Quelle est la vraie rémunération des dirigeants de TPE ?

L’image d’un dirigeant de TPE bénéficiant d’un niveau de vie sécurisé ne reflète que marginalement la réalité du terrain. Une étude récente montre que de nombreux chefs de petites entreprises peinent à se rémunérer correctement, parfois en restant en dessous du minimum légal.

Ces données viennent nuancer des représentations tenaces, notamment celle qui voit le dirigeant d’entreprise se verser des salaires mirobolants. La réalité semble donc bel et bien plus nuancée chez les dirigeants de TPE.

La moitié des dirigeants ne se rémunère pas

C’est le premier constat dressé par le baromètre Dougs 2025, intitulé « les vrais revenus des entrepreneurs français ». Basée sur les données financières de plus de 20 000 sociétés, cette étude révèle que, parmi les dirigeants de TPE - ces structures de moins de 10 salariés -, 53 % ne se versent strictement aucune rémunération.

Pour les 47 % restants qui osent franchir le pas, la médiane annuelle s’élève à 21 631 euros, soit environ 1 800 euros brut par mois. À titre de comparaison, cela reste 21 % en deçà du salaire médian national, fixé à 26 400 euros.

Plus étonnant encore, « Parmi la part des entrepreneurs ne se rémunérant pas, 62% bénéficient de l’ARE et l’utilisent à leur lancement. » Cette logique n’est pas un signe d’échec, mais bien, selon l’étude, « la preuve que l’entrepreneuriat implique un pari sur l’avenir ».

En différant leur rémunération, ces dirigeants privilégient la solidité de leur projet : ils réinvestissent chaque euro disponible pour développer leur activité, accueillir leurs premiers clients ou absorber les dépenses incontournables du lancement. Cette stratégie permet également d’amortir les fluctuations propres aux débuts, période où le chiffre d’affaires reste incertain et où l’accès au crédit demeure limité.

Pour beaucoup, il ne s’agit donc pas d’un renoncement, mais d’un choix tactique destiné à donner à l’entreprise les meilleures chances de décoller.

Comment se rémunèrent les entrepreneurs ?

Trois profils se distinguent en matière de rémunération. Le premier, majoritaire (60,6 %), correspond aux entrepreneurs qui privilégient le « 100 % salaire ». Dans ce cas, la rémunération médiane atteint 15 017 € par an.

Ensuite, 19,6 % des dirigeants mixent salaire et dividendes, pour une médiane annuelle avoisinant 29 000 €.

Enfin, les entrepreneurs les plus établis optent pour le « 100 % dividendes », avec une rémunération médiane de 51 998 €. Cette dernière stratégie concerne généralement des dirigeants disposant d’une trésorerie solide et d’une activité déjà stabilisée.

La rémunération dépend également fortement du secteur dans lequel évolue l’entrepreneur. L’informatique arrive largement en tête, avec une rémunération médiane de 40 132 €, suivie du conseil en gestion (25 510 €) et de l’architecture-ingénierie (24 069 €). À l’inverse, le commerce de détail, l’artisanat ou encore le BTP peinent à dépasser les 15 000 € annuels, conséquence directe de marges faibles et d’investissements de départ plus lourds.

Le temps, meilleur allié des entrepreneurs ?

Les premières années constituent un pari souvent exigeant, mais les chiffres montrent que la patience finit par payer. La rémunération double en cinq ans, passant de 11 754 € durant les 18 premiers mois d’activité à près de 24 000 € au-delà de cinq ans.

L’étude rappelle également que l’entrepreneur n’envisage pas sa retraite comme un salarié : là où le salarié cotise, le dirigeant capitalise. Valeur de l’entreprise, revente future, immobilier professionnel, création d’une holding… les stratégies pour préparer l’avenir sont multiples, mais nécessitent du temps, des résultats et une vision à long terme.