Perte d’autonomie à domicile : La DREES révèle des disparités entre les territoires français

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Perte d’autonomie à domicile : La DREES révèle des disparités entre les territoires français
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Dans son dossier d’avril 2019*, la DREES** s’est penchée sur le sujet de la perte d’autonomie des personnes âgées à domicile, en menant une étude comparative entre les différents départements français (hors Mayotte). L’étude couvre plusieurs dimensions de la perte d’autonomie pour les personnes âgées de 75 ans ou plus, hommes et femmes confondus.

Un constat : l’Ouest de la France ainsi que Paris et sa région sont les moins touchés par la perte d’autonomie à domicile. À l’inverse, les départements d’Outre-mer (DOM) ont des prévalences de dépendance particulièrement élevées par rapport au reste du territoire français.

Une réelle disparité des territoires français face à la perte d’autonomie

Une enquête précédente conçue par la DREES et réalisée par l’Insee*** (l’enquête VQS 2014) avait permis d’identifier trois dimensions de la perte d’autonomie chez les plus de 60 ans dans un score unique, appelé « score VQS », allant du groupe I (les seniors les plus autonomes) au groupe IV (les seniors très dépendants). Le dossier de la DREES reprend les acquis de cette enquête.

L’analyse de 2019 porte sur les individus âgés de 75 ans ou plus, car les prévalences de la perte d’autonomie sont plus élevées pour cette tranche d’âge que pour les plus de 60 ans.

Le graphique ci-dessous révèle une forte disparité des territoires quand aux seniors considérés comme « très dépendants ». Chez les individus âgés de 75 ans ou plus, les prévalences moyennes et médianes en France sont identiques et égales à 12 %. La Guadeloupe est le département pour lequel cette prévalence est la plus élevée (avec 24 % de seniors en groupe IV VQS), tandis que le Morbihan a la plus faible prévalence, avec seulement 7% des seniors dans ce groupe.

Carte France ou vivent les seniors très dépendants

Le niveau de groupe VQS corrélé à la limitation d’activité générales

Pour dégager des résultats, l’étude s’est également fondée sur l’indicateur de limitations d’activités générales, dit « GALI. Cet indicateur permet d’avoir une vision générale des limitations d’activité des personnes âgées sans spécifier une activité particulière. Bien souvent, il existe des corrélations entre les résultats de groupe VQS et la part élevée d’incapacités au sens de l’indicateur GALI.

En moyenne, près de 20 % des plus de 75 ans se disent limités dans leurs activités. C’est en Guadeloupe que la limitation est maximale (30%), tandis que l’Essonne enregistre la minimale française avec 14 %.

Carte France des seniors se déclarant très limités dans leurs activités

Limitations physiques, sensorielles et cognitives

Pour les limitations physiques (difficultés pour marcher, lever le bras, se servir de ses mains ou se pencher), la prévalence moyenne à domicile est de 36 %. La Réunion a la prévalence de la dépendance la plus élevée avec 49 %, tandis que les Yvelines enregistrent un pourcentage de 27%.

Concernant les limitations sensorielles à domicile (difficultés à voir et à entendre), le Centre de la France est le plus touché. Les écarts trouvent leur origine dans les disparités de catégories socioprofessionnelle et donc d’exposition aux risques. Les employés et ouvriers ont des risques accrus, comparativement aux cadres, de rencontrer des limitations sensorielles et/ou physiques.

Sur les limitations cognitives (se concentrer plus de 10 minutes, se souvenir des choses importantes, résoudre les problèmes de la vie quotidienne), la moyenne française est de 15 %. La Guadeloupe a une prévalence de 32 %, tandis que celle du Morbihan est de 10 %.

Disparités de perte d’autonomie liées à l’offre sur le territoire et au niveau socioéconomique

L’étude réalisée démontre une corrélation entre une perte d’autonomie élevée à domicile et un faible taux d’équipement en places en établissement d’hébergement pour personnes âgées. Il est possible que par manque de place, les personnes âgées issues des départements ne proposant que peu de place en hébergements spécialisés soient contraintes de rester plus longtemps à domicile. À l’inverse, le sondage constate que les départements où le taux d’équipement est élevé sont ceux où la dépendance à domicile, qu’elle soit physique, cognitive ou générale, est plutôt faible.

En outre, le taux d’équipement en places est lui-même inversement corrélé à la densité d’infirmiers libéraux en activité et au taux de recours à l’aide professionnelle.

Le seuil de pauvreté joue également un rôle important dans la compréhension de la perte d’autonomie. Le dossier révèle que les départements où le taux de pauvreté est élevé correspond aux départements où les incapacités à domicile (notamment les limitations cognitives) sont les plus importantes. Par contre, le niveau ne pauvreté ne joue pas particulièrement sur les limitations physiques et générales d’activité à domicile.

*Référence : Mathieu Brunel (DREES) et Amélie Carrère (DREES et Ined), 2019, « La perte d’autonomie des personnes âgées à domicile - Quelles disparités entre départements ? », Les Dossiers de la DREES, n°34, DREES, avril.

**Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques

*** Institut national de la statistique et des études économiques

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