- Labels finance durable : de quoi parle-t-on ?
- ISR, Finansol, Greenfin : les trois grands labels
- Label ISR (Investissement Socialement Responsable)
- Label Finansol
- Label Greenfin
- Ces labels verts sont-ils au-dessus de toute critique ?
- Le grand chamboulement du label ISR
- Comment investir dans l’ISR, Finansol ou Greenfin ?
- Bilan : faut-il faire confiance aux labels ?
ISR, Greenfin, Finansol : zoom sur les grands labels de la finance responsable
Que vous vous intéressiez à la finance responsable ou pas, vous avez peut-être déjà entendu parler des termes ISR, Finansol ou encore Greenfin. Ces appellations correspondent aux rois grands labels qui régissent aujourd’hui la finance responsable en France. Que désignent-ils ? Permettent-ils vraiment de donner du sens à votre argent et surtout, sont-ils aussi vertueux qu’ils le promettent ? Entre promesse et réalité, il peut parfois y avoir des dissonances.
Sommaire :
Labels finance durable : de quoi parle-t-on ?
Investir, c’est souvent chercher de la performance. Mais de plus en plus d’épargnants veulent aussi donner du sens à leurs placements. La finance durable (verte, ou responsable) s’appuie donc sur un principe simple : votre argent peut travailler pour vous… tout en participant à des enjeux collectifs comme la lutte contre le réchauffement climatique, la justice sociale ou le développement local.
Les labels sont nés pour répondre à une question clé : comment distinguer un produit financier classique d’un produit qui intègre réellement des critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance (les fameux critères ESG) ?
C’est effectivement un point majeur car tout l’enjeu est de savoir comment « flécher » votre argent quand vous souhaitez investir.
ISR, Finansol, Greenfin : les trois grands labels
En France, trois labels font référence. Chacun a sa philosophie, son histoire et ses critères.
Label ISR (Investissement Socialement Responsable)
Commençons par le plus connu des trois : le label ISR. Créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances, le label ISR est aujourd’hui celui qui propose le plus de fonds. Il vise à mettre en avant les fonds qui intègrent des critères ESG dans leur gestion.
Concrètement, pour obtenir ce label, un fonds doit :
- Analyser les entreprises non seulement sur leurs résultats financiers, mais aussi sur des critères environnementaux (empreinte carbone, gestion des ressources), sociaux (conditions de travail, égalité hommes-femmes), et de gouvernance (transparence, indépendance des conseils d’administration).
- Appliquer cette grille de lecture de manière systématique à son portefeuille d’investissement.
L’audit de labellisation des fonds est assuré par trois organismes accrédités par le COFRAC (organisme parapublic qui s’assure de la qualité des certificateurs). Il s’agit de Afnor Certification, Deloitte et EY France. L’attribution du label ISR est ensuite décidée en toute indépendance par l’organisme de certification, sur la base du rapport d’audit.
Aujourd’hui, le label ISR comprend près de 950 fonds et 173 sociétés de gestion. Il peut être attribué aussi bien à des fonds d’actifs mobiliers (actions, obligations) qu’à des fonds immobiliers (SCPI, OPCI).
Ce large spectre est une force, mais a aussi longtemps été considéré comme une faiblesse, car le label était jugé trop peu sélectif. C’est pourquoi il a été profondément revu en 2025 afin de devenir plus rigoureux. Nous y reviendrons plus tard.
Label Finansol
Créé en 1997 par l’association FAIR, le label Finansol est le doyen des labels français. Son ADN : l’épargne solidaire.
Il distingue les produits financiers qui financent directement ou indirectement :
- Des projets à forte utilité sociale : insertion professionnelle, logement social, entrepreneuriat dans les pays en développement.
- Des initiatives liées à l’économie sociale et solidaire (ESS).
Concrètement, une partie des sommes placées sur un produit labellisé Finansol est affectée à ces projets, ou bien une partie des revenus générés par le produit est reversée sous forme de dons.
C’est donc un label particulièrement adapté si vous souhaitez financer directement des projets concrets, porteurs d’un véritable impact social.
Différents types de produits peuvent obtenir la labellisation Finansol : livrets bancaires, comptes à terme ou comptes courants, mais aussi contrats d’assurance-vie, organismes de placement collectif (OPC), titres de dette (obligations, bons de trésorerie) ainsi que titres émis par des entreprises solidaires (parts de capital, parts sociales, titres participatifs).
À NOTER
Selon la 23ᵉ édition d’un sondage Finansol-La Croix, l’épargne salariale solidaire représentait 16,3 milliards d’euros d’encours en 2024, soit 8 % de l’épargne salariale française.
Label Greenfin
Créé en 2015 à l’occasion de la COP21 par le ministère de la Transition écologique, le label Greenfin (anciennement « Transition énergétique et écologique pour le climat ») est exclusivement dédié à la finance verte. Son objectif : garantir que les fonds labellisés financent des activités favorables à la transition écologique.
Il se distingue par une orientation 100 % environnementale, avec un accent fort sur la transparence des impacts.
L’attribution du label est réalisée par Novethic, EY France et Afnor Certification.
Contrairement au label ISR, qui a une portée généraliste, le Greenfin cible exclusivement les fonds investissant dans des éco-activités. Huit catégories sont éligibles :
- Énergie ;
- Bâtiment ;
- Gestion des déchets et contrôle de la pollution ;
- Industrie ;
- Transport propre ;
- Technologies de l’information et de la communication ;
- Agriculture et forêt ;
- Adaptation au changement climatique.
Néanmoins, certaines évolutions récentes suscitent débat. Par exemple, l’inclusion du nucléaire parmi les activités éligibles interroge une partie du public.
Ces labels verts sont-ils au-dessus de toute critique ?
Quand on cherche à donner du sens à son argent, la première question qui se pose est : est-il réellement bien utilisé ? Les labels sont censés garantir la vertu des fonds qu’ils distinguent, mais certains faits ont parfois jeté le doute sur leur crédibilité. Dans certains cas, ils ont même été accusés de favoriser le greenwashing, autrement dit de véhiculer une image plus écologique ou responsable que la réalité ne l’est. Voici deux exemples.
Le grand chamboulement du label ISR
Le cas le plus frappant reste celui du label ISR. Jugé trop permissif depuis sa création en 2016, il a été profondément réformé en janvier 2025. L’objectif : imposer aux sociétés de gestion de resserrer leur offre afin de répondre à des critères beaucoup plus stricts.
Cette refonte s’explique notamment par plusieurs polémiques. L’affaire Orpea de 2022 - qui avait levé le voile sur des cas de malversations financières et de maltraitances dans des Ehpad appartenant au groupe - avait notamment fortement terni l’image du label. Orpea était pourtant régulièrement mis en avant comme un modèle de « responsabilité sociale et environnementale », et figurait dans de nombreux fonds ISR. De plus, une étude de la Banque de France publiée en 2023 montrait qu’un fonds labellisé ISR avait 47 % de risques d’être « moins vert » qu’un fonds non labellisé. Avant la réforme, TotalEnergies – pourtant très exposé aux énergies fossiles – apparaissait encore dans près de 20 % des fonds ISR, soit plus d’un sur cinq.
Depuis la refonte, les choses ont néanmoins évolué. Une étude du cabinet Epsor publiée en mars 2025 souligne que les promesses de « verdissement » semblent tenues : près d’un tiers des fonds jugés insuffisamment responsables ont perdu le label, et TotalEnergies n’apparaissait plus que dans un seul fonds fin 2024.
Greenfin : le nucléaire intègre le nouveau référentiel
Le label Greenfin a lui aussi suscité des débats. Début 2024, le ministère de la Transition écologique annonçait élargir son champ d’éligibilité en intégrant les activités liées à l’énergie nucléaire, reconnue comme participant à la décarbonation de la France aux côtés des énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien, géothermie, etc.).
Cette décision faisait suite au vote du Parlement européen en 2022, qui avait finalement classé le nucléaire comme énergie « de transition » nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Selon vos convictions, cette évolution peut toutefois entrer en contradiction avec vos attentes en matière de finance durable. En revanche, le secteur des combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz) reste bien exclu des critères Greenfin.
Finansol : une image globalement positive
Quant au label Finansol, il demeure à ce jour relativement épargné par les critiques. Considéré comme une référence en matière de finance solidaire, il jouit d’une image plus stable. Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit parfait : comme tous les labels, il peut présenter des limites et nécessiter des ajustements au fil du temps.
En définitive, aucun label n’est exempt de critiques. Les refontes régulières montrent qu’ils sont en constante évolution, mais aussi qu’ils restent perfectibles. Avant d’investir dans un fonds « vert », le plus sûr reste encore de demander à votre gestionnaire de préciser concrètement quelles activités seront financées par votre épargne.
Comment investir dans l’ISR, Finansol ou Greenfin ?
La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas besoin d’être un expert pour accéder à ces labels. Concrètement, plusieurs portes d’entrée existent :
- L’assurance-vie et les PER : beaucoup de contrats proposent désormais des unités de compte labellisées ISR, Greenfin ou Finansol. Depuis 2022, les assureurs doivent proposer au moins un fonds ISR, un fonds Greenfin et un fonds solidaire dans leurs contrats multisupports.
- Les livrets et produits bancaires solidaires : certains livrets, comme le LDDS, financent directement des projets estampillés Finansol. Depuis 2020 (décret n° 2020-659 du 30 mai 2020), vous pouvez également faire un don à une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS), sur une liste de 10 acteurs que votre banque doit obligatoirement vous proposer.
- Les plans d’épargne salariale ou retraite : de plus en plus d’entreprises offrent la possibilité d’orienter une partie de l’épargne des salariés vers des fonds responsables.
- Les SCPI vertes : la « pierre-papier » (SCPI, OPCI) peut aussi être labellisée ISR, Greenfin ou Finansol.
- Le PEA ou le compte-titres : vous pouvez acheter des actions d’entreprises que vous jugez vertueuses ou investir via des ETF ESG. Les ETF constituent une porte d’entrée intéressante pour investir dans un panier d’actions tout en diversifiant le risque. Attention toutefois : toutes les actions et ETF ne sont pas éligibles au PEA, mais celui-ci offre une fiscalité avantageuse après 5 ans de détention.
Bilan : faut-il faire confiance aux labels ?
Au final, les labels ISR, Greenfin et Finansol constituent aujourd’hui des repères utiles pour quiconque souhaite investir dans la finance responsable. Ils apportent de la lisibilité aux épargnants et contribuent à orienter l’épargne vers des projets porteurs de sens.
Certes, ils ne sont pas exempts de critiques : leur degré de sélectivité a parfois été contesté et certains scandales ont mis en lumière leurs limites. Toutefois, leurs évolutions récentes les ont rendus plus exigeants et mieux armés pour limiter le risque de greenwashing.
En pratique, le meilleur réflexe reste donc de comparer chaque fonds. Si vous gérez vous-même vos placements, prenez le temps de vérifier concrètement où est investi votre argent. Et si vous passez par un intermédiaire financier — banque, courtier en ligne, conseiller en gestion de patrimoine —, exigez des informations précises sur le fléchage de vos investissements.
Car au-delà du label, c’est bien la transparence qui demeure la clé pour s’assurer que votre épargne soutient réellement la transition écologique et sociale.