Épargne de précaution : combien mettre de côté pour faire face aux imprévus ?

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CONCERNE : Agriculteur | Artisan-Commerçant | Micro-entrepreneur | Travailleur indépendant | Assimilé salarié | Etudiant | Fonctionnaire | Libéral | Retraité | Salarié | Sans activité

Aussi appelée « réserve d’argent », l’épargne de précaution est un indispensable pour l’épargnant avisé. Sa fonction est simple : sécuriser votre quotidien en cas de coup dur ou de dépense soudaine, sans avoir à contracter un crédit coûteux, ni à toucher à votre épargne de long terme.

Car tout le monde peut, tôt ou tard, avoir besoin de sortir de l’argent rapidement. Une nécessité évidente, mais dont la mise en place soulève toujours la même question : combien faut-il mettre de côté pour constituer ce fameux matelas financier ? Et sur quels dispositifs d’épargne s’appuyer ?

Comprendre l’épargne de précaution

La vie est pleine de surprises. Certaines sont agréables – comme l’envie soudaine de s’offrir des vacances –, et d’autres beaucoup moins. Les exemples ne manquent pas : une panne de voiture qui survient au pire moment, une chaudière à remplacer en plein hiver, une période de chômage inattendue ou encore un problème de santé générant des frais supplémentaires. Dans ces moments-là, disposer d’une réserve d’argent immédiatement mobilisable change tout. C’est ce que l’on appelle l’épargne de précaution, la réserve d’argent ou encore le fonds d’urgence.

Mais quel que soit le nom qu’on lui donne, son but reste le même : vous protéger face aux dépenses imprévues et urgentes. La question n’est donc pas de savoir si vous devez prévoir cette épargne, mais bien comment la mettre en place.

Autre élément important à prendre en compte : il ne faut pas confondre épargne de précaution et épargne pour vos projets. Là où la première est dédiée à financer des événements imprévus, la seconde servira plutôt à financer des projets à moyen ou long terme, comme un projet immobilier par exemple.

Épargne de précaution : choisir le bon support

Un filet de sécurité financier doit pouvoir être mobilisé à tout moment. C’est pourquoi l’épargne de précaution doit en priorité reposer sur trois dispositifs sécurisés et liquides :

  • Le Livret A : plafond de 22 950 €, intérêts défiscalisés, argent disponible immédiatement.
  • Le LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire) : plafond de 12 000 €, mêmes avantages fiscaux que le Livret A.
  • Le LEP (Livret d’Épargne Populaire) : plafond de 10 000 €, réservé aux ménages modestes, mais avec un taux d’intérêt toujours supérieur à celui du Livret A et du LDDS (donc une rémunération nettement plus attractive).

Ces livrets réglementés présentent l’avantage d’être sans risque et de permettre des retraits à tout moment. C’est pourquoi la majorité des épargnants les choisissent pour leur réserve de précaution.

À NOTER

Disposer de deux comptes, par exemple un Livret A et un LDDS, permet aussi de compartimenter votre épargne. Vous pouvez ainsi réserver l’un pour votre épargne de précaution et l’autre pour préparer un projet à plus long terme ou faire fructifier progressivement votre capital.

Assurance vie : une fausse bonne idée pour l’épargne de précaution

Qu’en est-il de l’assurance vie ? Commençons par tordre le cou à un préjugé tenace : oui, vous pouvez racheter partiellement (c’est-à-dire récupérer) une partie des sommes investies sur votre contrat sans le clôturer. Les fonds restent donc accessibles.

En revanche, il existe un point essentiel à garder à l’esprit : le cap des 8 ans.

  • En cas de rachat avant 8 ans, les intérêts et plus-values sont soumis à l’imposition, sans aucun abattement (Impôt sur le revenu ou PFU de 30%). Vous pouvez aussi opter pour l’intégration des plus-values à votre déclaration d’impôts sur le revenu. Le taux marginal d’imposition (TMI) s’applique alors.
  • Après 8 ans, un abattement fiscal annuel s’applique : 4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple marié. Pour éviter de payer des impôts, il est conseillé de ne pas retirer plus que ces montants.

Est-il donc intéressant de puiser dans son assurance vie pour des dépenses urgentes ? Pas vraiment. Si vous disposez d’un Livret A, d’un LDDS ou d’un LEP, ponctionnez l’argent nécessaire d’abord sur ces supports. D’autant plus qu’avec l’assurance vie, les délais de déblocage peuvent être longs : entre votre demande de rachat et le versement effectif, il peut s’écouler plusieurs jours. Légalement, l’assureur dispose même d’un mois maximum pour transférer les fonds.

À NOTER

Que ce soit sur des livrets réglementés ou sur une assurance vie, votre épargne de précaution ne doit en aucun cas rester sur votre compte courant. Sans rendement, elle s’érodera inévitablement à cause de l’inflation.

Épargne de précaution : combien mettre de côté ?

La plupart des experts financiers et conseillers en gestion de patrimoine s’accordent à dire qu’il est recommandé de constituer une réserve équivalente à trois à six mois de dépenses contraintes (abonnements téléphoniques, loyers, crédits, etc.), sans inclure les loisirs. Selon l’institut CSA, les familles françaises avaient en 2024 en moyenne 1 143 € de dépenses mensuelles contraintes. En prenant la fourchette haute de cette estimation, environ 6 850 € devraient ainsi être mis de côté.

Votre situation professionnelle joue aussi un rôle majeur. Si vous êtes salarié en CDI dans un secteur stable, trois mois de dépenses peuvent suffire. En revanche, si vous êtes travailleur indépendant ou avez des revenus irréguliers, mieux vaut viser 8 à 10 mois pour sécuriser vos arrières.

Automatisez vos efforts d’épargne

Beaucoup de personnes échouent à constituer une réserve parce qu’elles attendent de voir s’il « reste de l’argent » en fin de mois. Or, dans la réalité, cela arrive rarement : une dépense imprévue, une sortie, une envie de consommation… et il ne reste plus rien.

La meilleure méthode consiste donc à vous payer en premier. Concrètement, programmez un virement automatique vers votre livret dès la réception de votre salaire. Cette somme cessera d’être une tentation et deviendra rapidement un réflexe d’épargne.

EXEMPLE

Léon prend de bonnes résolutions et décide de mettre de côté 100 € chaque mois sur son LDDS. Au bout d’un an, il dispose déjà de 1 200 € (hors intérêts). En janvier de l’année suivante, sa chaudière à gaz tombe en panne en plein hiver. Impossible d’attendre son prochain salaire : il doit agir immédiatement. Grâce à son épargne, il peut puiser dans son LDDS et remplacer son équipement sans avoir recours à un crédit à la consommation.

Sachez quand arrêter… et diversifier ensuite

Une épargne de précaution n’a pas vocation à être gonflée indéfiniment. Son rôle est ailleurs : elle consiste à couvrir vos besoins en cas d’imprévu. Une fois votre objectif atteint – que ce soit 3, 6 ou 10 mois de dépenses – inutile d’accumuler davantage. À partir de ce seuil, votre coussin de sécurité peut être considéré comme suffisant.

D’autant plus que ces sommes sont généralement placées sur des supports très sécurisés, comme le Livret A ou le LDDS, et au rendement limité. Celui-ci compense à peine, voire tout juste, l’inflation. Autrement dit, au-delà de votre objectif initial, conserver trop d’argent sur ce type de produits revient à laisser dormir une partie de votre capital.

Et après ? C’est là qu’une nouvelle étape s’ouvre : celle ou vous devrez penser à la valorisation de votre épargne excédentaire. Plutôt que de laisser vos liquidités s’éroder doucement, orientez-les vers des solutions plus adaptées à vos projets et à votre horizon d’investissement : assurance vie pour sa flexibilité et son cadre fiscal, PEA ou compte-titres pour diversifier sur les marchés financiers, ou encore l’immobilier pour construire un patrimoine tangible.

Chaque support présente ses avantages et ses limites. Certains offrent plus de sécurité mais un rendement modeste, d’autres exigent d’accepter une part de risque pour espérer une meilleure performance. C’est pourquoi votre choix doit être guidé par votre profil d’investisseur, vos objectifs concrets (préparer la retraite, financer un projet, transmettre un patrimoine) et surtout votre appétence au risque.

En résumé, votre épargne de précaution est une fondation : solide, stable et disponible. Mais elle n’est qu’une première étape avant de passer à la construction de la suite de votre stratégie patrimoniale.

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