Réforme des retraites : dialogue difficile entre les syndicats et l’exécutif

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Réforme des retraites : dialogue difficile entre les syndicats et l’exécutif
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Les discussions autour de la réforme des retraites continuent. Mercredi 18 décembre, les organisations syndicales et patronales rencontraient le Premier ministre, la ministre des Solidarités, et le nouveau secrétaire d'État aux retraites, Laurent Pietraszewski. Dans quel état d’esprit sont-ils à la suite de leur rencontre avec l’exécutif ?

Laurent ESCURE : Le secrétaire général de l’UNSA a senti des « ouvertures » sur la pénibilité et les aménagements de fin de carrière. S’agissant de l’âge pivot à 64 ans, que l’UNSA qualifiait la semaine passée de « ligne rouge », Laurent ESCURE se montre inflexible. Qualifiant la mesure de « punitive », il assure qu’il y a « d’autres voies que de faire travailler plus longtemps les salariés ». Si le gouvernement ne se montre pas coopératif sur ce point, l’UNSA appellera à la grève en janvier.

Philippe MARTINEZ : Pas de changements notables du côté de la CGT, qui regrette que la vision gouvernementale de la protection sociale soit trop éloignée de celle du syndicat : « Nous avons fait le constat qu’il y a deux conceptions différentes de la protection sociale qui s’affrontent : une gérée individuellement, et la nôtre, qui cherche à améliorer le système actuel qui prône la solidarité ». Sans surprise, la Confédération maintient ses positions et demande le retrait de la réforme des retraites.

Cyril CHABANIER : Le président de la CFTC, s’est dit « un peu plus optimiste qu’en entrant dans la réunion ». Parmi les points positifs, Édouard Philippe aurait évoqué la possibilité de l’augmentation du minimum contributif, annoncé dans un premier à 1 000 €, et affiché sa volonté de travailler sur des « pistes d’élargissement sur le travail de nuit ». Sur l’âge pivot, la CFTC n’en fait pas une priorité : « nous ne faisons pas du retrait de l’âge d’équilibre un préalable aux discussions ». Toutefois, il estime que les partenaires sociaux doivent garder la main sur cette question.

Geoffroy ROUX de BEZIEUX : Pour le président du MEDEF, l’équilibre du système de retraite doit passer par une mesure d’âge, mais les modalités peuvent encore être discutées afin de prendre en compte « les différents parcours des individus ». Le président est ouvert à la discussion sur la pénibilité, mais « en restant dans les critères actuels ». Deux points importants pour le MEDEF, à ne pas outrepasser : ne pas augmenter les cotisations, et ne pas piocher dans les réserves des régimes complémentaires de retraite Agirc-Arrco.

Laurent BERGER : Si le secrétaire général de la CFDT salut, à l’instar de plusieurs autres syndicats, une ouverture du gouvernement sur plusieurs pans de la réforme (pénibilité, minimum contributif, retraite progressive), il s’est dit « préoccupé » par la mesure d’âge d’équilibre visant à rétablir l’équilibre du système de retraite. Sur ce point, le syndicat se montrera intransigeant. Sur la pénibilité, la CFDT demande elle aussi le retour aux 4 critères de pénibilité [postures pénibles, vibrations mécaniques, manutentions manuelles de charges et agents chimiques, supprimés en 2017].

François ASSELIN : le président de la CPME, tout comme son homologue du Medef, s’est dit opposé à l’idée d’augmenter les cotisations pour équilibrer le système de retraite : « il est hors de question d’augmenter les cotisations, ce qui reviendrait à faire baisser le pouvoir d’achat de nos concitoyens et augmenter le coût du travail ». Trois solutions pour équilibrer le système : jouer sur le niveau des pensions de retraite, l’âge d’équilibre (ce que refusent plusieurs syndicats) ou sur les cotisations (inenvisageable pour le patronat).

Alain GRISET : Le président de l’U2P ne souhaite pas non plus une augmentation des cotisations pour financer le système de retraite, mais est ouvert à la question de l’âge de l’équilibre. Déjà lors des dernières rencontres avec le Premier ministre, l’U2P jugeait les propositions du gouvernement trop faibles pour « amortir la hausse des cotisations applicables aux professionnels libéraux ». Lors de la réunion d’hier, le président de l’U2P a « réaffirmé qu’il fallait continuer à travailler au niveau des professions libérales ».

Yves VEYRIER : Le secrétaire général de FO ne semble pas avoir été convaincu par sa rencontre avec Édouard Philippe. « Nous sommes convaincus de la justesse de nos positions, le Premier ministre aussi mais pas sur les mêmes. C’est bien là que le bât blesse ». En tout état de cause, il qualifie la réforme « derreur historique qui conduit l’État à gérer seul les retraites ».

François HOMMERIL : Le président de la CFE-CGC ne cache pas son inquiétude, et regrette de ne pas avoir « appris grand-chose » à la suite de son face à face avec le Premier ministre. Il déplore également le fait que l’exécutif ne prenne pas en compte les mobilisations massives de ces dernières semaines contre la réforme.

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