Remboursements santé : la pénurie de médecin traitant pénalise financièrement les patients

Au cœur du dispositif du parcours de soins coordonnés, le médecin traitant est l’interlocuteur privilégié du patient et assure la coordination des soins de ce dernier. Déclarer et passer par son médecin traitant avant tout autre spécialiste conditionne le niveau de remboursement de l’Assurance maladie. Ce médecin référent est la plupart du temps un médecin généraliste. Or, selon UFC-Que Choisir « près d’un médecin traitant sur deux refuse de nouveaux patients ». Jeudi 21 novembre, le magazine a publié les résultats d’une enquête téléphonique, menée auprès de 2 770 médecins généralistes répartis dans 78 départements, qui apportent un nouvel éclairage sur la pénurie de médecins.
L’association appelle les parlementaires à instaurer un conventionnement territorial des médecins et demande à la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, des mesures d’urgence pour garantir à chaque Français l’accès à un médecin traitant.
Un médecin généraliste sur deux refuse de prendre un de nouveaux patients
Sur les 2 770 médecins généralistes contactés par UFC-Que Choisir :
- 44 % refusent de prendre de nouveaux patients
- 9 % ont déclaré souhaiter voir le patient avant de se décider
- 47 % consentent d’emblée à prendre le nouveau patient
Le motif le plus couramment invoqué lors d’un refus est le nombre trop grand de patients déjà soignés par ce praticien, et la surcharge de travail.
L’enquête cite les chiffres de l’Assurance maladie, datés de 2018 : 10 % des assurés sociaux majeurs qui ont eu recours au système de soins au moins une fois dans l’année n’avaient pas de médecin traitant ; soit 5,2 millions de personnes. « La Sécurité sociale estime que la moitié d’entre elles en cherchent effectivement un, ce qui représente tout de même 2,6 millions d’adultes en errance… »
Par ailleurs, les enquêteurs ont également constaté de grands écarts entre départements. Ceux qui enregistrent le plus haut taux de refus sont :
- La Sarthe (92 %)
- L’Ardèche (88 %)
- La Seine-et-Marne (86 %)
- Le Tarn-et-Garonne (81 %)
- La Charente (78 %)
À contrario, les départements qui enregistrent les taux de refus les plus bas sont :
- Le Bas-Rhin (15 %)
- Le Morbihan (18 %)
- La Meurthe-et-Moselle (18 %)
- Les Pyrénées-Atlantiques (18 %)
- Paris/Côte-d’Or (20 %)
« Ces tensions sont la conséquence logique des départs massifs en retraite »
En 2018, l’Ordre des médecins a recensé 87 801 généralistes en activité régulière, ce qui représente 7 % de médecins en moins par rapport à 2010.
Le magazine affirme qu’à cette tendance à la baisse, s’ajoute les aspirations des nouveaux médecins qui « refusent de travailler autant que leurs aînés » et préfèrent pour beaucoup le salariat à l’exercice libéral.
UFC-Que Choisir estime que, plus que la suppression du numerus clausus en 2020, « d’autres solutions sont nécessaires pour une meilleure répartition sur le territoire. » Le mensuel réclame la mise en place d’un « conventionnement sélectif », c’est-à-dire que l’Assurance maladie conditionne l’installation des nouveaux médecins en zones surdotées. Dans ce sens, il invite les députés à adopter, la semaine prochaine, la proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention, par deux fois rejetées par la majorité (dans ses versions antérieures) en janvier 2018 et février 2019.
Enfin, l’Association des consommateurs demande à la ministre de la Santé de mettre fin à la pénalisation financière des patients sans médecin traitant.
Rappel : pourquoi passer par un médecin traitant ?
En effet, le médecin traitant est une étape obligatoire pour bénéficier d’un remboursement sécu optimal. En effet, le parcours de soins coordonnées, entré en application en juillet 2005, impose à chaque assuré social de plus de 16 ans de désigner un médecin traitant et de le consulter avant tout autre médecin (spécialistes), s’il souhaite bénéficier d’un remboursement maximal de ses consultations et frais de santé.
EXEMPLE : Remboursement consultation chez un généraliste
Vous consultez un médecin généraliste conventionné secteur 1, qui vous facture la visite 25 €.
Il s’agit de votre médecin traitant :
- Vous êtes dans le parcours de soins coordonnés.
- L'Assurance maladie vous rembourse sur la base d’un tarif de base de remboursement qu’elle fixe pour chaque acte médical. Dans le cadre d’une consultation chez un généraliste conventionné secteur 1, ce tarif de base est de 25 € sur lesquels l’Assurance maladie prend en charge 70 %.
Pour votre consultation, la Sécurité sociale vous rembourse donc 70 % de 25 € soit 17,50 €, moins 1 € au titre de la participation forfaitaire.
Vous percevez un remboursement de 16,50 €.
À noter que dans un deuxième temps viendra s’ajouter le remboursement prévu par votre complémentaire santé
Le médecin que vous avez consulté n’est pas votre médecin traitant :
- Vous êtes hors du parcours de soins coordonnés.
- L'Assurance maladie applique un taux de remboursement qui s’élève à 30 % du tarif de base, soit 7,5 € (30 % de 25 €) moins 1 € de participation forfaitaire.
Vous percevez alors un remboursement de l’assurance maladie de base de 6,50 €.
À LIRE :