Renoncement à la suppression des deux jours fériés, fin des avantages à vie des ministres : les premières grandes annonces de Sébastien Lecornu

Le projet hautement impopulaire de supprimer jusqu’à deux jours fériés par an, évoqué par son prédécesseur François Bayrou, ne sera pas repris dans le projet de budget 2026. Les syndicats se réjouissent de cette décision et souhaitent désormais s’attaquer à des problèmes de fond, notamment la justice fiscale.
Une promesse impopulaire abandonnée
Quand le désormais ex-premier ministre François Bayrou avait proposé de supprimer jusqu’à deux jours fériés par an dès 2026, la mesure avait suscité une forte opposition parmi les citoyens, les syndicats et certains partis d’opposition. À peine nommé, son successeur à Matignon a ainsi annoncé samedi 13 septembre qu’il refusait ce projet. « J'ai décidé de retirer la suppression de deux jours fériés », a déclaré le nouveau Premier ministre dans un entretien dans les colonnes de La Provence.
Il justifie ce retrait par la volonté de « préserver celles et ceux qui travaillent » et de ne pas ajouter une charge que beaucoup jugeaient injuste.
Réactions et enjeux
Du côté des syndicats, cette décision a été accueillie comme une première victoire. « Ça confirme que nous sommes en position de force et ça nous motive encore plus pour renforcer la grève et les manifestations du 18 septembre », a notamment commenté à l’AFP Sophie Binet (CGT). Ce retrait n’est cependant « absolument pas suffisant », a-t-elle poursuivi : « Si le premier ministre pense que le compte sera bon (…), il se met le doigt dans l’œil ».
Marylise Léon de la CFDT a pour sa part salué « une première bonne nouvelle », tout en rappelant qu’il reste « beaucoup à faire pour équilibrer le budget ».
Un nouveau chemin vers le consensus ?
Ce renoncement s’inscrit dans ce que Lecornu a qualifié de volonté de rupture, non seulement sur le fond, mais aussi dans la méthode. Le Premier ministre a cependant averti que le retrait de la suppression des jours fériés impliquera de dénicher d’autres sources de financement pour compenser la perte prévue dans les recettes. Et c’est là que l’équation se complique et risque au contraire de susciter à nouveau la colère des syndicats.
Alors que Sophie Binet demande à Sébastien Lecornu « l’abrogation de la réforme des retraites », le nouveau locataire de Matignon a d’ores et déjà indiqué qu’il n’y aurait pas de nouveau « conclave » sur les retraites.
Les syndicats eux-mêmes n’en veulent pas, mais seul le temps pourra dire si le Premier ministre enterrera définitivement l’idée de toute abrogation sur ce sujet très sensible.
L’enjeu de la fiscalité
Désireux d’obtenir les faveurs de la gauche qu’il considère « républicaine » et qui devrait s’émanciper de LFI, Sébastien Lecornu a aussi évoqué d’importants chantiers à venir côté fiscalité.
Questionné sur la taxe Zucman, il a s’est contenté de botter en touche : « Il y a des questions de justice fiscale, de répartition de l'effort et il faut y travailler sans idéologie, j'y suis prêt. Attention néanmoins au patrimoine professionnel, car c'est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France ».
La fin des privilèges à vie pour les ministres
Autre décision qui était attendue depuis des années par bon nombre de Français : la fin des avantages à vie pour les membres du gouvernement. Sébastien Lecornu l’a ainsi annoncé lundi 15 septembre sur X, en fin de journée. « C’est fait : les avantages “à vie” des anciens membres du Gouvernement seront supprimés dès le 1er janvier 2026 », annonçait le locataire de Matignon, ajoutant que « tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée ».
Une mesure symbolique qui devrait permettre à l’État d’économiser environ 4,5 millions d’euros par an - soit une économie de 0,3% par rapport au budget global estimé à 1 501,6 milliards d’euros -, qui reste donc anecdotique, notamment si l’on considère que François Bayrou appelait à faire 40 milliards d’euros d’économies par an.