Projet de « Grande Sécu » : les Français sont attachés au système de santé actuel (étude ADAF)

Missionné par le ministre de la Santé, le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) doit rendre dans les prochaines semaines, ses propositions visant à améliorer l'articulation entre l’assurance maladie obligatoire et les organismes complémentaires. L’objectif : remédier aux difficultés structurelles rencontrées par le système actuel.
Parmi les scénarios envisagés, une nationalisation du système de santé qui se traduirait par une « Grande Sécu » dans laquelle seraient absorbées les complémentaires santé.
Face à ces défis majeurs, les acteurs de l’assurance santé réunis au sein de l’Association pour le Développement de l’Assurance Française (ADAF), qui représentent 75 % du marché et protègent quotidiennement plus de 45 millions de personnes, ont décidé d’apporter leur contribution aux débats.
Ainsi, ils ont interrogés les Français sur l’avenir du système de santé et le rôle perçu de l’assurance santé via une étude conduite par l’institut BVA, avec le concours de l’Institut de la protection sociale (IPS).
Parmi les enseignements majeurs, un fort attachement des Français au système de santé tel qu’il existe aujourd’hui, reposant sur deux piliers - assurance maladie obligatoire et complémentaires santé -, un modèle unique, permettant notamment de garantir l’exercice de leur liberté de choix.
Les Français, attachés au système de santé actuel
Il ressort de cette étude un attachement fort des Français au système de santé actuel reposant sur deux piliers – Assurance maladie obligatoire et organismes de complémentaire santé – auquel ils accordent une note de 7,1/10. Comme composantes de cette satisfaction, on retrouve : la qualité des soins (7,4/10), la facilité à se faire rembourser (7,4/10), la prise en charge des jeunes adultes (6,9/10), l’offre et le choix de soins (6,8/10), la prise en charge des personnes âgées (6,6/10), la prise en charge de la prévention (6,4/10) et le coût restant à la charge des patients après remboursement (6,2/10).
Un système qui permet à tous d’être soignés à un coût raisonnable et selon ses besoins
L’écrasante majorité des sondés – 80 % des Français, 85 % des chefs d’entreprise et 81 % des professionnels de santé – considère que le système de santé « tel qu’il est organisé aujourd’hui, alliant assurance maladie obligatoire et complémentaires santé (mutuelles, assurances, instituts de prévoyance) », permet d’être sûr que soi ou ses proches pourront être soignés quoi qu’il arrive.
L’organisation du système de santé présente par ailleurs la garantie d’être soigné à un coût raisonnable : c’est ce que pensent près des trois quarts (74 %) des personnes interrogées. Selon les deux tiers des Français (65 %), le système contribuerait à réduire les inégalités.
En outre, près de 79 % des Français (61 % des personnes sans complémentaire santé) pensent que le système de santé actuel permet d’être soigné selon ses besoins, un avis partagé par 77 % des chefs d’entreprise et 71 % des professionnels de santé.
Maîtrise du parcours de soins et liberté de choix, parmi les principes plébiscités par les Français
L’étude conduite par BVA montre également l’attachement profond des Français à la maîtrise de leur parcours de soins, qui se matérialise notamment par la liberté de choisir leur professionnel de santé. Ainsi, les ¾ (76 %) des Français jugent comme « important » de pouvoir consulter le médecin ou le dentiste de leur choix, et ce, même si le professionnel pratique des dépassements d’honoraires. Cette liberté de choisir son praticien est encore plus fortement revendiquée par les chefs d’entreprise pour leurs salariés (89 %) et par les professionnels de santé pour leurs patients (93 %).
Ainsi, 59 % des Français déclarent consulter, pour eux-mêmes ou pour les membres de leur foyer, des spécialistes pratiquant des dépassements d’honoraires, ce taux passant à 37 % pour les consultations de généralistes pratiquant des dépassements. C’est ainsi qu’1 Français sur 10 seulement (11 %) choisit son praticien en fonction de ses tarifs. De même, l’évaluation du reste à charge apparaît être un critère de décision marginal, avancé par 15 % seulement des Français, la majorité d’entre eux (55 %) choisissant leur praticien selon d’autres critères que le prix (qualité, recommandation, emplacement, etc.).
Complémentaires santé : un rôle qui apparaît comme essentiel
70 % des Français considèrent que la force du système de santé consiste à avoir la possibilité de « se soigner comme on le souhaite ». L’exercice de cette liberté de soins ne peut s’appliquer pleinement sans la présence des complémentaires santé ; en effet, une large part des sondés souhaite que les complémentaires santé continuent de financer - seules, avec l’Assurance Maladie et/ou avec les patients - les dépassements d’honoraires (71 % de la population générale, 72 % des chefs d’entreprise et 78 % des soignants), les équipements optiques, auditifs et dentaires au-delà du 100 % santé (respectivement 69 %, 66 % et 77 %) et la médecine non conventionnelle (67 %, 66 % et 69 %).
Par ailleurs, le rôle des assureurs santé dans les parcours de soins apparait essentiel pour les trois quarts des Français qui jugent que leur complémentaire a été « au rendez-vous » dans les moments clés de leur vie - maternité, accident, maladie grave.
Enfin, l’étude révèle qu’une majorité de Français (59 %), de professionnels de santé (58 %) et d’employeurs (71 %) privilégie de conserver à l’avenir un système de copaiement* entre l’Assurance Maladie et les complémentaires santé pour garantir la liberté du parcours de soins, même si cela nécessite de s’acquitter d’un reste à charge. A l’inverse, un quart des Français seulement (26 %) et une minorité de dirigeants d’entreprise (22 %) et de professionnels de santé (13 %) préfèrent que l’État prenne en charge l’intégralité des frais de santé quitte à imposer des parcours de soins.
À NOTER
*Copaiement : pour la plupart des soins remboursés par l‘Assurance maladie, des participations financières des patients sont prévues : ticket modérateur, forfaits et franchises. Ces copaiements composent le reste à charge dit opposable. Ils sont réglés par le patient par l’éventuelle complémentaire santé.