PLFSS 2026 : les périodes de maternité et éducation désormais prises en compte pour la carrière longue ?
Le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 propose un changement important dans le calcul de la retraite anticipée pour carrière longue : les périodes liées à la maternité, à l’adoption ou à l’éducation d’un enfant pourraient désormais être intégrées dans les trimestres comptabilisés pour accéder au dispositif.
En parallèle, le gouvernement envisage par décret d’améliorer le mode de calcul de la pension des mères, en réduisant le nombre d’années de salaire prises en compte pour le calcul de leur retraite.
Le dispositif « carrière longue »
Le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue s’adresse aux personnes ayant intégré le marché du travail très jeunes et ayant cotisé pendant de longues années.
Depuis la réforme de 2023, il permet un départ avant l’âge légal, pouvant être à 58, 60, 62 ou 63 ans selon l’âge de début d’activité et la génération de l’assuré.
Pour y avoir droit, deux conditions doivent être réunies :
Un début de carrière précoce
L’assuré doit avoir validé au moins cinq trimestres avant l’un des âges « seuils » (ou quatre trimestres s’il est né au dernier trimestre de l’année) : 16 ans, 18 ans, 20 ans ou 21 ans.
Une durée d’assurance complète
L’assurée doit avoir validé la durée d’assurance correspondant au nombre de trimestres exigé pour sa génération. Mais ce n’est pas tout : une part minimale de ces trimestres doit être composée de trimestres réellement cotisés.
Et c’est sur cette deuxième condition que se joue toute la subtilité du dispositif.
En effet, tous les trimestres validés au titre de la retraite ne sont pas équivalents.
Le système de retraite en distingue plusieurs catégories :
- Les trimestres cotisés : ce sont ceux qui sont acquis par le versement effectif de cotisations, sur la base d’une activité professionnelle (emploi salarié, indépendant, etc.) ;
- Les trimestres assimilés : ils correspondent à des périodes non travaillées, mais validées pour la retraite (par exemple, de chômage, maladie, maternité, service militaire…) ;
- Les trimestres réputés cotisés : il s’agit d’un sous-ensemble de périodes non travaillées (comprenant les périodes données en exemple ci-dessus) que la loi autorise à compter comme si elles avaient été cotisées, mais dans une certaine limite. Par exemple, le service militaire peut être comptabilisé dans les trimestres « réputés cotisés », mais seulement dans la limite de 4 trimestres.
▶ Ainsi, même si un assuré dispose du nombre total de trimestres nécessaires pour une retraite complète, il ne pourra pas bénéficier du départ anticipé si une part trop importante de ces trimestres provient de périodes non cotisées (maladie, chômage non indemnisé, etc.).
Pourquoi cela nous intéresse ? Parce que le PLFSS 2026 vient justement élargir la liste de ces périodes « réputées cotisées » pour les rendre plus représentatives de certaines interruptions de carrière, notamment celles liées à la maternité ou à l’éducation des enfants. L’objectif est de mieux reconnaître les parcours professionnels interrompus pour ces raisons familiales, qui concernent majoritairement les femmes.
Maternité, adoption, congé parental : de nouvelles périodes « réputées cotisées » rentrent dans le dispositif carrière longue, dans la limite de 2 trimestres
L’article 45 du PLFSS 2026 propose donc d’intégrer, dans le calcul de la carrière longue, les majorations de durée d’assurance attribuées au titre de la maternité, de l’adoption ou de l’éducation d’un enfant.
▶ Ces trimestres supplémentaires, traditionnellement ajoutés à la durée totale d’assurance, seraient désormais assimilés à des trimestres cotisés lorsqu’il s’agit de l’éligibilité à la retraite anticipée.
Cette reconnaissance concernerait également les périodes de congé parental d’éducation lorsque leur prise en compte s’avère plus favorable pour l’assurée.
Le texte prévoit toutefois une limite : seules deux trimestres de ces majorations pourraient être retenus pour le calcul de l’éligibilité au dispositif.
Une mesure à forte portée sociale, notamment pour les femmes
Dans les faits, la quasi-totalité des majorations de durée d’assurance pour enfant sont attribuées aux mères : ce n’est que depuis les années 2010 que les hommes peuvent demander à bénéficier de 2 trimestres d’éducation (sous réserve qu’ils les demandent eux-mêmes, entre les 4 ans et les 4 ans et demi de l’enfant).
Cette mesure bénéficiera donc principalement aux femmes, en facilitant leur accès à la retraite anticipée pour carrière longue : selon les estimations, environ 3 % des femmes nées en 1970 pourraient ainsi partir plus tôt à la retraite. L’impact maximal du dispositif est attendu pour 2028, avec près de 12 000 bénéficiaires supplémentaires estimées.
L’application de cette réforme est prévue pour les pensions prenant effet à partir du 1er septembre 2026.
Vers une amélioration du calcul de la pension pour les mères ?
En complément de cette mesure, le gouvernement réfléchit à une autre réforme, qui ne figure pas dans le PLFSS lui-même mais qui fera l’objet d’un décret d’application.
L’objectif de cette réforme est de mieux valoriser les carrières des femmes ayant eu des enfants. Aujourd’hui, la pension de retraite du régime général est calculée à partir de la moyenne des 25 meilleures années de salaire. Une règle de calcul qui pourrait éventuellement être ajustée pour les mères, en prenant :
- Les 24 meilleures années retenues pour les femmes ayant un enfant ;
- Les 23 meilleures années pour celles ayant deux enfants ou plus.
Une mesure dont l’objectif est de corriger les effets de carrière incomplète ou hachée liés aux maternités et congés parentaux, qui réduisent mécaniquement la moyenne des revenus.
Et maintenant ? Le parcours parlementaire du PLFSS 2026
Le texte, déposé à l’Assemblée nationale le 23 octobre 2025, est actuellement examiné par la commission des affaires sociales. La discussion en séance publique est programmée entre le 4 et le 12 novembre 2025, avant un passage au Sénat. S’ensuivra la commission mixte paritaire puis, en cas de désaccord, une dernière lecture à l’Assemblée nationale. La promulgation au Journal officiel est attendue pour décembre 2025, sous réserve d’un éventuel contrôle du Conseil constitutionnel. Toutefois, le contexte politique - marqué par la fragilité de la majorité et le risque de motions de censure - laisse planer une incertitude sur le calendrier exact.