Pourquoi le SMIC 2026 n’augmentera que de +1,18 % au 1er janvier et quel impact concret sur votre salaire ?

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Pourquoi le SMIC 2026 n’augmentera que de +1,18 % au 1er janvier et quel impact concret sur votre salaire ?

Vous êtes salarié au SMIC, ou alternant dont la rémunération est indexée sur le salaire minimum ? Le gouvernement a confirmé, le 12 décembre 2025, la revalorisation du SMIC au 1er janvier 2026. Sans « coup de pouce », cette hausse se limitera à l’augmentation automatique prévue par le Code du travail : + 1,18 %.

Résultat : le SMIC mensuel brut atteindra 1 823,03 €, contre 1 801,80 € en 2025, soit 21,23 € brut de plus par mois pour un salarié à temps plein.

Un SMIC à 1 823,03 € brut par mois

Concrètement, le SMIC horaire brut passera de 11,88 € à 12,02 €, soit une augmentation de 14 centimes de l’heure. Pour un salarié à temps plein (35 heures hebdomadaires), cela représente en net 1443,11 €.

Cette revalorisation concerne environ 2,2 millions de salariés du secteur privé, soit 12,4 % des salariés, selon les dernières données du ministère du Travail.

Montant du SMIC

Montant du SMIC brut en 2025

Montant du SMIC brut en 2026

Gain brut

SMIC horaire

11,88 €

12,02 €

0,14 €

SMIC mensuel pour un 35 heures

1801,80 €

1823,03 €

21,23 €

SMIC annuel base 35 heures

21 621,60 €

21 876,36 €

254,76 €

Quelle rémunération pour les alternants en 2026 ?

Les salaires des alternants (contrat d’apprentissage ou de professionnalisation) étant calculés en pourcentage du SMIC, la revalorisation du 1er janvier 2026 entraînera mécaniquement une hausse de leur rémunération brute, en fonction de leur âge et de leur année de contrat.

Rémunération brute mensuelle minimale d’un apprenti en 2026

Situation

Moins de 18 ans

18-20 ans

21 - 25 ans*

26 ans et plus*

1ère année

27% du SMIC soit 492,22 €

43% du SMIC soit 783,90 €

53% du SMIC, soit 966,20 €

100% du SMIC, soit 1823,03 €

2ème année

39% du SMIC soit 710,98 €

51% du SMIC soit 929,74 €

61% du SMIC, soit 1112,04 €

100% du SMIC, soit 1823,03 €

3ème année

55% du SMIC soit 1002,66 €

67% du SMIC soit 1221,43 €

78% du SMIC, soit 1421,96 €

100% du SMIC, soit 1823,03 €

*Pour les alternants entre 21 et 25 ans, et pour ceux de 26 ans et plus, c’est le salaire le plus élevé entre le pourcentage du SMIC et le même pourcentage du salaire minimum conventionnel correspondant à l'emploi occupé pendant le contrat d'apprentissage qui est retenu

Comment est calculée la revalorisation du SMIC ?

L’augmentation de + 1,18 % correspond strictement à la revalorisation automatique prévue par le Code du travail.

Chaque année, le SMIC évolue selon une formule légale prenant en compte :

  • L’inflation hors tabac subie par les 20 % de ménages les plus modestes ;
  • 50 % du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et employés (SHBOE).

Pour 2026, les données définitives publiées le 12 décembre 2025 indiquent :

  • + 0,6 % pour l’indice des prix du premier quintile (Insee, novembre 2025) ;
  • + 2 % pour le SHBOE sur un an (Dares, 3ᵉ trimestre 2025).

La formule légale conduit donc à une hausse de : 0,6 % + [50 % × (2 % – 0,8 %)] = environ 1,2 %, soit 1,18 % après arrondis réglementaires.

SMIC : un cas particulier pour Mayotte

À Mayotte, la situation est différente. La loi pour la refondation du département prévoit qu’au 1er janvier 2026, le SMIC net atteigne 87,5 % du niveau applicable en métropole et dans les autres DOM. L’augmentation y sera donc plus forte en pourcentage, même si le gouvernement doit encore préciser le nouveau taux horaire brut.

Le minimum garanti également revalorisé

Enfin, le minimum garanti, utilisé notamment pour l’évaluation de l’avantage en nature repas dans le secteur des hôtels-cafés-restaurants, sera revalorisé de 0,6 %, suivant l’évolution des prix. Il devrait passer de 4,22 € à 4,25 € au 1er janvier 2026.

Pas de « coup de pouce » du gouvernement sur le SMIC

Le gouvernement a choisi de ne pas aller au-delà de cette hausse mécanique de 1,18 %, suivant ainsi la recommandation du groupe d’experts sur le SMIC, formulée fin novembre. Dans son rapport annuel, celui-ci estimait qu’un coup de pouce n’était pas opportun, compte tenu :

  • Du ralentissement du marché du travail observé depuis 2024 ;
  • Du niveau déjà élevé du SMIC par rapport au salaire médian, l’un des plus hauts parmi les pays de l’OCDE ;
  • Et du coût important des exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires, estimé à près de 75 milliards par an.

Le dernier coup de pouce au SMIC remonte à juillet 2012, au début du quinquennat de François Hollande.

Les organisations syndicales regrettent cette absence d’effort au-delà de l’augmentation mécanique. La CGT déplore ainsi un choix qui « enlise les travailleurs et travailleuses dans la précarité », tandis que la CFTC regrette l’absence de coup de pouce, « alors que le nombre de travailleurs pauvres augmente ».

Les recommandations du groupe d’experts sur le SMIC qui n’ont pas été prises en compte

Au-delà de cette position sur le niveau du SMIC, les experts appellent toutefois dans leur rapport à des réformes structurelles, restées sans suite à ce stade.

Une alerte sur la compression des bas salaires

Les experts soulignent que les nombreuses revalorisations automatiques du SMIC depuis 2021 ont contribué à une compression de l’échelle des salaires, en particulier entre le SMIC et les rémunérations légèrement supérieures.

Ce phénomène limite les perspectives de progression salariale pour les travailleurs modestes et peut fragiliser les négociations salariales dans certaines branches.

Le rapport appelle à une réflexion globale sur la dynamique des salaires au-delà du SMIC, sans que des mesures concrètes n’aient été annoncées à ce stade.

Une réforme des exonérations de cotisations jugée nécessaire

Le groupe d’experts insiste également sur les effets pervers du système actuel d’allègements de cotisations sociales sur les bas salaires. S’ils soutiennent l’emploi, ces dispositifs entraînent des taux marginaux d’imposition très élevés pour les salariés dont la rémunération augmente autour du SMIC (entre 1,2 et 2 SMIC), ce qui peut décourager :

  • Les augmentations salariales ;
  • La montée en compétences ;
  • Le passage à des postes mieux rémunérés.

Les experts recommandent une réforme de ces exonérations, afin de les rendre plus lisibles et plus favorables à la mobilité salariale.

Une révision de la formule de revalorisation du SMIC évoquée

Autre point notable : le rapport évoque la possibilité d’adapter à moyen terme la formule légale d’indexation du SMIC, pour aller vers une double indexation.

Si les experts jugent essentiel de conserver l’indexation automatique sur l’inflation des ménages les plus modestes - qui a permis de protéger efficacement le pouvoir d’achat du SMIC lors de la récente période inflationniste -, ils préconisent en revanche, d’introduire davantage de flexibilité dans la revalorisation au-delà de l’inflation, en renforçant le pouvoir d’appréciation du gouvernement.

Cette part de revalorisation devrait s’appuyer sur un ensemble élargi d’indicateurs, incluant l’évolution des salaires négociés, la position relative du SMIC, ainsi que l’emploi et la productivité.

Au-delà des montants, la revalorisation du SMIC en 2026 illustre le choix du gouvernement de privilégier la stabilité du cadre existant plutôt qu’une réforme d’ampleur. En s’en tenant strictement à l’indexation automatique, l’exécutif protège à la marge le pouvoir d’achat des salariés au SMIC, mais laisse intactes les tensions structurelles pointées par les experts : compression des bas salaires, freins à la progression professionnelle et complexité du système d’exonérations. La question n’est donc plus tant celle du niveau du SMIC que celle de son articulation avec l’ensemble des salaires et des politiques de l’emploi.

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