« Un contrat PER, c’est l’équivalent d’un restaurant à 2 », Marion Luttenbacher (Xpertis Courtage)

À deux mois de l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, il est plus que temps pour le dirigeant d’entreprise de s’intéresser à sa retraite. Pourquoi ? Afin de bien mesurer les impacts du relèvement de l’âge à 64 ans et de s’intéresser aux leviers permettant d’optimiser au mieux sa retraite.
Recourir à un plan d’épargne retraite peut par exemple s’avérer intéressant sur le long terme pour un dirigeant et ce, dès la création de son entreprise.
L’aide d’un professionnel est alors indispensable pour faire les bons choix. L’occasion d’en savoir plus avec Marion Luttenbacher, directrice associée du cabinet X Pertis Courtage créé depuis près de 25 ans. Entretien.
Alors que la retraite peut paraître loin pour certains, pourquoi est-il pertinent de la préparer durant la vie active ?
En tant que courtier, nous disons souvent « le plus tôt c’est le mieux » ! Une personne qui se lance dans une activité peut tout de même se concentrer sur sa retraite même si ce n’est pas sa priorité.
En effet, les fonds à horizon présentent pour avantage de faire fructifier de l’argent sur le long terme. Il faut se projeter sur le long terme pour mesurer l’intérêt de mettre de côté de l’argent, même s’il s’agit de petites sommes.
De nos jours, un contrat d’épargne retraite coûte chaque mois autant qu’un restaurant à deux. Avec l’actualité, nous ignorons quel sera le régime de retraite dans plusieurs années et si les trentenaires actuels pourront réellement bénéficier d’une retraite. Il est alors primordial de s’y intéresser, même jeune, et d’autant plus après 40 ans.
Dans le cadre d’un bilan retraite, quels sont les points qui attirent particulièrement votre attention ?
Lors d’un audit, nous vérifions que le relevé de carrière prenne bien en compte toutes les expériences (même un job d’été) : les cotisations au régime de base et des régimes complémentaires, les trimestres assimilés, ainsi que toute la partie des trimestres majorés, etc.
Nous vérifions ainsi la globalité de la carrière du travailleur indépendant ou du salarié avant de se concentrer sur les points acquis au regard des régimes complémentaires, comme l’Ircantec par exemple.
Par ailleurs, nous attirons une attention particulière aux périodes de chômage, maternité et maladie donnant lieu à des trimestres réputés cotisés qui comptent pour le calcul des droits à la retraite. Ces trimestres, aussi appelés « trimestres assimilés », ne sont malheureusement pas systématiquement repris dans le relevé de carrière… Ce qui peut entraîner des conséquences fâcheuses notamment au regard des carrières longues.
Enfin, nous examinons la situation familiale du dirigeant afin de recenser les trimestres majorés pour enfant, pour congé parental, pour enfant handicapé, pour aidant familial etc.
À travers le bilan de retraite, nous cherchons à déceler les éventuelles erreurs présentes sur le relevé de carrière et mettons en avant les points de vigilance que le dirigeant devra absolument vérifier en leur précisant la démarche à suivre.
Au regard de la réforme des retraites en cours, est-ce toujours intéressant, selon vous, de racheter des trimestres supplémentaires ?
Si le rachat de trimestre est peu coûteux lorsqu’on est jeune, l’intérêt de le faire n’est cependant pas si évident dans la mesure où l’on ignore ce que va devenir le système des retraites en France lorsqu’on sera en âge de liquider ses droits.
Or, plus un assuré est proche de la retraite et plus il a une vision globale de ses droits, de la règlementation en cours ou à venir et de sa fin de carrière. Il semble donc plus intéressant de s’y intéresser en étant proche de la retraite. Notamment si le dirigeant a cumulé un certain nombre de points au regard de son régime complémentaire. Le coût élevé du rachat est par ailleurs atténué par le fait qu’il est entièrement déductible fiscalement des revenus bruts imposables l'année de rachat.
Néanmoins, le delta entre le nouvel âge légal de départ à la retraite et l’âge du taux plein (67 ans) n’étant plus que de 3 ans, le rachat de trimestre s’avère moins pertinent qu’avant la réforme.
Quels produits retraite conseillez-vous en priorité aux dirigeants ?
Aux travailleurs indépendants, nous conseillons le Perin en leur soulignant qu’ils peuvent bénéficier d’une déduction fiscale de plus de 80 000 euros (88 000 euros maximum) selon leurs revenus sans les noyer dans des acronymes ou des calculs beaucoup trop complexes.
Pour les entreprises, nous proposons plutôt la mise en place d’un Plan d’épargne retraite obligatoire (Pero) comme nous nous adressons essentiellement à des TPE/PME où le chef d’entreprise est très souvent salarié de sa SAS. Financé par son entreprise, le Pero qui présente un avantage social et fiscal non négligeable lui apportera un complément d’épargne retraite pour son futur. Si dans le cadre du Pero, la sortie est en rente, une sortie en capital reste toutefois possible pour les « petites rentes » qui sont inférieures à 100 euros par mois, soit un capital de 30 000 euros, ce qui convainc le plus souvent les dirigeants d’y souscrire.
Concernant la prévoyance, quelle est la couverture sociale adéquate pour un indépendant ?
Au sein du cabinet, nous soulignons aux dirigeants l’importance de souscrire une couverture prévoyance complémentaire, qui ne doit surtout pas être confondue avec la mutuelle. Ces derniers travaillent généralement seuls et peuvent prendre des risques selon leur activité. Or, le régime obligatoire n’est pas très protecteur. À titre d’exemple, la CIPAV prévoit des indemnités journalières pour les quatre-vingt-dix premiers jours d’arrêt de travail mais plus rien au-delà.
Afin de déterminer la couverture sociale adéquate, plusieurs éléments sont à prendre en compte : la situation familiale du dirigeant, ses besoins, ses inquiétudes, etc.
Ainsi, après avoir étudié sa situation, nous expliquons l’importance de se prémunir contre une éventuelle invalidité, ou un décès au regard de leur famille, surtout s’ils ont des enfants en bas âge.
Le dirigeant peut également avoir besoin d’une garantie supplémentaire en cas d’arrêt de travail de longue durée, afin de prendre en charge les frais fixes tels que le loyer, les factures d’eau ou d’électricité...
Vous êtes sortie major de promo du « Certificat retraite Generali », quelle plus-value vous a apporté cette certification sur le plan professionnel ?
Le « certificat retraite Generali », réalisé par Factorielles est un réel diplôme, valorisable et reconnu dans la profession, que je vais pouvoir mettre en avant dans mon bureau.
J’ai eu la chance d’y participer grâce à Generali et en suis très honorée, Factorielles étant un institut de formation très reconnu dans toute la profession autour de la protection sociale.
Être sortie major me permet d’avoir des connaissances solides et une certaine légitimité. Étant particulièrement intéressée par le volet de la protection sociale et de l’assurance de personnes, le certificat est un véritable tremplin pour démarrer dans le métier et pouvoir apporter des solutions concrètes à nos clients.
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