Retraite : les ouvriers passent deux ans de moins à la retraite que les cadres (étude INED)

Selon une étude publiée le 24 mai 2023 par l’Institut national d’études démographiques (INED), les ouvriers passent deux ans de moins à la retraite que les cadres et ce, en dépit d’un départ à la retraite plus tôt.
Basée sur des données de 2018, l’étude menée par l’INED met en lumière les différences d’espérance de vie selon les catégories socio professionnelles, et selon le sexe, particulièrement autour des âges de départ à la retraite, ainsi que les périodes d’inactivité. Focus.
Une durée passée à la retraite plus courte chez les ouvriers que chez les cadres
Alors que le calendrier de la réforme se resserre, l’étude publiée par l’INED en mai 2023 souligne la place importante des inégalités sociales face à la mort et de facto, les écarts dans les chances d’atteindre l’âge de départ à la retraite ainsi que les différences de durées passées à la retraite.
Ainsi, l’étude révèle qu’en dépit d'un départ plus tôt à la retraite que les cadres, les hommes ouvriers vivent en moyenne 6 ans de moins que les cadres après l’âge de 35 ans. Des années de retraites qui sont moins nombreuses pour les ouvriers que pour les cadres en raison d’une espérance de vie plus faible.
En détails :
- À l’âge de 35 ans, l’espérance de vie des hommes cadres se situe autour de 50 ans contre 44 pour les ouvriers ;
- Pour les cadres âgés de 35 ans, les 49,7 années d’espérance de vie se répartissent en près de 27,4 années d’emploi et 21, 1 années de retraite ;
- Pour les ouvriers âgés de 35 ans, les 44 années d’espérance de vie se répartissent en 20,2 années d’emploi et 19,1 années de retraite ;
- Les chances d’atteindre les âges plus élevés sont plus réduites : 89 % des ouvriers peuvent espérer atteindre 62 ans contre 96 % des cadres.
À ces différences d’espérance de vie, s’ajoute des inégalités de durées d’emploi, d’inactivité et de chômage qui sont pourtant importantes pour déterminer l’éligibilité aux droits à la retraite et le montant des pensions de retraite. L’étude précise néanmoins que les femmes sont plus concernées par ces périodes d’inactivité que les hommes.
Des inégalités moins marquées chez les femmes ouvrières, plus fortement touchées par des périodes d’inactivité
Les inégalités d’espérance de vie sont moins importantes chez les femmes que chez les hommes mais, leurs durées d’inactivité sont bien plus longues.
En effet, selon les données analysées par l’INED :
- À 35 ans, l’espérance de vie est d’environ de 47 ans chez les hommes et de près de 52 ans chez les femmes ;
- Avec une espérance de vie des femmes cadres qui se situe autour de 53 ans et de 49 ans pour les femmes ouvrières, les femmes cadres âgées de 35 ans vivent en moyenne 4 ans de plus que les ouvrières et 3 ans de plus à 62 ans ;
- Pour les cadres âgées de 35 ans, les 53,3 années d’espérance de vie comprennent 27, 4 années d’emploi,24,2 années de retraite, un an de chômage et un an d’inactivité ;
- Pour les ouvrières âgées de 35 ans, les 49,9 années d’espérance de vie comprennent 19,8 années d’emploi,23,6 années de retraite, soit seulement 8 moins de moins que les cadres,3 ans de chômage et 4 années d’inactivité notamment « au foyer ».
L’étude précise enfin que l’inactivité des femmes ouvrières à 35 ans, pour moitié environ déclarée comme étant « au foyer », est liée « à la maternité ou pour s’occuper du foyer » et pour l’autre moitié causée par des « difficultés à conserver ou trouver un emploi, du fait d’invalidités reconnues ou non ». Il est toutefois à noter que ces périodes sont en partie prises en compte par les dispositifs de solidarité du système de retraite permettant d’atténuer les inégalités de pension comme l’a révélé un rapport récent de la Cour des comptes.