Vers une extension du Revenu de solidarité active (RSA) à tous les jeunes de 18 à 25 ans ?

Actuellement, près de 130 000 jeunes de 18 à 25 ans en emploi, peuvent, sous conditions, percevoir le Revenu de Solidarité active (RSA). Une tribune publiée le 09 mai dans le Journal du dimanche (JDD) et signée par 13 personnalités associatives et politiques, réclame l’extension du versement du Revenu de solidarité active aux 800 000 jeunes de 18 à 25 ans sans emploi ni formation, notamment dans ce contexte de crise sanitaire.
En effet, selon les signataires, la situation des jeunes précaires, « à la rue, ceux résidant dans des squats ou hébergés chez des tiers, dans un centre d'hébergement d'urgence, à l'hôtel ou encore dans des familles aux revenus modestes », « reste un impensé de notre système de solidarité intergénérationnelle, et donc un angle mort de nos politiques publiques ».
Du fait du choc économique lié à la crise du coronavirus, ces jeunes, qui vivent « d'ordinaire avec peu de ressources », enchaînant « des petits boulots, des missions d'intérim », « sont aujourd'hui dans l'impasse ».
« Il y a donc urgence à agir. La récession qui se profile va affecter directement et durablement les jeunes, notamment les moins qualifiés d'entre eux [qui] risquent fort de basculer dans l'exclusion sociale et la précarité », poursuivent les signataires, qui appellent le Gouvernement à « ouvrir dès 18 ans l'accès au RSA ».
L’élargissement du versement du RSA au jeunes précaires sans formation ni emploi coûterait près de 5 milliards d’euros en plus.
Interrogée sur RMC sur la question, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, s’est dit personnellement défavorable au RSA avant 25 ans : le « RSA, ça peut être aussi une trappe à pauvreté et c’est justement ce qu’on ne veut pas » ; « c’est un piège, au début, c’est une mesure positive et après, on n’arrive pas à en sortir et au contraire, l’enjeu c’est de leur donner un maximum d’élan à ces jeunes ».
Même son de cloche du côté de Gabriel Attal, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, pour lequel l’extension du RSA à tous les jeunes reviendrait « à se placer dans un esprit de défaite », a-t-il confié aux Échos.
« Aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux comme horizon […]. L’État ne peut se résoudre à un RSA comme solde de tout compte pour sa jeunesse », s’est-il insurgé. « Il faut se battre en apportant un accompagnement à chaque jeune, avec un soutien financier quand c’est nécessaire », a-t-il poursuivi.
Voix discordante, Stanislas Guerini, délégué général de la République en marche, qui, dans un entretien publié par Le Monde le 20 mai dernier, estimait que la crise liée au Covid-19 « a exacerbé les fractures » au sein de la société et qu’il fallait tenter d’y remédier à travers un certain nombre de mesures sociales, à l’attention des jeunes notamment, pour lesquels, il préconise « le versement d’une « prime à l'embauche […] ainsi que l'ouverture du RSA (revenu de solidarité active) pour les moins de 25 ans », ceci, « pour éviter d'avoir une génération sacrifiée ».