Protection sociale plus équitable et efficace : la Mutualité Française présente ses propositions

A la veille des discussions parlementaires sur le budget de la Sécurité Sociale (PLFSS), la Mutualité Française fait une série de propositions des solutions concrètes pour répondre aux besoins de soins et de protection de la population : améliorer l’accès aux soins et leur prescription, développer la prévention et financer la perte d’autonomie. Le point sur les propositions.
Soigner mieux tout en limitant les dépenses
Selon la Drees, les dépenses de santé s’élèvent à 315 milliards d’euros et augmentent deux fois plus vite que la richesse nationale. Plus des ¾ des Français pensent que le déficit actuel de la Sécurité sociale peut remettre en cause son avenir.
Afin d’éviter des mesures de rabot et des déremboursements qui pénaliseront les plus fragiles, il est indispensable de faire évoluer les pratiques des professionnels et le recours au soin. Par quels moyens :
- Une généralisation du dossier médical partagé (DMP) et une utilisation optimale du dispositif, tant par les professionnels de santé que les patients ;
- Une sensibilisation au bon usage du médicament. Il faut savoir que la France est le 5e pays européen en matière de consommation d’antibiotiques et que 4 prescriptions sur 10 % sont contraires aux recommandations. La FNMF appelle à mettre en place des bonnes pratiques de prescription recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS) est le gage pour des prescriptions plus pertinentes et éviter la multiplication d'actes redondants, notamment en imagerie et biologie.
Lutter contre les déserts médicaux
Près de 90 % des Français vivraient dans des zones considérées comme des déserts médicaux et 6 millions de patients seraient actuellement sans médecin traitant.
Face à ce constat préoccupant, la Mutualité française appelle à penser le parcours de soins non plus centré autour du seul médecin traitant mais avec une « équipe de soins traitante » constituée par le patient ou proposée à l’échelle de son territoire.
Cette « équipe de soins traitante » s’organise autour du médecin, généraliste ou spécialiste, appuyé par un assistant médical qui coordonne la prise en charge du patient et inclut un infirmier et un pharmacien. En fonction de ses besoins, le patient pourra choisir d’y intégrer d’autres professionnels de santé tels que des sage-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes.
Ces évolutions sont nécessaires pour lutter contre l’accès aux soins : 62% des Français déclarent avoir dû renoncer à des soins de santé au cours des 12 derniers mois, principalement en raison des délais d'attente (53%) et 68 % des Français considèrent qu’il faut totalement réorganiser notre système de santé. Enfin, 77% des Français estiment prioritaire d'encourager les professionnels de santé à s'installer dans les territoires où il en manque.
Miser sur la prévention
D’après un récent sondage Odoxa, 84% des Français considèrent qu’il est nécessaire de développer les actions de prévention pour limiter l’apparition des problèmes de santé mentale afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale.
Selon la Mutualité qui partage cet avis, la remise à plat de notre système de santé doit passer par le développement de la prévention qui présenterait des effets bénéfiques multiples :
- Faire adopter les bons comportements et les réflexes pour réduire les risques de maladie ;
- Améliorer le bien-être ;
- Limiter les inégalités en santé ;
- Répondre à l’impératif d’efficience en matière de prise en charge en raison d’une détection précoce des problèmes de santé.
Afin de permettre le développement de la prévention, il faudrait en faire une prestation de santé à part entière et donc investir dans la prévention afin de la reconnaître et de la valoriser. Actuellement, il faut savoir que les services de prévention déployés par les mutuelles ne sont pas considérés comme des prestations et de ce fait, s’imputent dans leurs frais de gestion.
Généraliser la couverture dépendance
71 % des Français indiquent que la dépendance est l’une des situations face à laquelle ils se sentent le moins préparés à faire face financièrement. Ils sont autant (75%) à considérer que l’action des pouvoirs publics dans le domaine de la dépendance est insuffisante.
Afin d’orienter les décideurs avant l’examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, la Mutualité française et France assureurs proposent, comme pour le risque « santé », de mutualiser ce risque, auxquel tous les Français sont exposés, en généralisant la couverture dépendance et l’adossant à la complémentaire santé, proposition portée avec France Assureurs. Pour un coût variant de 10 à 20 € par mois en fonction de l’âge à partir duquel on commence à cotiser, une rente mensuelle serait versée en cas de dépendance lourde. Et ce, sans impact sur les finances publiques et avec une mise en place possible dès l’année prochaine !
Reste maintenant à savoir si les nouveaux ministres prendront en compte cette recommandation.