Réforme des retraites : les Français rejettent en masse le report de l'âge légal

Alors que les contours de la réforme des retraites ont été récemment dévoilés par le gouvernement, une analyse de l’Institut Montaigne met en exergue le rejet massif du report de l’âge légal du départ à la retraite dans l’ensemble des catégories socio-professionnelles. Une opinion qui est paradoxalement peu déterminée par les conditions individuelle de travail. Ce rejet est particulièrement prégnant chez les moins de 35 ans, pourtant moins concernés par les effets de la retraite à court terme.
À LIRE :
Le report de l’âge légal à la retraite est majoritairement rejeté
L’étude confirme le « très faible soutien de l’opinion au report de l’âge légal de départ à la retraite », toutes catégories socio-professionnelles confondues :
- 7 % des sondés considèrent que l’âge actuel de départ à la retraite n’est pas assez élevé. Pour rappel, il est aujourd’hui fixé à 62 ans ;
- 48 % estiment quant à eux que 62 ans est d’ores et déjà un âge « excessif » pour partir à la retraite ;
- Pour 45 %, il est approprié.
Le rejet du report de l’âge légal reste moins prononcé chez les travailleurs indépendants et au sein des catégories socioprofessionnelles supérieures, qui partent en moyenne déjà plus tard que les autres à la retraite.
L’influence des conditions de travail vécues individuellement sur l’opinion
Aucune variable testée par l’Institut Montaigne ne ressort comme plus particulièrement explicative de ce rejet général. Pour le think-tank, cela démontre une « dynamique collective qui dépasse de beaucoup la simple question des retraites et qui traduit une crise politique plus générale (défiance vis-à-vis des gouvernements, sentiment général d’injustice) sans doute accompagnée par une forme d’anesthésie par rapport à la situation des finances publiques »
Cependant, plusieurs critères contribuent à trouver que l’âge actuel de départ à la retraite (62 ans) est trop élevé. Parmi eux l’insatisfaction sur le temps de travail ou le niveau d’autonomie, l’absence de perspectives de carrière, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la pénibilité ou encore l’impossibilité de pratique du télétravail.
Partir plus tôt, avec une pension de retraite plus faible : une solution envisagée par 44 % des sondés
44 % des sondés se disent prêt à partir plus tôt à la retraite avec une pension réduite : l’analyse des données montre que ces derniers n’ont généralement pas de bonnes perspectives professionnelles. Favorisent aussi cette opinion la pénibilité ou encore les horaires de travail atypiques.
« Ce résultat suggère qu’un nouvel allongement de la durée de cotisation pour l’obtention de la retraite à taux plein sans modification de l’âge minimum légal pourrait entraîner de nombreux départs précoces avec pension réduite, ce qui diminuerait fortement le rendement financier attendu de la réforme. »
41 % des personnes interrogées souhaitent quant à elles un aménagement de leurs conditions de travail avant le départ à la retraite. Cette envie d’aménagement de carrière est plus prégnant chez les salariés ayant une ancienneté d’au moins 15 ans qui n’envisagent ni reconversion ni mobilité professionnelle.
Il est à noter qu’environ 20 % des salariés se disent prêts baisser leur rémunération en fin de carrière, soit pour travailler moins, pour exercer une fonction différente que celle qu’ils pratiquent aujourd’hui.