Travailler 3 jours férié/an pour financer sa retraite ? La CPME relance le débat de la retraite par capitalisation

Interviewé sur Sud Radio le 13 février, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Amir Reza-Tofighi, a remis le sujet de la retraite par capitalisation sur la table.
Il propose de faire travailler les salariés trois jours fériés, en mettant le salaire correspondant sur un compte personnel d’épargne retraite.
On vous explique tout.
Retraite par capitalisation vs retraite par répartition : quelles différences ?
Un système de retraite par répartition repose sur la solidarité intergénérationnelle. C’est le mécanisme de la retraite de base en France :
Les cotisations versées par les actifs, au titre de l’Assurance vieillesse, paient les pensions des retraités. Les actifs, en versant des cotisations, acquièrent des droits qui seront financés, au moment de leur retraite, par les cotisations des générations d’actifs suivantes. De ce fait, dans un tel régime, l’équilibre financier dépend essentiellement du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités.
La retraite par capitalisation s’inscrit en opposition à la retraite par répartition :
Elle permet à chacun de se constituer son propre complément de retraite, en accumulant des sommes d’argent sur un contrat d’assurance vie ou un plan d’épargne retraite. Les cotisations ainsi versées font l’objet de placements dont le rendement dépend essentiellement de l’évolution des marchés financiers et des taux d’intérêt. Arrivé à l’âge de la retraite, l’assuré récupère les sommes accumulées sous forme de capital ou de rente viagère.
Mettre trois jours fériés travaillés sur un compte de retraite par capitalisation ?
Les partenaires sociaux vont, dès la fin février, réfléchir à la révision de la réforme des retraites de 2023.
Dans ce contexte, le président de la CPME s’est exprimé en faveur de l’introduction d’une part de retraite par capitalisation en France : « si c’est juste pour aller parler de l’âge ou du nombre de trimestres, on ne va pas y arriver (…). Il y a une réalité démographique », à savoir la « baisse de la natalité, l’espérance de vie qui augmente, le nombre d’actifs qui diminue par rapport au nombre de retraités ».
La solution ? Ajouter « une brique d’épargne populaire, de capitalisation : cela veut dire que chaque salarié va mettre de l’argent de côté pour sa retraite ». En pratique, Amir Reza-Tofighi propose de « mettre trois jours fériés travaillés par les collaborateurs, pas sur leur fiche de paye, mais sur un compte qui leur appartient ».
En clair, il propose que les salariés travaillent trois jours fériés. Au lieu de percevoir un salaire pour ces jours, l’argent serait placé sur un compte personnel d’épargne retraite qui leur appartient. Cette épargne pourrait ensuite être débloquée à la retraite, de manière à compléter la pension de retraite servie par les régimes de base et complémentaires.
Développer la retraite par capitalisation en France, un sujet qui revient de plus en plus sur la table
Le sujet de l’épargne retraite devient récurrent : récemment, à la demande du groupe Horizons, un rapport d’informations contenant 17 propositions et recommandations visant à développer l’épargne retraite en France a vu le jour.
Parmi les propositions :
- Relever de 3 à 5 ans la durée de report du plafond de déduction ou de la fraction de plafond non utilisé afin de soutenir les contribuables souscrivant tardivement un plan d’épargne retraite (PER) ;
- Limiter le risque d’optimisation fiscale en rendant impossible la souscription d’un PER à partir de 67 ans, et en prévoyant le dénouement automatique du PER à l’âge de 70 ans afin de réorienter le PER vers l’objectif prioritaire de financement de la retraite ;
- Mettre en place de manière systématique un PER d’entreprise collectif dans les sociétés de plus de 11 salariés, sans que l’employeur et le salarié ne soient tenus d’y réaliser des versements.
Affaire à suivre.