Monétisation de la 5ème semaine de congés payés, plus grande flexibilité des contrats… Les nouvelles pistes du gouvernement pour « travailler plus »

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Monétisation de la 5ème semaine de congés payés, plus grande flexibilité des contrats… Les nouvelles pistes du gouvernement pour « travailler plus »

Dans le prolongement du discours sur le plan budgétaire 2026 du 15 juillet 2025, et alors que le gouvernement cherche à redresser les finances publiques, l’exécutif veut ouvrir un nouveau front : une réforme du marché du travail et des conditions d’exercice du travail. Deux grandes négociations sont annoncées pour les mois à venir.

La première porte sur l’assurance chômage, déjà en cours. La seconde, qui devrait démarrer fin juillet ou début août, visera plus largement à « moderniser le marché de l’emploi » et à « améliorer la qualité du travail ». La lettre de cadrage, transmise aux partenaires sociaux dans les prochaines semaines, en fixera le cap. L’objectif est dd’aboutir d’ici fin 2025 à un socle de réformes, qui pourraient impacter le quotidien de millions de salariés.

Mieux faire travailler la France ?

Sur le volet « modernisation du marché du travail », le gouvernement assume un mot d’ordre : travailler plus. Concrètement, cela se traduit par plusieurs pistes de réforme évoquées par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.

  • Plus de flexibilité dans les contrats : il s’agirait de permettre à des accords d’entreprise (et non plus seulement de branche) de fixer les règles du jeu pour des formes d’emploi comme le CDD, le CDI de chantier ou le CDI intérimaire. L’objectif affiché ? Adapter le droit du travail aux réalités de terrain, sans modifier frontalement le code du travail.
  • Réduction des délais de contestation des ruptures de contrat de travail : pour « inciter à l’embauche » et « réduire les contentieux », le gouvernement envisage de réduire les délais durant lesquels un salarié peut contester une rupture de contrat (hors cas de harcèlement ou de discrimination). Une mesure qui semble, de prime abord, pensée pour sécuriser juridiquement les employeurs, et qui pourrait fragiliser les droits des salariés les plus précaires, pour qui ces délais sont parfois le seul levier de recours.
  • Monétisation de la 5ème semaine de congés payés : l’idée d’autoriser une sorte de « vente » au salarié de sa cinquième semaine de congés payés a été mise sur la table. Cela irait dans le sens d’un allongement du temps de travail, mais sur la base du volontariat. Reste à voir si ce volontariat ne deviendra pas une pression implicite pour le salarié, dans certains secteurs sous tension ou mal payés.
  • Limiter la hausse des arrêts maladie : dans la continuité des propositions proposées par la Cnam depuis quelques mois, le gouvernement souhaite freiner l’augmentation du nombre d’arrêts de travail. Une orientation qui s’inscrit dans une logique de « responsabilisation » des assurés, mais qui risque de faire l’impasse sur les causes structurelles de cette hausse : dégradation des conditions de travail, pénurie de personnel, usure professionnelle… Autant de facteurs qui relèvent, souvent, davantage de politiques de prévention que de mesures de régulation.

Rehausser la qualité du travail

En parallèle, l’exécutif veut intégrer un second versant à cette future réforme : la qualité de vie au travail, notion souvent reléguée au second plan dans les débats sur l’emploi. Quelques pistes ont été avancées :

  • Lutter contre le temps partiel subi, en encadrant mieux les horaires fractionnés ou les déplacements non rémunérés ;
  • Préserver la santé au travail, en renforçant notamment le dialogue social de proximité et les politiques de prévention ;
  • Réduire les accidents du travail graves et mortels, via la formation des employeurs et encadrants, une meilleure inspection du travail, ou encore la mise en place de sortes de bonus/malus relatifs aux AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) pour les entreprises ;
  • Mieux représenter les salariés, en abaissant les seuils à partir desquels leur présence est obligatoire dans les conseils d’administration ;
  • Favoriser la négociation dans les petites entreprises, en donnant plus de moyens aux TPE et PME pour négocier à leur échelle, dans l’entreprise comme au sein de la branche.

Il faudra attendre l’automne pour voir si ce second volet, plus social, constitue uniquement un contrepoids narratif dans une réforme qui mise surtout sur une plus grande flexibilitédes salariés et l’intensification de leur travail, ou permettra réellement de mieux les protéger.

Une réforme aux contours encore flous

Si l’exécutif affiche un objectif de dialogue, certaines propositions - comme la réduction des délais de contestation ou la monétisation des congés payés - pourraient être perçues comme favorables aux employeurs, au risque de déséquilibrer le compromis social. Les mesures relatives à la qualité de l’environnement professionnel relèvent davantage d’un travail de long terme, dont l’efficacité dépendra de leur mise en œuvre concrète.

Dans tous les cas, cette réforme s’inscrit dans une séquence politique plus large, où le gouvernement tente de concilier consolidation budgétaire et transformation du modèle social. Elle viendra nourrir, avec les volets fiscaux déjà annoncés, un automne qui s’annonce dense sur le front social.

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