Lutte contre les maladies chroniques : les 20 préconisations du CESE

Le Conseil économique social et environnemental (CESE) a publié, en date du 11 juin dernier, un avis concernant les maladies chroniques.
Si l’on compte en France 11 millions de personnes reconnues en affection de longue durée (ALD), il y en aurait en réalité plus de 20 millions qui seraient concernées par les maladies chroniques. Fait inquiétant, leur prévalence serait en hausse constante.
Vieillissement de la population, facteurs environnementaux (pollution, etc.), modes de vie sédentaires, comportement à risques (addictions, etc.), conditions de travail difficiles, etc., les causes de la progression des maladies chroniques sont multiples.
Face à ce constat, le CESE appelle à une « indispensable » adaptation du système de santé français et de son mode de financement.
Le système de santé actuel, inadapté
La performance du système de santé français n’est plus à prouver, notamment à travers les résultats significatifs obtenus dans le cadre de la lutte contre les maladies aigües, ce qui a contribué à augmenter de l’espérance de vie. Toutefois, son organisation, centrée autour de l’hôpital et reposant sur des professions, cet espèce de cloisonnement finalement, empêche, selon le CESE, « la mise en place d’une politique de prévention et de prise en charge des maladies chroniques », par son inadaptation.
Ce cloisonnement entre la médecine de ville et les établissements hospitaliers, le médical et le social a contribué à faire des parcours de soins, « une juxtaposition de prestations médicales voire une succession de séquences de soin ». La réalité des maladies chroniques est complètement inadaptée à ce cadre-là.
Une impérieuse coordination des parcours est nécessaire, ne se limitant pas au simple échange d’information mais plutôt à une prise en charge d'ensemble, coordonnée et cohérente.
Les 20 préconisations du CESE
Dans son avis, le CESE a formulé 20 préconisations pour lutter contre les maladies chroniques, articulées autour de 3 axes :
- Agir sur les causes et les connaissances
- Améliorer la pertinence des soins et la fluidité des parcours
- Vivre avec la maladie : autonomie et participation
- Préconisation 1 : confier conjointement aux ministères des Solidarités et de la Santé et de la Transition écologique la mise en œuvre, l’évaluation et le contrôle d’une politique publique de prévention des maladies chroniques qui répondrait à plusieurs objectifs (favoriser la diffusion des connaissances validées, généraliser les études d’impact sur la santé des projets, proposer les mesures de prévention à prendre, notamment réglementaires ou législatives, etc.)
- Préconisation 2 : mise en place, à l’échelle européenne, d’une stratégie de réduction des expositions aux perturbateurs endocriniens d’une part, par l’adoption d’une définition légale et d’autre part, par la mise en œuvre d’une législation commune
- Préconisation n° 3 : action sur les comportements individuels à travers notamment un renforcement de l’éducation à la santé
- Préconisation n° 4 : la mise en œuvre d’une politique de prévention des maladies chroniques efficace repose la délivrance à la population, d’une « information transparente, fiable et compréhensible» (étiquetage transparent, interdiction de la publicité trompeuse ou mensongère, etc.)
- Préconisation 5 : renforcer la formation professionnelle sur les maladies chroniques, leur prévention, leur annonce, leur accompagnement, etc.
- Préconisation 6 : développer des programmes indépendants de recherche sur les maladies chroniques abordant la pathologie sous un ange social, médical, économique ou encore, environnemental
- Préconisation 7 : accélérer le déploiement du Dossier médical partagé (DMP), véritable outil de coordination médicale, médico-sociale et sociale
- Préconisation n°8 : simplifier la mise en place des projets de regroupement des professionnels de santé et de coordination des soins, affichant un objectif d’amélioration de l’accompagnement global des malades chroniques
- Préconisation n° 9 : renforcer la pratique de la contractualisation entre les EHPAD et les structures médicales, sociales et médico-sociales locales
- Préconisation 10 : progresser, en concertation avec les organisations professionnelles, dans les « pratiques avancées » lorsqu’elles s’inscrivent dans un objectif de prise en charge coordonnée des maladies chroniques
- Préconisation 11 : établir, en association avec les patients, un bilan des premières rémunérations forfaitaires en vue de leur élargissement
- Préconisation 12 : accélérer le déploiement de la télémédecine en l’orientant vers la prise en charge des maladies chroniques
- Préconisation n° 13 : partir du besoin des patients pour construire la prise en charge médicale, médico-sociale et sociale et non de l’offre disponible
- Préconisation n° 14 : renforcer la place de l'éducation thérapeutique du patient dans les pratiques des structures sociales et médico-sociales
- Préconisation n° 15 : accélérer la co-construction, avec les patients, des indicateurs de qualité communs (coordination, continuité des soins, qualité de l'accompagnement, etc.)
- Préconisation n° 16 : recentrer davantage la médecine du travail, dans une logique de parcours, sur le maintien ou le retour dans l’emploi des salariés souffrant de maladies chroniques
- Préconisation n° 17 : définir un cadre pour la coordination médecin du travail/médecin traitant/hôpital et employeur, qui permettrait d'organiser de façon plus anticipée, le maintien dans l'emploi et l'accompagnement lors de la reprise de travail
- Préconisation n° 18 : développer l’offre d’appartements de coordination thérapeutique, de lits de halte de soins santé et de lits d’accueil médicalisés pour mieux accompagner les malades chroniques
- Préconisation n° 19 : lutter contre la déscolarisation à travers l’application effective des droits des élèves atteints de pathologie(s) chronique(s).
- Préconisation n° 20 : faire le bilan de l’application et des limites de la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) afin de garantir le droit à emprunter et à s'assurer pour les malades chroniques