Lunettes et prothèses auditives : les mutuelles veulent durcir les conditions de remboursement

Pour contenir la hausse des dépenses de santé, les complémentaires envisagent de revoir certaines règles de remboursement. Parmi les mesures à l’étude : espacer davantage le renouvellement des équipements remboursés.
Les lunettes ne seraient plus prises en charge intégralement que tous les trois ans, au lieu de tous les deux ans, et les prothèses dentaires tous les cinq ans au lieu de quatre. Une orientation qui marque un tournant dans l’approche du « 100 % Santé ».
La réforme « 100 % Santé », trop coûteuse ?
Depuis le 1er janvier 2021, la réforme « 100 % Santé » permet aux assurés bénéficiant d’une complémentaire santé responsable ou de la Complémentaire santé solidaire d’accéder à un panier de soins intégralement remboursé, notamment en optique, dentaire et audioprothèse.
Si cette mesure a permis d’élargir l’accès aux soins, les mutuelles estiment qu’elle a également fait exploser leurs dépenses, en particulier dans le secteur de l’audioprothèse, où le taux d’équipement a fortement progressé.
Face à cette situation, Eric Chenut, président de la Mutualité française – qui regroupe les principales complémentaires santé à statut mutualiste – a plaidé dans le journal Les Échos pour une révision des obligations imposées aux contrats responsables. L’objectif est clair : assurer la pérennité économique des offres tout en maintenant un accès raisonnable aux soins.
Un allongement des délais de remboursement
« On est dans une pseudo-gratuité où les gens ne se rendent plus compte de ce que cela coûte », a expliqué Eric Chenut. Selon lui, seule une action sur la dynamique des dépenses permettra de préserver l’équilibre du système. Parmi les pistes proposées :
- Limiter le remboursement des lunettes à un renouvellement tous les trois ans (au lieu de deux actuellement),
- Allonger le délai de remboursement intégral des prothèses dentaires à cinq ans (au lieu de quatre).
Vers un recentrage des garanties
Au-delà de l’allongement des délais, un recentrage des garanties du contrat responsable est également envisagé. Il s’agirait notamment de renforcer les incitations à suivre le parcours de soins coordonné, tout en allégeant certaines obligations de remboursement. Cela se traduirait par une baisse des montants pris en charge : par exemple, le remboursement d’une monture de lunettes pourrait être plafonné à 30 euros, contre 100 euros aujourd’hui. La fin de la prise en charge des culottes menstruelles est également à l’étude.
Ces propositions devraient être présentées à l’exécutif dans les jours à venir. Selon la Mutualité française, elles pourraient entraîner une baisse des cotisations de l’ordre de 20 à 25 %, en contrepartie d’une couverture moins étendue.