Retraite : les Français entre impatience, inquiétude et besoin de repères

Alors qu’ils aspirent à une retraite synonyme de liberté, les Français peinent à s’y préparer sereinement. Selon le dernier baromètre MIF/Odoxa, la complexité du système, la peur de manquer de revenus et les inégalités d’accès à l’épargne contribuent à créer un climat d’inquiétude pour l’avenir.
Une retraite désirée, mais source de stress
Les chiffres révélés par la dernière étude MIF/Odoxa, intitulée « Baromètre du moral des futurs retraités », montrent des résultats aussi intéressants que nuancés. Premier constat : la retraite est un objectif attendu, puisque six Français sur dix la souhaitent avec impatience. Pour 85 % des répondants, elle marque surtout l’entrée « dans une nouvelle vie, pleine de projets », souligne le baromètre.
Mais cette projection positive cohabite avec de nombreuses appréhensions :
- 37 % redoutent l’arrêt d’activité, assimilé à une perte de rythme ou d’utilité.
- 56 % trouvent la préparation à la retraite trop complexe, notamment en matière administrative et financière.
- 84 % craignent une baisse de leur pouvoir d’achat. À ce sujet, les Français s’attendent à perdre 32% de leur pouvoir d’achat une fois à la retraite.
Ce mélange entre espoir et inquiétude traduit une réalité : la retraite est perçue comme une transition majeure, mais vécue avec une certaine appréhension si elle n’est pas bien préparée.
L’épargne retraite progresse
C’est l’un des enseignements majeurs de cette étude. Si 56 % des Français estiment que leur retraite sera suffisante pour couvrir leurs futures dépenses, 42 % pensent que ce ne sera le cas qu’avec un complément de revenus.
Ainsi, deux tiers (65 %) des Français mettent aujourd’hui de l’argent de côté pour leur retraite, et 62 % détiennent au moins un produit d’épargne dédié. En dix ans, la constitution d’une épargne complémentaire a nettement progressé, notamment chez les 45-64 ans (65 %).
Ces chiffres révèlent toutefois de fortes inégalités sociales, qui traduisent indirectement un manque de culture financière chez les classes les moins favorisées. La détention de produits de retraite complémentaire varie ainsi fortement selon les profils :
- 83 % parmi les cadres,
- 58 % parmi les ouvriers.
L’assurance-vie reste en tête
L’assurance-vie demeure le placement retraite préféré des Français : 45 % des futurs retraités en ont déjà souscrit une. Elle devance nettement :
- Le Plan d’épargne retraite, PER (24 %) ;
- L’épargne salariale (22 %) ;
- Le PEA (18 %) ;
- L’investissement immobilier locatif (14 %).
L’étude insiste également sur le besoin d’accompagner les futurs retraités, tant sur la compréhension du fonctionnement du système que sur le développement d’une culture financière solide pour leur permettre de prendre en main leur avenir.
Un besoin d’information encore criant
Quelques données illustrent ce déficit de connaissance :
- 55 % des futurs retraités mariés connaissent mal le principe de la réversion (la part de retraite dont peut bénéficier un conjoint survivant) ;
- 30 % seulement connaissent leur taux de remplacement (c’est-à-dire la proportion de leurs revenus d’activité qu’ils percevront une fois à la retraite).
Les Français, focalisés sur la date de départ à la retraite, n'ont donc finalement qu'une idée assez peu précise des moyens financiers dont ils disposeront réellement. « L’enjeu est de sensibiliser et de donner à chacun les moyens de préparer financièrement cette nouvelle étape de vie avec confiance », souligne ainsi Olivier Sentis, directeur général de La MIF, cité dans l’étude.