PLF 2025 : quel impact sur les fonctionnaires ?

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PLF 2025 : quel impact sur les fonctionnaires ?

Le 3 février 2025, le gouvernement Bayrou a eu recours au 49.3 pour faire adopter sans vote le Projet de loi de finances pour 2025. Celui-ci prévoit des mesures d’économies significatives qui touchent les agents de la fonction publique.

Bien que les trois jours de carence en cas d’arrêt maladie aient été écartés, sont actés la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie à 90%, le gel du point d’indice et la non-reconduction de la prime GIPA.

Alors que le gouvernement justifie ces choix budgétaires par l’objectif de ramener le déficit public à 5,4 % du PIB, les syndicats s’inquiètent d’une fragilisation de la fonction publique, en particulier dans des secteurs déjà sous tension tels que l’éducation et la santé.

L’indemnisation des arrêts maladie passe de 100 % à 90 % pour les agents publics

Une des mesures phares du PLF concerne la prise en charge des arrêts maladie dans la fonction publique. Durant leur arrêt maladie, les agents ne percevront plus 100 % de leur rémunération, mais 90 %, sauf en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

Cet amendement, voté par le Sénat et soutenu par Laurent Marcangeli (Ministre de la Fonction publique issu du CCB - Comité central Bonapartiste), vise à rapprocher le régime des fonctionnaires de celui des salariés du privé, où les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale ne sont que partielles. Une mesure qui devrait générer près de 900 millions d’euros d’économies, selon le gouvernement.

Le gouvernement renonce aux 3 jours de carence pour les fonctionnaires

En revanche, le gouvernement a renoncé à instaurer trois jours de carence en cas d’arrêt maladie.

Depuis 2018, les fonctionnaires sont déjà soumis à un jour de carence, instauré par l’article 115 de la Loi de finances pour 2018.

Le fait de rester à un seul jour de carence marque un compromis politique, après de vives oppositions syndicales dénonçant une mesure qui aurait pénalisé les agents de la fonction publique les plus précaires.

Si ce renoncement a été perçu comme un soulagement, la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie rencontre, elle, de nombreuses résistances. Le gouvernement justifie cette réforme par sa volonté de réduire l’absentéisme, via une dissuasion financière. Il table ainsi sur le fait que les agents publics seraient moins enclins à se mettre en arrêts de travail, si ces derniers entraînaient une perte de salaire.

Pour les syndicats, la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie fait défaut aux fonctionnaires dont l’état de santé est affecté par des conditions de travail difficiles, notamment pour le personnel public hospitalier et celui de l’Éducation Nationale, dont les revendications sur les conditions de travail persistent. Cette logique économique ferait selon eux abstraction des réalités de terrain, et risquerait d’affecter la qualité du service public.

Le gel du point d’indice

Le PLF confirme qu’aucune augmentation générale des salaires des fonctionnaires ne serait appliquée en 2025. Une revalorisation du point d’indice, qui sert de base au calcul des salaires dans la fonction publique, aurait, selon le gouvernement, représenté un coût d’environ 3 milliards d’euros pour l’État.

Cette annonce confirme la ligne suivie par l’Etat ces dernières années, avec une hausse exceptionnelle de 3,5 % en 2022 suivie d’une revalorisation plus limitée en 2023 (+1,5 %), avant d’atteindre en 2024 une absence de revalorisation, marquant un premier gel du point d’indice.

À noter :

En 2024, le gouvernement avait toutefois mis en place des revalorisations ciblées, notamment sous forme de primes ou d’augmentations spécifiques pour certaines catégories d’agents, comme les enseignants et les soignants, afin de limiter l’impact sur leur pouvoir d’achat.

La suppression de la GIPA

En parallèle, une autre mesure affectant directement le pouvoir d’achat des agents publics a été confirmée : la non-reconduction de la garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA), déjà supprimée l’année dernière (2024).

Ce dispositif, instauré en 2008, visait à compenser l’impact de l’inflation pour les fonctionnaires dont la rémunération évoluait moins vite que les prix. La GIPA bénéficiait aux agents dont le salaire de base avait progressé moins vite que l’inflation, sur une période de référence de quatre ans.

En 2023, 188 000 agents en avaient bénéficié. Son abandon représenterait une économie de 800 millions d’euros pour l’État, mais est perçu par les syndicats comme une perte de soutien pour les agents aux carrières les plus stagnantes.

À noter :

La GIPA bénéficiait principalement aux fonctionnaires de catégorie C et B ainsi que certains contractuels, car ces agents disposent des grilles indiciaires les moins favorables : contrairement aux cadres de catégorie A qui peuvent bénéficier d’une progression plus rapide grâce à des promotions ou des primes plus conséquentes, les agents de catégorie C et B ont une progression d’échelon plus lente et des augmentations de salaire plus faibles.

De plus, ces catégories regroupent une part importante des fonctionnaires aux carrières longues, souvent en fin de parcours professionnel, où les avancements deviennent plus rares. C’est donc eux qui bénéficiaient le plus fréquemment de la GIPA, garantie permettant de compenser cette absence de revalorisation salariale.

Un PLF sous contrainte politique

Le gouvernement maintient donc le gel du point d’indice, la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie et la non-reconduction de la GIPA. Il renonce toutefois à d’autres mesures controversées, comme le passage à trois jours de carence et la suppression de 4 000 postes dans l’éducation nationale. Il maintient également la création de 2 000 postes d’AESH, affichant une volonté de préserver certains secteurs jugés prioritaires.

Ces ajustements ne relèvent cependant pas d’un changement de cap, mais plutôt de concessions politiques, du fait notamment du parti socialiste avec qui François Bayrou a obtenu un accord pour éviter une nouvelle censure du budget.

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