L’état de santé des Français marqué par de fortes inégalités sociales et territoriales

Une nouvelle étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), parue le 21 septembre 2022, se penche sur l’état de santé des Français à l’aune des inégalités sociales.
La santé des Français, marqueur d’inégalité
Si l’espérance de vie des Français progresse, des inégalités territoriales persistent, relève la DREES : ainsi, elle est plus faible dans le Nord et l’Est de la France métropolitaine ainsi que dans les 5 départements et régions d’outre-mer. Les inégalités sociales ont également un impact sur la santé. Ainsi, l’apparition des maladies chroniques qui surviennent touchent plus fréquemment les personnes aux faibles revenus.
En matière de santé mentale, l’étude nous apprend qu’une personne sur 10 présente des symptômes évocateurs de troubles dépressifs pour les 15 ans ou plus. Le niveau de vie, a là encore un impact sur la santé mentale, avec des écarts « du simple au double selon le niveau de vie ». Les habitants des DROM sont ainsi particulièrement touchés, avec près d’une personne sur 5 qui présenteraient des troubles dépressifs. Les jeunes sont également particulièrement affectés, avec près de 22 % des 15-24 ans touchés durant le premier confinement, un niveau qui peine à redescendre au niveau pré-épidémique : 14 % en juillet 2021, contre 10 % en 2019.
L’impact des comportements sur la santé
« Le champ des comportements qui ont un impact sur la santé est très large : il englobe pratiquement l’ensemble des activités du quotidien telles que l’alimentation, l’exercice physique, le sommeil, la sociabilité mais également la consommation de substances et les comportements à risque ».
L’étude révèle ainsi plusieurs points :
- Bien que la consommation d’alcool continue de baisser, les alcoolisations ponctuelles importantes augmentent. Quant au tabac, il constitue la première cause de mortalité évitable, avec 75 000 décès en 2015.
- Les 3/4 des Français consomment des fruits et légumes tous les jours. Cette proportion tombe à moins de 50 % dans les DROM.
- 20 % des habitants de France métropolitaine et 30 % des habitants des DROM ne font aucun trajet à pied d’au moins 10 min par semaine
- La surcharge pondérale concerne 45 % des Français, dont 14 % de personnes souffrant d’obésité. Les prévalences d’obésité sont plus élevées au Nord de la France et dans les DROM (sauf à La Réunion). À noter que la part des personnes obèses diminue lorsque le niveau de diplôme ou le niveau de vie augmente
- Concernant la santé au travail, le risque est bien plus élevé pour les ouvriers que pour les cadres
- Le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie : par exemple, 24 % des femmes de 50-75 ans parmi le 5ème des personnes les plus aisées n’ont jamais eu de mammographie (ou il y a plus de 2 ans) contre 39 % pour les femmes parmi le 5ème des personnes les plus modestes
- L’accès au soin est également un facteur d’inégalité d’un territoire à l’autre, et risquent de pénaliser plus fortement les plus modestes
Les inégalités persistent tout au long de la vie
« De la naissance aux grands âges, les problèmes de santé évoluent, les inégalités demeurent », note la DREES.
- En matière de mortalité maternelle, les femmes résidant dans les DROM présentent un risque multiplié par 4 par rapport à celles de France métropolitaine, bien que les risques liés à la grossesse, l’accouchement ou à ses suites restent très rares au global, avec 11 décès pour 100 000 naissances vivantes jusqu’à un an après la naissance. Quant à la mortalité périnatales, qui concerne les enfants morts nés ou décédés dans les 7 premiers jours de la vie, elle a cessé de diminuer et stagne autour de 10 pour 1000 naissances.
- Les inégalités de santé apparaissent dès avant la naissance à cause de nombreux facteurs de risques pour la santé de la femme enceinte et de l’enfant à la naissance (tabac, obésité), plus fréquents dans les milieux défavorisés
- 18 % des enfants sont en surpoids en classe de 3ème, et 5 % obèse. Un taux qui diffère selon la classe sociale des parents : 3 % des enfants de cadres sont obèses en 3ème, contre 8 % des enfants d’ouvriers