Quand l’argent devient une arme : 24 % des femmes sous l’emprise financière de leur conjoint

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Quand l’argent devient une arme : 24 % des femmes sous l’emprise financière de leur conjoint

Contrôle des dépenses, comptes communs uniquement, détournement d’argent… Quels sont les moyens mis en place par certains conjoints pour contrôler leur partenaire ? Une étude publiée ce lundi 24 novembre lève le voile sur des pressions qui semblent malheureusement encore perdurer aujourd’hui.

Une femme sur quatre touchée

« Quand on contrôle l’argent, on contrôle les hommes », dit le célèbre adage. Mais à la lumière des derniers chiffres d’un sondage Ifop réalisé pour la Fédération nationale Solidarité Femmes et le Crédit Mutuel, ne faudrait-il pas plutôt inverser la formule et dire : « Quand on contrôle l’argent, on contrôle les femmes » ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une partie des hommes utilisent l’argent comme un levier de pression et de domination sur leur conjointe. Près d’une femme sur quatre (24 %) déclare ainsi avoir déjà subi des violences économiques de la part de son partenaire intime. Moins visibles que les violences physiques, ces agissements n’en sont pas moins profondément destructeurs : ils enferment les victimes dans une dépendance financière qui rend la séparation extrêmement difficile.

Des conséquences immédiates et durables

Le phénomène touche particulièrement les jeunes couples : 37 % des femmes âgées de 18 à 35 ans, actuellement en couple, déclarent avoir déjà été confrontées à ce type de situation. Plus en détail, 10 % des femmes interrogées affirment que leur conjoint a déjà détourné des sommes destinées au foyer ou aux enfants, tandis que 12 % évoquent un contrôle strict de leurs dépenses ou de l’accès à leurs ressources financières.

Autre donnée révélatrice : 28 % des femmes en couple ne disposent pas de compte courant personnel, un chiffre en hausse notable. Elles étaient 24 % l’an dernier, ce qui montre une progression inquiétante du manque d’autonomie financière au sein du couple.

Un risque accru de surendettement et d’interdiction bancaire

Interviewée sur France Info, Mine Günbay, directrice de la Fédération nationale Solidarité Femmes, a tenu à rappeler que ces violences sont tout sauf théoriques. « Toutes ces violences économiques instaurent un rapport de domination et, de fait, une dépendance économique des femmes à leur partenaire », a-t-elle indiqué, ajoutant : « Quand on n’a pas de ressources financières, c’est très difficile de partir ».

Parmi les conséquences directes observées :

  • 57 % des victimes déclarent avoir eu du mal à payer les besoins de base (nourriture, loyer, factures) ;
  • 15 % des femmes ayant subi des violences économiques ont connu le surendettement (10 %) ou ont été interdites bancaires (9 %).

À long terme, ces violences creusent également l’écart déjà existant en matière de retraite : interruptions de carrière forcées, absence de cotisations personnelles et dépendance financière réduisent drastiquement les droits futurs.

L’argent, une arme de contrôle pour les conjoints

L’étude montre également que plus la situation financière des femmes est précaire, plus le contrôle exercé par leur conjoint est fort. Ainsi, 27 % des femmes dont le conjoint gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une forme de violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre seulement 14 % des femmes dont les revenus sont équivalents à ceux de leur conjoint.

Comment réagir face à ce type de contrôle ?

Rappelons que depuis la loi du 30 juillet 2020, la violence économique est reconnue comme une circonstance aggravante des violences conjugales. Selon le Conseil national des femmes françaises, 55 % des femmes victimes de violences économiques ont un salaire, ce qui va à l’encontre de l’idée selon laquelle ce phénomène ne concernerait que les femmes non actives ou au chômage.

Dans tous les cas, plusieurs solutions sont à votre disposition si vous êtes dans une situation de chantage financier :

  • Appelez le 3919 (Violences Femmes Info) : anonyme, gratuit, disponible 24 h/24 et 7 j/7.
  • Contactez une association spécialisée (CIDFF, France Victimes, Solidarité Femmes).
  • Ouvrez un compte bancaire personnel, dans une autre agence si nécessaire (les banques ont l’obligation de vous accompagner).
  • Vérifiez vos droits sociaux et retraite sur Previssima.fr : RSA, prime d’activité, pension alimentaire, séparation de biens… De nombreux dispositifs existent pour rebâtir votre autonomie.

La violence économique n’est pas une simple « gestion rigoureuse du budget familial » : c’est une forme de maltraitance qui réduit les femmes au silence et peut les empêcher de s’épanouir pleinement dans leur vie quotidienne.

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