VIDÉO « Casse-tête Retraite » : comprendre les règles du jeu de la retraite
Dans cette vidéo inaugurale du podcast Casse-tête Retraite, notre journaliste Athina Gendry reçoit Simon Mariel, expert retraite chez QualiRetraite. Ensemble, ils posent les bases : à quel âge partir, comment se calcule une pension, ce que valent vraiment les « 172 trimestres », ce que recouvrent décote et surcote, et comment lire (et sécuriser) son relevé de carrière. Prêts à comprendre les règles du jeu et prendre de meilleures décisions, quel que soit votre âge ou votre parcours ? Suivez le guide !
La retraite, de quoi parle‑t‑on vraiment ?
La retraite n’est pas un choix optionnel : c’est un système auquel on cotise dès lors qu’on exerce une activité rémunérée soumise à cotisations. Tous les ans, pendant votre vie professionnelle, vous versez des cotisations à un ou plusieurs organismes. Au moment du départ, ces organismes reversent une rente viagère, calculée selon leurs propres règles, versée à vie. C’est ce qu’on appelle la pension de retraite.
Techniquement, il n’existe pas « une » retraite, mais des retraites :
- Retraites de base (par exemple l’Assurance retraite pour les salariés et les artisans-commerçants) ;
- Régimes complémentaires, souvent par points ;
- Régimes spéciaux (fonction publique, professions avec statuts spécifiques, etc.).
Chaque régime a ses propres règles de calcul et ses critères d’ouverture des droits. Une carrière « mixte » (salarié + fonction publique + indépendant, par exemple) peut donc ouvrir plusieurs pensions à des âges différents, non forcément simultanés.
À NOTER
Au fil d’une vie, on peut dépendre de 4 à 6 caisses en moyenne, parfois 8 à 10. Autant de montants à vérifier au moment du départ.
À LIRE :
Âge légal, carrières longues, invalidité… Quand peut-on partir ?
Depuis la dernière réforme des retraites, nous avons tous l’âge de 64 ans en tête, mais cet âge n’est pas « universel ». L’âge d’ouverture des droits dépend :
- de votre année de naissance ;
- de votre carrière (statuts, régimes, périodes assimilées) ;
- d’éventuels dispositifs dérogatoires.
Le cadre général
- 64 ans : âge légal « de référence » pour beaucoup, mais des dérogations existent.
- Carrière longue : si vous avez commencé à travailler tôt, vous pouvez partir plus tôt – à un âge précis qui dépend de votre génération et du nombre de trimestres cotisés (la nature des trimestres est déterminante : tous ne « comptent » pas de la même façon pour la carrière longue).
- Départs anticipés pour incapacité/invalidité, catégories actives dans la fonction publique, etc. : autant de règles propres à chaque caisse.
Multi‑caisses : plusieurs âges possibles
Une personne qui a été salariée, puis fonctionnaire, puis libérale peut liquider à des dates différentes selon les caisses. Le dispositif « carrière longue » est commun aux régimes de base, mais pas nécessairement aux complémentaires. Vous pouvez donc percevoir la retraite A (de base) avant la retraite B (complémentaire), selon leurs règles.
Retraite de base vs retraite complémentaire : quelles différences ?
Pour les salariés et artisans-commerçants, la retraite de base (CNAV) est calculée sur les 25 meilleures années. Voici la formule de calcul :
Revenu annuel moyen (RAM) sur 25 meilleures années × taux de liquidation × (durée d’assurance dans la caisse / durée d’assurance requise par la génération)
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Mais chaque élément de la formule a ses propres définitions :
- 25 meilleures années : on ne retient pas tous vos revenus bruts réels ; ils sont plafonnés chaque année au Plafond de la Sécurité sociale (PASS), puis revalorisés. Exemple : un salaire de 60 000 € en 2025 ne comptera que jusqu’à 47 100 € si l’année est complète.
- Taux : le taux sera établi en tenant compte des trimestres acquis dans les autres régimes
- Durée d’assurance dans la caisse : intègre tous les trimestres validés au sein de ce régime dans la limite de 4 trimestres par année civile (règle de superposition).
La retraite complémentaire, elle, a ses propres règles, souvent par points : vos cotisations achètent des points, transformés en pension via une valeur de service. Les mécanismes de décote/surcote y diffèrent de la base.
Les « 172 trimestres » : ce que ça veut dire (vraiment)
Le nombre de trimestres requis pour le taux plein dépend de votre génération. On parle souvent de 172 trimestres (43 ans). Important :
- On additionne les trimestres tous régimes confondus (base de différents régimes), tout en tenant compte de la règle de superposition ;
- Il n’est pas possible de valider plus de 4 trimestres par an (même si vous avez plusieurs statuts) ;
- Bonifications et majorations de durée d’assurance (enfants, pénibilité, enfant handicapé…) peuvent s’ajouter, pour atteindre ou dépasser ces fameux 172 trimestres.
Trimestres cotisés vs assimilés vs équivalents
On distingue trois grandes catégories de trimestres.
Les trimestres cotisés correspondent à ceux acquis grâce à une activité rémunérée et soumise à cotisations, par exemple un salaire ou une rémunération de gérance.
À côté de cela, il existe les trimestres assimilés, qui couvrent des périodes dites d’interruption de vie : le chômage indemnisé ou non indemnisé, la maladie, l’invalidité. Ils sont validés en fonction d’une durée précise de perception (par exemple cinquante jours de chômage ouvrent droit à un trimestre, soixante jours de maladie à un trimestre).
Enfin, on parle de trimestres équivalents, notamment pour les périodes travaillées à l’étranger, dans le cadre de carrières européennes ou internationales. Ces trimestres sont uniquement pris en compte pour le calcul du taux de liquidation.
Attention aux idées reçues : « 1 trimestre = 3 mois »
C’est un peu contre-intuitif, mais en matière de calcul de retraite, il n’est pas nécessaire pour un salarié de travailler 3 mois pour valider 1 trimestre. En effet, le trimestre est validé par le montant de rémunération soumise à cotisations, pas par la durée. Soit 150 x le SMIC horaire pour un trimestre. Avec une rémunération suffisante, 2 mois de travail peuvent donc suffire pour valider 4 trimestres… mais pas avec un seul bulletin de 1 mois. Le bulletin de paie est en effet soumis au plafond mensuel de la Sécurité sociale, qui ne permet pas de valider 4 trimestres en un seul coup. Au maximum, avec un seul bulletin de paie très élevé, vous ne pouvez valider que 2 trimestres.
EXEMPLE
Salarié à haut revenu concentré sur 1 mois
Vous touchez 20 000 € en un mois, puis rien le reste de l’année. Avec un seul bulletin de paie, le plafond mensuel de la Sécurité sociale limite la validation : vous pourrez au maximum valider 2 trimestres sur l’année.
Moralité : un gros pic ne remplace pas 2 mois de rémunération plus « étalée ».
Pour un indépendant, la validation se fait sur la rémunération annuelle, via un seuil indexé sur le SMIC horaire, comme pour les salariés : 150× SMIC horaire pour 1 trimestre.
EXEMPLE
Avec un SMIC horaire de 11,88 € au 1ᵉʳ janvier 2025, 1 trimestre = 1 782 € de rémunération soumise à cotisations (pas d’arrondi : 1 781 € = 0 trimestre). Quatre trimestres sont validables si, sur l’année, le revenu dépasse 7128 €, même si l’activité est saisonnière.
Enfin, si vous travaillez à temps partiel, le salaire et le plafond sont proratisés (ce qui signifie que si vous travaillez à 50 %, il faudra possiblement plus de mois pour valider 4 trimestres). Sachant que certains régimes fonctionnent différemment, avec par exemple un fonctionnement en jour (c’est le cas du régime des fonctionnaires).
Trimestres « enfants » : qui a droit à quoi ?
Pour un salarié, la règle générale prévoit l’attribution de 8 trimestres par enfant :
- 4 trimestres maternité automatiquement accordés à la mère ;
- 4 trimestres éducation partageables entre les deux parents, dont au moins 2 qui restent attribués à la mère.
ATTENTION
Pour les enfants nés après 2010, le père peut demander 2 trimestres au titre de l’éducation dans une fenêtre courte : entre 4 ans et 4 ans et demi de l’enfant.
Il existe aussi des trimestres d’adoption. Les règles varient selon les statuts et ont évolué ; il faut vérifier au cas par cas.
Point subtil mais décisif : en changeant de régime compétent (ex. passer dans la fonction publique en fin de carrière), les règles d’attribution des trimestres pour enfants changent. On peut passer de 8 à 4 trimestres par enfant selon les cas : gros impact potentiel.
Chômage non indemnisé : s’inscrire peut tout changer
Être inscrit à France Travail (ex‑Pôle emploi), même sans indemnisation, peut, sous conditions, permettre de valider des trimestres au titre du chômage non indemnisé. À parcours égal, ne pas s’inscrire peut donc coûter des droits.
Taux plein, décote, surcote : comment ça marche ?
- Taux plein: obtenu soit en atteignant la durée d’assurance requise (ex. 172 trimestres), soit, dans certains régimes, à un âge donné (l’âge automatique du taux plein est de 67 ans pour un salarié). Certaines pensions (invalidité, incapacité…) peuvent être à taux plein d’office.
- Décote: si vous partez avant d’avoir la durée requise et hors cas d’attribution d’office, votre pension subit une minoration viagère. Le taux et la méthode de calcul de la décote varient selon les caisses : on voit des 0,625 %, 1 %, 1,25 % par trimestre manquant, etc. La décote peut être bornée par l’écart à 67 ans (décote « à l’âge ») : à 64 ans, l’écart est 12 trimestres ; elle ne peut pas dépasser cette borne, même s’il vous manque plus de trimestres.
- Surcote: retarder son départ au-delà du taux plein et de son âge légal peut majorer votre pension (selon les règles de la caisse).
Faut-il tout faire pour éviter d’avoir une décote ?
Cela se calcule. La décote n’a pas le même poids si votre pension est de 1 000 € ou de 5 000 €. Parfois, travailler un peu plus (ex. décaler de 2 mois pour faire entrer l’année dans les « 25 meilleures » ou supprimer 1 trimestre de décote) peut avoir un gros impact sur votre pension de retraite. D’autres fois, peu ou pas. La seule façon de le savoir, c’est de faire des simulations.
Ce qu’a changé la réforme des retraites de 2023
La dernière réforme des retraites a surtout permis de :
- Relever l’âge légal d’ouverture des droits (progressivité par bornes selon l’année de naissance, à partir de septembre 1961) ;
- Allonger la durée d’assurance pour tendre vers 172 trimestres ;
- Reconfigurer la carrière longue : désormais, on regarde les trimestres validés avant 16, 18, 20 ou 21 ans (afin de mieux prendre en compte les débuts de carrière variés) ;
- Intégrer de nouveaux trimestres assimilés dans la carrière longue (ex. apprentissage, sous conditions) ;
- Revoir les départs anticipés handicap ;
- Modifier le cumul emploi‑retraite (possibilité de nouveaux droits).
À RETENIR
Aucun parcours ne se ressemble. La réforme a tenté de mieux épouser cette diversité, mais cela complexifie les règles.
Lecture et sécurisation du relevé de carrière : la base
Votre pension de retraite se cristallise au moment de la liquidation. Vous recevez une notification de retraite avec le montant brut et parfois les éléments de calcul (durée, RAM, décote/surcote…). Vous avez en général 2 mois pour contester. Deux mois pour vérifier 43 années : c’est très court.
Anticiper est donc vital :
- Téléchargez régulièrement votre relevé de carrière et lisez‑le avec attention.
- Repérez ce qui saute aux yeux : une année avec moins de 4 trimestres alors que vous avez travaillé toute l’année, un début de carrière qui semble tardif, des points complémentaires qui varient sans raison évidente, des périodes manquantes (service militaire souvent absent, apprentissage non reporté, etc.).
- Conservez vos justificatifs : bulletins de salaire (oui, toute la vie), contrats d’apprentissage, attestations de chômage/maladie, états de service. En cas d’anomalie, ce sera à vous d’apporter la preuve.
- Demandez des corrections dès que possible : ce qui n’apparaît pas un jour peut réapparaître plus tard (migrations informatiques, etc.), mais ne comptez pas dessus au moment décisif.
Règle d’or : sécurisez d’abord le passé, projetez ensuite. Si votre base est fausse (ex. 10 années manquantes), toutes vos simulations le seront aussi.
Décider quand partir à la retraite : une méthode simple
- Vérifiez votre carrière : analysez le nombre de trimestres (par nature), les points complémentaires, les revenus retenus, les trimestres enfants et les périodes à l’étranger.
- Sécurisez : faites corriger ce qui cloche (avant de prendre des décisions).
- Définissez vos scénarios : « je pars à t », « je décale de 2–12 mois », « je vise carrière longue », « je cumule emploi‑retraite »…
- Évaluez l’impact : montant (base + complémentaire), décote/surcote, effets sur les 25 meilleures années, bornes à 67 ans, paliers de carrière longue, etc.
- Arbitrez : comparez gain/effort (ex. X € de pension vs Y mois supplémentaires). Parfois, 2 mois changent plus que 12.
Pourquoi l’anticipation paie (littéralement)
La retraite, c’est votre dernier bulletin de paie, à vie. Une erreur de 50 €/mois, c’est 600 €/an ; sur 20 ans, cela correspond à 12 000 € « perdus ». Vérifier, corriger, simuler : ce temps investi se rembourse.
La complexité est réelle : aucun « guichet unique » ne vous dira « dans votre cas, faites ceci ». C’est un puzzle de textes, décrets, circulaires, formules. Bonne nouvelle : en repérant quelques signaux simples (4 trimestres/an, anomalies évidentes, périodes manquantes) et en gardant vos preuves, vous reprenez la main.
« Casse-tête Retraite » : le podcast qui rend simples les règles du jeu de la retraite
Parce que comprendre les règles donne toutes les cartes pour choisir sa date de départ, maximiser ses droits et éviter les pièges. Notre podcast s’adresse :
- aux jeunes actifs qui veulent poser les bonnes bases (inscription en cas de chômage, apprentissage correctement reporté, archivage de bulletins) ;
- aux personnes en milieu de parcours qui souhaitent optimiser (25 meilleures années, changement de statut, mobilité internationale) ;
- à celles et ceux qui approchent du départ et doivent sécuriser (carrière longue, choix de date, décote/surcote, CER, contrôle de la notification).
Chaque épisode démystifie un volet : carrière longue, trimestres enfants, complémentaire par points, cumul emploi-retraite, apprentissage, expatriation, corrections de carrière, etc.
La retraite est un jeu obligatoire, aux règles multiples et changeantes. Autant maîtriser les règles pour en tirer le meilleur parti. Commencez par sécuriser votre passé, puis projetez des scénarios réalistes. Le but : partir au bon moment, avec le bon montant, et la tranquillité d’esprit que procure la compréhension.
Casse-tête Retraite est là pour ça. Abonnez-vous au podcast, partagez la vidéo inaugurale autour de vous, et gardez cet article en favori : ce sera votre guide fondateur pour préparer votre retraite.