Philippe CAPON (UNSA Police) : « Nous devons bénéficier des mêmes conditions de retraite que les gendarmes »

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Philippe CAPON (UNSA Police) : « Nous devons bénéficier des mêmes conditions de retraite que les gendarmes »
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Alors que le mouvement de grève contre la réforme des retraites en est à son 26e jour, le Gouvernement semble faire quelques concessions. Policiers, gendarmes, enseignants, hôtesses de l’air, danseurs d’opéra, ou encore cheminots, pourront bénéficier d’aménagements.

Toutefois, cela ne semble pas apaiser la colère de tous ; en effet, une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle est prévue le 9 janvier prochain.

Sur la question des points de blocages liés à cette réforme, les revendications diffèrent : certains souhaitent la suppression de l’âge pivot fixé à 64 ans, d’autres, rejettent la mise en place d’un système par points ou encore, réclament une plus grande équité de traitement.

C’est notamment le cas du syndicat UNSA police, qui exige un alignement des modalités de retraite des policiers avec celles des gendarmes, qui bénéficieront de la clause du « grand père ». Dans un entretien accordé à Previssima, Philippe Capon, le Secrétaire général du syndicat, a évoqué ce point et a détaillé plus précisément la position de l'UNSA Police face à la réforme des retraites.

Previssima - Quelles sont les spécificités du régime des policiers ?

Philippe Capon - Les policiers des corps actifs de la police nationale bénéficient d’un statut spécial.

3 corps sont concernés :

  • Le corps d’encadrement et d’application, qui comprend plus de 100 000 policiers, les gardiens de la paix et les gradés de la police nationale
  • Le corps de commandement, composé des officiers de police
  • Le corps de conception, composé des commissaires de police et hauts-fonctionnaires

Les deux premiers corps bénéficient d’une ouverture des droits à 52 ans et d’un départ en retraite à 57 ans.

Le corps de conception et de direction, d’une ouverture des droits à 57 ans avec un départ à 62 ans.

Ce départ anticipé est possible grâce aux 5 années de bonifications obtenues après 27 ans de service.

En contrepartie, les policiers n’ont pas le droit de grève et sont soumis à certaines règles applicables pendant et en dehors du service.

Quels sont vos points d’opposition avec la réforme des retraites ?

Nos oppositions portaient sur la volonté de l’Administration de différencier la retraite des policiers, suivant le poste occupé durant la carrière.

Si les policiers sont opérationnels sur le terrain, nous avons aussi besoin de policiers sur des missions de soutien logistique et administratif, de policiers connaissant le terrain et qui sont en mesure de préparer et d’organiser les missions.

Cette première opposition a été levée le 12 décembre dans un courrier que nous a adressé le ministre de l’Intérieur.

Justement, le 12 décembre dernier, vous avez rencontré le ministre de l’Intérieur, M. Castaner ; êtes-vous satisfait des concessions accordées ?

On ne peut pas parler de concession mais du respect des engagements pris lors du recrutement des policiers. Lorsqu’un policier est recruté, il s’engage à exercer une profession dangereuse, à être disponible, à avoir des horaires de travail atypiques, à être affecté loin de chez lui et de ses attaches familiales les premières années de sa carrière - 8 ans minimum pour les policiers recrutés au concours d’Ile-de-France.

Le ministre de l’Intérieur a accepté de valider ces principes, admettant qu’au cours de sa carrière, le policier effectuait un travail dangereux et difficile, quelle que soit la mission exercée, et qu’il devait, de ce fait, maintenir un statut spécifique pour les policiers.

Néanmoins, le maintien des bonifications au 1/5e (attribution d’une annuité de retraite supplémentaire, soit 4 trimestres de cotisations, toutes les 5 années de service, plafonné à 5 annuités, ndlr) par des cotisations employeur et la prise en compte des primes dans le futur système restent flous et demande à être précisée.

À noter aussi que le nouveau régime de retraite se met en place pour tous les policiers nés à partir de 1985 et tous les nouveaux entrants dans la profession.

Plus généralement, que pensez-vous de l’instauration d’un régime de retraite par points ?

Le régime par points, tel qu’il est présenté par le Gouvernement, présente l’intérêt de garantir une retraite minimum à hauteur d’un SMIC pour ceux qui ont travaillé toute leur vie. Cela me parait être une nécessité absolue.

Cependant, la difficulté de ce régime par points réside dans le fait que l’État n’est pas en mesure de faire des projections sur les futurs montants de retraite, ce qui rend la réforme suspicieuse et favorise des oppositions justifiées par le manque d’informations fiables.

Or, les projections sont indispensables pour donner de la crédibilité à cette réforme en partant du principe que les retraites ne baisseront pas.

En ma qualité de secrétaire général de l’UNSA Police, il est inconcevable que les policiers puissent bénéficier d’une retraite dont le montant pourrait baisser dans les années à venir.

Les militaires et donc les gendarmes, ne seraient pas concernés par la réforme des retraites ; cela a provoqué l’indignation des policiers qui réclament un traitement équitable. Allez-vous reprendre la mobilisation ?

Après les annonces du 12 décembre, des engagements plus favorables auraient été pris pour les gendarmes et en particulier, les sous-officiers de gendarmerie, l’équivalent du corps d’encadrement et d’application (CEA) dans la police nationale, c’est-à-dire le plus « gros » des effectifs de la gendarmerie comme de la police.

Les sous-officiers de gendarmerie bénéficieraient de la « clause du grand père », ce qui est intolérable pour nous, policiers. Nous devons bénéficier des mêmes conditions de retraite que les gendarmes.

Il n’est pas question pour moi de réduire les droits des gendarmes en matière de retraite ; je souhaite au contraire que les policiers puissent être soumis à un traitement identique et bénéficier de cette même clause dite du « grand père ».

Nous avons prévu une réunion intersyndicale le 06 janvier 2020. Si nous ne sommes pas entendus avant cette date, nous nous mobiliserons de nouveau.

Désormais, qu’attendez-vous du Gouvernement ?

J’attends du Gouvernement clarté et cohérence. Le Président de la République a déclaré que la réforme se ferait.

Il est toutefois difficile de comparer les secteurs public et privé – chaque métier présentant ses propres contraintes et celles des policiers, citées ci-dessus, sont nombreuses.

En effet, comment comparer le public et le privé sachant notamment qu’un policier n’a pas de prise en charge au titre d'une complémentaire santé, ne dispose pas d’un Comité d’entreprise, ou encore, qu’il est exposé, à travers sa profession, à un danger constant, cela, qu’il soit de service ou non.

Dès lors, même si l’UNSA Police est réformiste, il n’est pas question pour nous d’accepter des mesures préjudiciables à notre profession.

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