- Finance durable : définition
- ESG : le socle de la finance responsable
- Finance durable : quelle est son ampleur en France ?
- ISR, Greenfin, Finansol : quel label choisir ?
- Investir dans la finance verte sans sacrifier la rentabilité : mythe ou réalité ?
- Comment choisir un fonds d’investissement responsable ?
- ETF : la solution idéale pour investir dans la finance responsable ?
Finance durable : comment donner du sens à son argent avec l’investissement responsable ?
Il est tout à fait possible aujourd’hui de donner du sens à son argent en investissant dans des produits adaptés. Soutenir la transition énergétique, encourager des entreprises qui respectent leurs salariés, financer le logement social… Les solutions pour y parvenir ne manquent pas. Mais dans la jungle des dispositifs et des labels, il est parfois difficile de s’y retrouver et d’identifier où se cachent les meilleurs rendements.
Est-ce un choix qui condamne nécessairement à des performances plus faibles ? Ou au contraire, une manière de préparer l’avenir tout en protégeant son portefeuille ? Et surtout : comment concrètement investir dans la finance durable sans tomber dans le piège du greenwashing ? Tour d’horizon de la finance responsable en France et même au-delà.
Sommaire :
Finance durable : définition
Aussi appelée finance verte ou finance responsable, la finance durable désigne l’ensemble des pratiques d’investissement qui tiennent compte, en plus des critères financiers traditionnels, de critères dits « extra-financiers ». Ces critères sont regroupés sous l’acronyme ESG, pour Environnement, Social et Gouvernance.
ESG : le socle de la finance responsable
Voici en détails à quelles thématiques chaque critère fait référence :
- Environnement : il s’agit d’évaluer la manière dont une entreprise agit face aux enjeux climatiques et écologiques. Réduction des émissions de CO₂, efficacité énergétique, gestion des déchets, préservation des ressources en eau ou protection de la biodiversité… Autant de leviers qui permettent de mesurer sa contribution à la transition écologique.
- Social : ce pilier s’intéresse aux relations de l’entreprise avec ses salariés, ses clients et ses partenaires. Respect des droits humains, conditions de travail, santé et sécurité, diversité, égalité professionnelle ou encore dialogue social : ces indicateurs témoignent de l’engagement social d’une organisation.
- Gouvernance : ce volet analyse la façon dont une société est dirigée et contrôlée. Transparence sur la rémunération des dirigeants, lutte contre la corruption, indépendance et diversité des conseils d’administration ou encore protection des actionnaires minoritaires sont autant de points clés pour évaluer la solidité et l’éthique de la gouvernance.
En résumé, en orientant votre épargne vers la finance responsable, vous contribuez au financement d’entreprises et de projets qui cherchent à concilier rentabilité économique et impact positif pour la société et l’environnement.
Finance durable : quelle est son ampleur en France ?
Les chiffres mettent en lumière un décalage important entre l’intérêt affiché par les Français pour la finance responsable et la réalité des placements effectués. Selon un sondage IFOP réalisé en 2024 pour le Forum de la finance responsable, un Français sur deux affirme accorder de l’importance aux impacts sociaux et environnementaux dans ses choix de placements. Pourtant, seuls 10 % des épargnants déclarent avoir déjà investi dans un produit durable — un chiffre qui est par ailleurs en recul par rapport au pic de 2023 (13 %).
Plusieurs raisons expliquent ce décalage entre le souhait d’investir dans une finance plus vertueuse et ce qui est réalisé au final :
- Un manque de notoriété de ces produits encore mal connus du grand public ;
- Une incitation trop faible de la part des banques et conseillers financiers ;
- Une crédibilité parfois écornée, certains fonds labellisés ayant malgré tout des participations controversées (secteur pétrolier, scandales récents comme celui d’Orpea, et qui était pourtant présenté comme un des fers de lance de la mouvance ESG avant sa chute) ;
- La crainte d’une rentabilité moindre par rapport aux fonds classiques ;
- La complexité de l’offre et des labels, qui rend difficile la lisibilité de ce marché.
Justement, faisons le point sur les différents labels qui sont aussi au cœur de l’investissement durable en France
ISR, Greenfin, Finansol : quel label choisir ?
Si vous ne souhaitez pas investir directement dans des entreprises engagées, vous pouvez orienter votre épargne via des fonds labellisés. En France, trois labels principaux permettent d’identifier les placements réellement responsables.
Label ISR (Investissement Socialement Responsable)
Reconnu par l’État, il distingue les fonds intégrant les critères ESG dans leur stratégie d’investissement. Les sociétés de gestion doivent démontrer la rigueur de leur méthodologie et leur transparence. Depuis janvier 2025, un nouveau référentiel plus exigeant a été mis en place, excluant enfin les entreprises liées au charbon thermique ou aux énergies fossiles non conventionnelles.
Label Greenfin
Lancé en 2015 par le ministère de la Transition écologique, le label Greenfin certifie les fonds finançant exclusivement la transition énergétique et écologique (énergies renouvelables, mobilité durable, gestion des déchets, etc.). À la différence du label ISR, il exclut totalement les énergies fossiles et le nucléaire.
Label Finansol
Le label Finansol met en avant les produits d’épargne solidaire. Concrètement, une partie de votre argent finance directement des projets à forte utilité sociale (accès au logement, emploi, microcrédit), tandis que le reste est placé de façon classique mais responsable.
Cette diversité de labels offre davantage de choix, mais ajoute aussi de la complexité. Toujours selon le sondage IFOP pour le Forum de la finance responsable, 73 % des Français déclarent n’avoir jamais entendu parler d’un label garantissant une épargne durable. La notoriété progresse toutefois chez les plus jeunes : 32 % des moins de 35 ans affirment connaître au moins un label.
Investir dans la finance verte sans sacrifier la rentabilité : mythe ou réalité ?
Une question cruciale et bien légitime : choisir de donner du sens à votre épargne signifie-t-il qu’il faille renoncer à la performance ? Contrairement aux idées reçues, la finance responsable n’est pas synonyme de sacrifices financiers.
La plupart des études montrent même une légère surperformance des fonds ESG par rapport aux fonds classiques, notamment en période de crise économique. Mais il convient aussi d’apporter de la mesure dans cet argument, puisque certaines autres analyses concluent à une sous-performance marginale, mais l’écart reste très limité.
De plus, tout dépend ce que l’on entend par crise économique. Les périodes de réarmement, comme celle que connait l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine, sont par exemple très favorables aux valeurs du secteur de la défense, et beaucoup moins à celles ayant des objectifs ESG. Tout est donc question de mesure.
L’essentiel, à notre sens, est donc ailleurs : investir dans la finance durable, c’est surtout diversifier votre portefeuille en l’exposant à des secteurs d’avenir où la demande ne cessera de croître - énergies renouvelables, recyclage, hydrogène, photovoltaïque, mobilité propre, etc. Autant d’industries dynamiques, directement au cœur des grandes transitions mondiales.
Et si vous décidez de vous engager totalement dans cette voie, soyez rassuré : selon une vaste méta-analyse britannique regroupant des centaines d’études sur la finance responsable, près de 90 % des recherches concluent à l’absence de lien négatif entre critères ESG et performance financière. En d’autres termes, conjuguer impact positif et rentabilité est bel et bien possible.
Comment choisir un fonds d’investissement responsable ?
Bonne nouvelle : aujourd’hui, l’éventail des solutions est vaste et accessible à tous les profils d’épargnants. Que vous soyez plutôt prudent et attaché à la sécurité, ou au contraire prêt à prendre davantage de risques pour viser de meilleurs rendements, il existe des options adaptées.
Livret A, LDDS et LEP : la simplicité utile
Ces produits d’épargne réglementée affichent une rémunération modeste (notamment le Livret A et le LDDS), mais l’argent collecté n’est pas inactif. Il est en partie géré par la Caisse des dépôts et consignations et par les banques, pour financer notamment le logement social, la transition énergétique et l’économie sociale et solidaire.
Avec le LDDS, vous avez même la possibilité, chaque année, de faire un don directement depuis votre épargne à une entreprise de l’économie sociale et solidaire, en choisissant parmi une liste que votre banque met à votre disposition.
L’assurance-vie multisupport : l’enveloppe incontournable
Plébiscitée par les Français, l’assurance-vie reste l’un des placements les plus flexibles pour orienter votre épargne vers des supports responsables.
- Vous pouvez y loger des unités de compte investies dans des fonds labellisés ISR, Greenfin ou Finansol.
- Certaines compagnies proposent désormais des contrats où 100 % des supports éligibles respectent des critères ESG : vous pouvez en faire la demande à l’ouverture ou en cours de vie du contrat. Depuis 2022, les assureurs doivent par ailleurs proposer au moins un fonds ISR, un fonds Greenfin et un fonds solidaire dans leurs contrats multisupports.
- Enfin, l’assurance-vie permet aussi d’accéder à des ETF (trackers) ESG, qui suivent des indices responsables ou des thématiques liées à la transition énergétique.
PEA et CTO : investir en actions responsables
Le PEA (Plan d’Épargne en Actions) et le compte-titres ordinaire (CTO) constituent deux autres enveloppes idéales pour investir directement en actions ou via des fonds.
- Le PEA, fiscalement avantageux au-delà de 5 ans de détention, permet d’acheter des actions européennes, mais aussi des OPCVM et ETF éligibles intégrant des critères ESG.
- Le CTO, plus souple, donne accès à une gamme plus large de fonds et d’ETF internationaux, dont de nombreux produits thématiques liés à la finance durable (énergies renouvelables, mobilité verte, économie circulaire, etc.).
En combinant PEA et CTO, vous pouvez bâtir un portefeuille diversifié et responsable, avec une fiscalité optimisée sur le PEA et une grande liberté via le CTO.
SCPI et OPCI ISR : l’immobilier responsable
Si vous privilégiez la pierre, sachez qu’il existe des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) et des OPCI labellisés ISR. Ils orientent leurs investissements vers des immeubles économes en énergie, bien situés, rénovés ou à usage durable (bureaux éco-conçus, logements sociaux, résidences étudiantes à faible impact carbone).
Les obligations vertes (Green Bonds)
Ces titres de dette émis par des États, des collectivités ou des entreprises servent exclusivement à financer des projets de transition écologique : réseaux de transport décarbonés, développement des énergies renouvelables, gestion durable de l’eau, etc.
En échange, vous percevez des intérêts, comme pour une obligation classique. Vous pouvez acheter des green bonds via votre banque, un courtier en ligne ou au travers de fonds d’investissement spécialisés.
L’investissement en direct : un engagement maximal
Enfin, si vous souhaitez avoir un impact encore plus concret, vous pouvez investir directement dans des entreprises ou coopératives engagées : start-up de la greentech, PME locales actives dans l’économie circulaire, projets coopératifs.
C’est une démarche plus risquée, car moins diversifiée qu’un fonds ou un ETF, mais elle peut s’avérer très gratifiante : vous voyez directement où va votre argent et quels projets il contribue à faire grandir.
ETF : la solution idéale pour investir dans la finance responsable ?
Les ETF (trackers) représentent un excellent moyen d’investir dans la finance durable. Avec un seul produit, vous accédez à un panier diversifié d’entreprises qui intègrent des pratiques responsables : réduction de l’empreinte carbone, transition énergétique, respect des critères sociaux ou encore gouvernance transparente.
Autre atout : de nombreux ETF responsables sont éligibles au PEA, ce qui permet d’investir en Bourse tout en bénéficiant, au bout de 5 ans, d’une fiscalité avantageuse.
Voici quelques exemples d’ETF ESG parmi les plus connus :
Dénomination |
Code ISIN |
Frais de |
Eligibilité au PEA |
Amundi PEA S&P 500 |
FR0013412285
|
0,25% |
Oui |
iShares MSCI World SRI UCITS ETF |
IE00BYX2JD69 |
0,20% |
Non |
Amundi MSCI World SRI UCITS ETF DR |
IE000Y77LGG9 |
0,18% |
Non |
Amundi MSCI EMU |
LU0908501058 |
0,12% |
Oui |
Amundi PEA US Tech |
FR0013412269 |
0,30%
|
Oui |
Bien entendu, il en existe beaucoup d’autres. Une recherche rapide avec les mots-clés « ETF ESG » sur Internet vous permettra d’explorer l’ensemble de l’offre disponible et de comparer en détail leurs caractéristiques.