en Bourse, il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Ce vieil adage devrait figurer en fond d’écran de tout investisseur avisé. Diversifiez vos actifs, mais aussi vos supports : PEA, CTO, assurance-vie, livrets réglementés, etc.
PEA ou CTO : le tableau comparatif
Voici pour terminer un comparatif synthétique pour visualiser rapidement les principales différences entre les deux dispositifs :
En conclusion, entre le PEA et le compte-titres, il n’y a pas de choix absolu. Tout dépend de votre horizon de placement, de votre appétence au risque et de votre style de gestion. Le PEA s’impose comme un outil redoutablement efficace pour construire une épargne à long terme dans un cadre fiscal optimisé. Le compte-titres, lui, offre une flexibilité totale et un univers d’investissement sans frontières.
En combinant les deux, vous vous donnez les moyens d’exploiter le meilleur de chaque dispositif. Car en Bourse comme ailleurs, mieux vaut ne pas se limiter à une seule option quand plusieurs solutions peuvent coexister intelligemment.
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