Casse-tête Retraite | Épisode 3 - Assurance vieillesse volontaire : de quoi parle-t-on ?

Actuellement, vous ne cotisez pas ou plus pour votre retraite et ça vous inquiète ? Bonne nouvelle, vous n’êtes pas seul et des solutions existent. Parmi elles se trouve l’assurance vieillesse volontaire, un dispositif souvent méconnu qui peut vous permettre de cotiser volontairement à la retraite pour valider des trimestres et continuer à sécuriser votre avenir.
C’est le sujet de l’épisode d’aujourd’hui et pour en parler, on reçoit Angélique Perroux, présidente du groupe Uminii (Factorielles, QualiRetraite, Carnet de Retraite) qui accompagne au quotidien les professionnels et les particuliers à naviguer dans les sujets de la protection sociale.
Qu’est-ce que l’assurance vieillesse volontaire ?
C’est un dispositif particulièrement méconnu, alors qu’il offre une véritable sécurité pour la retraite. L’assurance vieillesse volontaire permet en effet à toute personne qui n’a pas - ou plus - la possibilité de cotiser au régime obligatoire, de continuer à le faire volontairement. Ce dispositif peut être intéressant pour :
- Les demandeurs d’emploi qui ne sont plus indemnisés,
- Les expatriés,
- Les indépendants ayant cessé leur activité, transmis leur entreprise ou en reconversion,
- Les aidants familiaux,
- Mais aussi toutes les personnes dont l’activité génère très peu de cotisations, voire pas du tout, comme les stagiaires non rémunérés.
Il s’agit donc de personnes qui chaque mois, vont décider de cotiser un peu plus pour leur retraite ?
Pas exactement. Il ne s’agit pas de « cotiser un peu plus », mais bien de cotiser tout court. Ce dispositif concerne des personnes qui ne cotisent pas - ou plus - au régime obligatoire, et qui décident de s’y affilier (ou de s’y réaffilier).
Une fois affiliées, elles cotisent trimestriellement sur la base d’un revenu forfaitaire qu’elles ne choisissent pas elles-mêmes. Ce revenu forfaitaire dépend :
- Soit de leur catégorie (par exemple, les aidants familiaux),
- Soit de leur dernier revenu ayant donné lieu à cotisation.
Ce dernier revenu sert alors de référence pour fixer une assiette forfaitaire. Les cotisations versées permettent non seulement de valider des trimestres, mais aussi de créer un revenu fictif pris en compte dans le calcul des meilleures années, un paramètre essentiel pour optimiser le montant final de la retraite.
Concrètement, ça représente quel coût et ça peut durer combien de temps ?
En 2025, cotiser pour une année complète (soit 4 trimestres) coûte entre 2 100 € et 8 300 €. Lorsqu’on s’affilie volontairement, on peut librement choisir la durée de cette affiliation.
Certains y ont recours ponctuellement, juste avant le départ en retraite. C’est le cas, par exemple, d’indépendants qui viennent de transmettre leur entreprise et à qui il manque un ou deux trimestres : ils utilisent alors l’assurance vieillesse volontaire pour valider les derniers trimestres manquants.
D’autres profils sont beaucoup plus jeunes. Par exemple, les parents au foyer peuvent y avoir droit lorsqu’ils interrompent leur carrière pour s’occuper de leurs enfants, sans bénéficier d’un congé parental rattaché à un employeur. Dans ces situations, ils ne cotisent plus et peuvent choisir de s’affilier volontairement, parfois pour des durées bien plus longues.
C’est quoi la différence entre l’assurance vieillesse volontaire et le rachat de trimestres ?
Il existe une distinction fondamentale entre ces deux dispositifs.
Le rachat de trimestres sert à corriger le passé : il permet de compenser des périodes au cours desquelles on n’a pas suffisamment cotisé. On ne peut racheter que des trimestres déjà écoulés, jamais ceux à venir.
À l’inverse, l’assurance vieillesse volontaire s’inscrit dans une logique prospective : elle permet de cotiser pour l’année en cours et, si on le souhaite, pour les années futures. On ne corrige pas un manque passé, on anticipe un manque à venir.
Ce sont donc deux dynamiques différentes. Mais, dans les deux cas, l’objectif est potentiellement le même : valider des trimestres, un enjeu majeur puisque le nombre de trimestres détermine le taux de la pension.
Écoutez notre épisode dédié au rachat de trimestres
À LIRE :
Quand vaut-il mieux recourir au rachat de trimestres, ou à l’inverse, à l’assurance vieillesse volontaire ?
Lorsqu’il manque quelques trimestres à l’approche de la retraite, deux situations se présentent :
- On sait qu’on ne cotisera pas ou plus dans les années à venir → l’assurance vieillesse volontaire peut être la solution.
- On sait qu’on n’a pas assez cotisé par le passé → deux options :
- Racheter des trimestres pour corriger les années manquantes,
- Ou, si cela fait sens financièrement, cotiser volontairement pour les années à venir.
Les deux dispositifs sont donc complémentaires et peuvent constituer des leviers précieux pour optimiser sa retraite.
Quel est le plus intéressant ?
Il n’existe pas de réponse universelle : tout dépend de la situation de chacun.
Le coût d’un rachat de trimestres varie selon de nombreux paramètres : l’âge, les revenus, le type de rachat, le régime concerné… Les écarts peuvent être considérables :
- Un trimestre peut coûter moins de 500 €,
- Mais dans certains cas dépasser 5 000 €.
Selon les profils, la cotisation volontaire peut donc être plus avantageuse… ou non.
De même, l’assurance vieillesse volontaire comporte plusieurs catégories (chômeurs, expatriés, anciens indépendants…) avec des assiettes de cotisation et des coûts différents.
Il est essentiel de comparer finement ces deux leviers - rachat de trimestres et assurance vieillesse volontaire - pour identifier le meilleur rapport coût / bénéfice.
C’est un véritable choix stratégique, et un outil puissant pour optimiser sa retraite lorsqu’il est bien utilisé.
Dans un sens, est-ce que l’assurance vieillesse volontaire s’apparente à une retraite par capitalisation ?
On peut être tenté de faire le rapprochement, mais la comparaison a ses limites.
Avec l’assurance vieillesse volontaire, on verse effectivement une somme de manière individuelle, dans l’idée d’améliorer sa future retraite. Mais cet argent est versé au régime obligatoire, qui reste un régime par répartition, et non par capitalisation. Il ne s’agit donc pas de constituer un capital personnel : les cotisations alimentent le système général, mais permettent en retour d’augmenter ses propres droits, notamment pour éviter une décote.
L’objectif principal n’est pas de se constituer une épargne, mais de valider des trimestres supplémentaires afin de se rapprocher du taux plein. D’ailleurs, personne ne s’affilie à l’assurance volontaire si son compteur de trimestres est déjà complet.
Le taux plein est souvent considéré comme le « graal », mais il ne faut pas le viser sans analyse. La décote applique une minoration définitive sur la retraite lorsqu’il manque des trimestres. La question clé est donc :
- Cette décote représente-t-elle réellement une pénalité importante dans mon cas ?
- Combien coûterait l’assurance volontaire pour obtenir les trimestres manquants ?
- Et de combien cela augmenterait-il ma pension ?
Autrement dit, il faut comparer : coût des cotisations volontaires vs gain réel sur la retraite, pour être sûr d’avoir le bon retour sur investissement.
Est-ce que placer son argent n’est pas plus avantageux ?
La question est légitime : plutôt que de cotiser volontairement au régime obligatoire, ne vaudrait-il pas mieux investir cette somme dans un placement par capitalisation ? Pour y répondre, il faut comparer les rendements potentiels des deux options.
D’un côté, l’assurance vieillesse volontaire :
- Combien vais-je verser ? Pendant combien de temps ?
- De combien ma pension augmentera en conséquence ?
De l’autre, un placement financier :
- Quel rendement puis-je espérer à terme ?
- Pour un niveau de risque donné ?
Dans les deux cas, il existe des aléas.
Les régimes obligatoires évoluent régulièrement. Plus on est jeune, plus on est exposé à des changements de législation, ce qui peut influencer la rentabilité future d’une cotisation volontaire.
De leur côté, les placements financiers dépendent des marchés. Avec un même profil de risque et les mêmes supports d’investissement, le rendement attendu sera globalement similaire d’une personne à l’autre, mais il reste soumis aux variations économiques.
Pour quels profils l’assurance vieillesse volontaire peut-elle être intéressante ?
Plusieurs catégories de personnes peuvent tirer un réel bénéfice de l’assurance vieillesse volontaire. Parmi les profils les plus concernés :
- Les indépendants ayant transmis leur entreprise avant la retraite. Certains indépendants cèdent leur activité quelques années avant leur départ en retraite.
Ils disposent d’un prix de cession satisfaisant, mais ne peuvent plus cotiser une fois l’entreprise transmise. Ils se retrouvent alors avec quelques trimestres manquants pour atteindre le taux plein. Dans ce type de situation, l’assurance vieillesse volontaire est particulièrement adaptée car elle permet de compléter facilement les trimestres restants, pour un coût souvent inférieur à celui d’un rachat de trimestres pour corriger des périodes anciennes. - Les aidants familiaux. Les personnes qui accompagnent un proche en situation de handicap ou d’invalidité et qui répondent aux critères d’aidant familial peuvent également bénéficier de la cotisation volontaire. Pour ces personnes souvent confrontées à des périodes réduites ou sans activité professionnelle, l’assurance vieillesse volontaire peut venir compléter d’autres mécanismes de solidarité existants et leur permettre de continuer à valider des droits.
- Les expatriés. Lors d’une expatriation, certains cessent de cotiser au régime obligatoire français. L’assurance vieillesse volontaire permet alors de maintenir une continuité dans leurs droits à la retraite, soit pendant l’expatriation, soit au moment du retour. Dans certains cas, le coût peut être réduit, voire partagé avec l’entreprise qui organise la mobilité internationale.
- Les parents au foyer. Lorsqu’une personne met sa carrière en pause pour élever ses enfants et que l’inactivité s’étire, l’assurance vieillesse volontaire peut aider à éviter un décrochage des droits, en validant des trimestres pendant les années consacrées à la famille. C’est même l’un des rares dispositifs, à l’exception du rachat de trimestres pour enfant, qui vient compenser cette situation.
Oui, parce que dans ces cas-là, les trimestres d’éducation ne suffisent pas ?
Exactement. Selon le régime auquel on est affilié, les trimestres d’éducation peuvent aller de 2 à 8 trimestres par enfant. Mais lorsque l’on met sa carrière entre parenthèses pour élever ses enfants bien au-delà de deux années, ces trimestres d’éducation ne couvrent pas toujours l’ensemble de la période d’inactivité. D’où l’intérêt potentiel de l’assurance vieillesse volontaire.
Souhaites-tu ajouter quelque chose concernant l’assurance vieillesse volontaire ?
Notre système de protection sociale repose sur de nombreux mécanismes de solidarité, y compris pour la retraite. La plupart des gens connaissent bien les trimestres acquis grâce au travail. En revanche, ils ignorent souvent l’existence des droits obtenus dans d’autres situations :
- Trimestres au titre des enfants,
- Périodes de chômage,
- Périodes de maladie ou d’invalidité,
- Temps consacré à l’éducation d’un enfant ou à l’accompagnement d’un proche en difficulté, selon les cas.
Ces dispositifs permettent de valoriser les aléas de la vie et les interruptions professionnelles qu’ils entraînent.
Dans ce contexte, l’assurance vieillesse volontaire constitue un filet de sécurité supplémentaire : elle permet d’acquérir des trimestres lorsque l’on ne cotise pas. C’est un mécanisme payant, certes, mais qui peut s’avérer déterminant pour compléter une carrière.
Cela présuppose néanmoins de vérifier en amont si l’on n’est pas éligible à un mécanisme de solidarité. Il serait en effet dommage de payer des cotisations volontaires si un mécanisme de sécurité peut déjà couvrir la période concernée.
Quelle est la marche à suivre pour les personnes intéressées par l’assurance vieillesse volontaire ?
La première étape consiste à faire un état des lieux complet de ses trimestres.
Il faut vérifier :
- Les trimestres déjà cotisés au cours de sa carrière,
- Mais aussi ceux auxquels on peut prétendre grâce aux mécanismes de solidarité : situations familiales, périodes de maladie, de chômage, d’invalidité, rôle d’aidant, etc.
Autrement dit, il faut s’assurer d’avoir identifié tous les droits gratuits potentiels liés à son parcours professionnel, personnel et de santé. Cette étape est essentielle, car elle conditionne la pertinence d’un recours à l’assurance vieillesse volontaire.
Une fois ce bilan établi, on peut engager la démarche auprès de l’organisme compétent :
- L’Assurance retraite, pour les salariés, anciens salariés, indépendants et artisans/commerçants.
- La Caisse des Français de l’Étranger (CFE), pour les personnes expatriées qui souhaitent éviter une perte de trimestres durant leur séjour à l’étranger.
À partir de quel âge doit-on faire cette vérification ?
On peut consulter son relevé de carrière à tout âge : il est disponible à tout moment et compile les droits acquis dans l’ensemble des régimes. En revanche, il faut attendre 55 ans pour pouvoir demander officiellement une régularisation de ses droits auprès de sa caisse.
Cela n’empêche pas, bien sûr, de vérifier - ou de faire vérifier - sa carrière bien avant cet âge, notamment par un organisme indépendant compétent, afin d’anticiper au mieux ses choix.