Perte d’autonomie : devenir proche aidant d’une personne âgée affecte-t-il la santé ?

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié début octobre une étude en collaboration avec l’Institut des politiques publiques (IPP) sur l’état de santé des proches de seniors en perte d’autonomie vivant à domicile.
L’occasion de mettre en lumière les défis croissants liés au vieillissement de la population française, et l’importance du rôle des 9,3 millions de Français proche aidant.
Les aidants en meilleure santé que les non-aidants : un résultat en trompe l’œil
L’étude a notamment eu pour objectif de comparer la santé des 3,9 millions proches aidants âgés de 60 ans ou plus à celle de non-aidants du même âge.
Les résultats peuvent sembler étonnants : les seniors aidants se déclarent en meilleure santé que les non-aidants. En effet, seulement 8 % des aidants se déclarent en mauvaise ou très mauvaise santé, contre 14 % des seniors.
Ce constat peut sembler paradoxal, mais il peut s’expliquer doublement :
- Les aidants peuvent se percevoir en meilleure santé par rapport à la personne qu’ils aident, ce qui influence leur auto-évaluation ;
- Les personnes en meilleure santé sont plus susceptibles de devenir aidants.
Cohabiter avec une personne dépendante aggrave l’état de santé
Par ailleurs, l’étude révèle que les seniors cohabitant avec une personne dépendante se déclarent plus fréquemment en mauvaise ou en très mauvaise santé (24 %) que les autres seniors (12 %).
Leur santé mentale est particulièrement affectée, et la DREES souligne qu’ils consomment davantage de médicaments psychotropes :
- 35 % des seniors cohabitant avec une personne en perte d’autonomie sont en détresse psychologique, contre 14 % des seniors non-aidants ;
- 39 % ont consommé au moins une fois un anxiolytique ou antidépresseur dans l’année, contre 27 % pour les autres seniors.
De manière générale, les personnes aidant régulièrement une personne âgée de 60 ans ou plus, une sur deux déclare que l’aide apportée a une conséquence sur sa santé. Selon l’enquête CARE-Ménages :
- 19 % des proches aidants déclarent au moins une conséquence sur leur santé physique : fatigue physique, trouble du sommeil, problème de dos ou palpitations ;
- 37 % déclarent au moins une conséquence sur leur santé mentale : fatigue morale, solitude, se sentir dépressif, anxieux.