Retraites : le gouvernement ralentit le calendrier de la réforme de 2023, qu’est-ce que ça change pour vous ?
Le 23 octobre 2025, le gouvernement a déposé une version modifiée du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, visant à ralentir le calendrier de mise en œuvre de la réforme des retraites de 2023.
Concrètement, l’âge légal de départ et le nombre de trimestres nécessaires pour le taux plein augmenteraient plus progressivement que prévu.
Une manière pour le Premier ministre de tenir son engagement de « suspension » de la réforme jusqu’à la présidentielle de 2027.
Qu’est-ce que cela pourrait changer pour vous ? On fait le point avec vous dans cet article.
Réformes des retraites de 2023 : rappels
La réforme de 2023 recule progressivement l’âge légal de départ à la retraite, qui doit passer de 62 à 64 ans d’ici 2030. Depuis le 1er septembre 2023, cet âge augmente de trois mois par génération pour les assurés nés à partir du 1er septembre 1961.
Parallèlement, la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein est allongée progressivement pour atteindre 43 ans dès 2027 pour la génération née en 1965.
Autrement dit, vous devez désormais travailler plus d’années avant de pouvoir partir à la retraite et valider davantage de trimestres pour toucher votre pension à taux plein avant 67 ans.
La nouvelle version du PLFSS 2026 suspend ce calendrier, en attendant les prochaines élections présidentielles. Une mesure qui pourrait directement vous impacter.
À quel âge pourrez-vous partir à la retraite ?
Si vous êtes né entre 1964 et 1968, vous pourriez partir un peu plus tôt que prévu.
La nouvelle mouture du PLFSS 2026 prévoit que chaque génération « gagne » 3 mois rapport au calendrier initial. Concrètement :
- Génération 1964 : départ possible à 62 ans et 9 mois (au lieu de 63 ans)
- Génération 1965 : départ possible à 63 ans (au lieu de 63 ans et 3 mois)
- Génération 1966 : départ possible à 63 ans et 3 mois (au lieu de 63 ans et 6 mois)
- Génération 1967 : départ possible à 63 ans et 6 mois (au lieu de 63 ans et 9 mois)
- Génération 1968 : 63 ans et 9 mois (au lieu de 64 ans)
L’âge de 64 ans ne s’appliquerait donc qu’à partir de la génération 1969.
Attention : la suspension de la réforme des retraites ne devrait pas s’appliquer au dispositif « carrières longues ». Pour rappel, ce dispositif vous permet de partir avant l’âge légal si vous avez commencé à travailler avant 16, 18, 20 ou 21 ans, selon votre situation.
Et combien de trimestres pour le taux plein ?
Même logique du côté de la durée d’assurance.
Si vous êtes né en 1964 ou 1965, vous auriez un trimestre de moins à valider pour bénéficier d’une retraite à taux plein :
- 170 trimestres pour la génération 1964 (au lieu de 171) ;
- 171 trimestres pour la génération 1965 (au lieu de 172).
À partir de la génération 1966, le seuil des 172 trimestres (43 ans) fixé par la réforme de 2023 resterait le même.
En clair : si vous êtes né en 1964 et 1965, vous pourrez atteindre le taux plein un peu plus facilement que prévu.
Comment cette mesure sera-t-elle financée ?
Cette suspension de la réforme des retraites coûterait environ 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027.
Pour compenser, le gouvernement prévoit deux mesures :
- Augmenter la taxe exceptionnelle sur les organismes complémentaires santé, qui passerait de 2,05 % à 2,25 % pour l’année 2026 – une mesure déjà inscrite dans le projet initial du PLFSS ;
- Appliquer en 2027 une revalorisation des pensions plus faible que celle prévue dans la version initiale du texte.
Autrement dit, le gain de quelques mois sur votre départ pourrait être en partie compensé par une hausse de pension plus modérée dans les années à venir.
Pour l’heure, rien n’est encore définitif : le texte vient juste d’être déposé à l’Assemblée nationale et doit encore être examiné.
Le parcours législatif reste long et incertain, avec des risques de blocage politique. Le calendrier peut donc encore évoluer. Affaire à suivre.
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