« Se préoccuper de sa retraite avant 40 ans, c’est essentiel »

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« Se préoccuper de sa retraite avant 40 ans, c’est essentiel »

Collaboratrice comptable depuis 15 ans au sein du cabinet Gadras et Associés à Angoulême, Delphine Gibon a récemment suivi la formation « Certificat Retraite » de Factorielles. Elle nous explique pourquoi elle a choisi de se spécialiser sur cette thématique et partage ses conseils pratiques pour mieux préparer sa retraite.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre cabinet ?

Je travaille depuis près de 15 ans comme collaboratrice comptable au sein du cabinet Gadras et Associés, basé à Angoulême. Nous sommes un cabinet à taille humaine, avec un expert-comptable, sept collaborateurs et un service social. Nos missions sont celles d’un cabinet classique : comptabilité, fiscalité, bilans. En revanche, nous ne proposions pas d’accompagnement retraite jusqu’à récemment. Nous faisions appel à un organisme extérieur qui réalisait des bilans simplifiés pour quelques clients, mais nous avons vite vu les limites de cette approche. Les études fournies étaient incomplètes et souvent à côté des besoins réels. C’est ce qui nous a convaincus d’internaliser cette compétence.

Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la question des retraites ?

J’ai dû, à titre personnel, m’occuper du dossier de liquidation de retraite de ma mère. C’était un parcours du combattant : beaucoup de pièces manquantes, de démarches administratives, d’allers-retours avec les caisses... J’ai galéré, mais j’ai aussi beaucoup appris ! Mon employeur a remarqué mon intérêt pour ces sujets et m’a inscrite à la formation « Certificat Retraite » de Factorielles. L’objectif : acquérir les compétences en interne pour proposer un vrai service à nos clients.

En quoi cette formation a changé votre approche ?

La formation était dense mais passionnante. Chaque journée aborde un aspect clé : le fonctionnement des régimes de retraite, l’analyse des relevés de carrière, les dispositifs de départ anticipé, les rachats de trimestres… Les intervenants sont excellents : ils connaissent parfaitement le terrain et partagent leurs expériences concrètes. La formation m’a donné des outils très concrets pour analyser un relevé de carrière, identifier les anomalies et proposer des solutions adaptées. Aujourd’hui, je peux alerter nos clients sur des opportunités qu’ils ignorent souvent, comme le rachat de trimestres pour études longues.

Quel est l’objectif, à terme, pour votre cabinet ?

Nous voulons développer une véritable offre d’accompagnement retraite. J’ai validé la formation à l’été 2025, et l’idée est que je sois opérationnelle dès janvier 2026. Je conserve pour l’instant mon portefeuille comptable, mais l’objectif est de m’orienter progressivement vers ces missions spécifiques. Nous allons proposer à nos clients une analyse complète de leur relevé de carrière : vérification des anomalies, conseils sur la reconstitution, estimation de la pension en fonction de l’âge de départ souhaité, identification des droits à carrière longue… En revanche, l’accompagnement jusqu’à la liquidation elle-même ne sera sans doute pas proposé immédiatement, car cela suppose que la carrière ait été parfaitement reconstituée en amont.

Concrètement, quels conseils donneriez-vous à vos clients pour bien préparer leur retraite ?

Le premier conseil, c’est de télécharger son relevé de carrière via l’application « Info-Retraite » et de l’examiner attentivement. Beaucoup découvrent des trous, des périodes manquantes. Plus on s’y prend tôt, plus il est facile de corriger. Retrouver des bulletins de salaire d’il y a trente ans est très compliqué, à moins d’avoir une mère qui comme la mienne, garde tout précieusement !

Ensuite, il y a des échéances précises que peu de gens connaissent. Par exemple, les personnes ayant fait de longues études, comme les médecins ou pharmaciens, peuvent racheter leurs trimestres d’études… mais uniquement jusqu’au 31 décembre de l’année de leurs 40 ans. Après, c’est trop tard. Or, la plupart des clients ignorent totalement cette règle. J’ai justement un client oncologue qui a découvert cette possibilité grâce à moi et qui a été ravi d’en être informé à temps.

Quels autres cas rencontrez-vous souvent ?

La carrière longue est un autre dispositif très mal connu. Beaucoup de personnes pensent qu’il faut avoir commencé à travailler à 14 ans pour en bénéficier, alors que non. J’ai par exemple un client qui a débuté à 19 ans. Cela lui a permis de valider 5 trimestres avant la fin de sa 20e année, ce qui le rend éligible au dispositif. Sans analyse approfondie, il n’en aurait jamais eu conscience !
Autre cas concret : un client qui était persuadé qu’il devrait travailler jusqu’à 64 ans, alors qu’il voulait partir à 62 ans. En regardant son relevé de carrière, j’ai vu qu’il manquait un trimestre de chômage. Si je parviens à le faire valider, il pourra en réalité partir à 60 ans et 2 mois avec une retraite à taux plein. La différence est énorme !

Selon vous, quel est le bon moment pour se préoccuper de sa retraite ?

Il n’est jamais trop tard, mais le plus tôt sera toujours le mieux. Attendre 60 ans, c’est risquer de ne pas avoir le temps de corriger certaines erreurs ou d’activer des leviers utiles.
Dès 30-35 ans, on peut déjà vérifier ses premiers trimestres, retrouver les traces de ses jobs étudiants ou de ses débuts de carrière. C’est aussi à cet âge qu’il faut se poser la question des dispositifs complémentaires, comme l’épargne retraite individuelle (PER). Plus on commence tôt, plus l’effort d’épargne est lissé et plus le rendement est intéressant.
Un autre enjeu, que peu connaissent, concerne les trimestres d’éducation liés aux enfants : ils peuvent être partagés entre les deux parents, mais seulement dans les 6 mois suivant les quatre ans de l’enfant. Là encore, c’est une opportunité qui se perd si on n’est pas informé.

Que retirez-vous de votre spécialisation dans ce domaine ?

J’ai vraiment la conviction qu’il y a un manque énorme d’information. Beaucoup de nos clients, même très diplômés, n’ont aucune idée des règles de base du système de retraite. Notre rôle, comme cabinet, c’est d’alerter, de guider et de sécuriser les parcours. L’enjeu n’est pas seulement financier : c’est aussi une question de sérénité. Savoir qu’on pourra partir à une date donnée, avec tel ou tel montant, c’est un vrai soulagement pour les clients. Et si l’on s’y prend tôt, on peut corriger des anomalies, optimiser et surtout éviter de mauvaises surprises.

En conclusion, quel message souhaitez-vous faire passer ?

Que la retraite ne doit pas être un sujet tabou ou repoussé à plus tard. Plus on s’y intéresse tôt, plus on a de leviers d’action. Téléchargez votre relevé, vérifiez-le, posez des questions. Et n’attendez pas d’avoir 60 ans pour découvrir que certains droits ont été perdus en route !

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