L’Etat refuse d’accorder un prêt à l’AGIRC-ARRCO : le paiement des pensions est-il menacé ?

La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a entraîné la mise en place de certaines mesures économiques d’urgence, telles que le recours massif au chômage partiel ou encore, le report du paiement des cotisations sociales. Ces dispositions ont mis en difficulté l’AGIRC-ARRCO, la caisse de retraite complémentaire des salariés du privé et assimilés qui a été confrontée à une baisse importante des recettes et donc de trésorerie.
Alors, afin d’affronter les conséquences de la crise financière et de garantir le paiement des pensions de juin et de juillet, le président (CFDT) du régime, Jean-Claude Barboul, et son vice-président (Medef), Didier Weckner, ont adressé, en date du 6 mai dernier, une lettre à Gérald Darmanin, ministre de l’Action et de Comptes publics, afin de demander une avance de trésorerie – remboursable – de l’ordre de 8 milliards d’euros.
Ils se sont toutefois heurtés à une fin de non-recevoir : en effet, dans son courrier de réponse du 29 mai, l’Etat a annoncé refuser l’octroi de ce prêt, estimant que l’AGIRC-ARRCO disposait des réserves nécessaires – 65 milliards d’euros en 2019 – pour pallier la baisse des recettes.
Or, ces réserves sont constituées d’actions et d’obligations et certaines ont pu voir leur valeur chuter ces derniers mois, du fait de la crise ; les dirigeants de l’AGIRC-ARRCO ont alors estimé qu’il était plus opportun de demander un prêt que d’utiliser ces réserves.
De son côté, l’Exécutif a jugé que « les actifs obligataires, qui constituent une part substantielle des réserves, [...] sont de nature à permettre la couverture du besoin » de financement, ajoutant que la « valeur de cession n'a pas été réduite par la crise ».
Si la situation semble moins dégradée que prévue, la coprésidence de l’institution a tout de même sollicité un prêt de deux milliards d'euros auprès d'établissements bancaires afin de sécuriser le versement des pensions.