Des inégalités d’accès aux soins encore trop importantes et qui risquent de s’accroître à l’avenir, selon la Mutualité française

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Des inégalités d’accès aux soins encore trop importantes et qui risquent de s’accroître à l’avenir, selon la Mutualité française
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La 4e édition de Place de la Santé, l’Observatoire de la Mutualité française (FNMF), est consacrée aux disparités d’accès aux soins.

Parmi les constats : malgré de nombreuses lois - le Pacte Territoires-Santé (2012), la loi de modernisation du système de santé (2016) ou encore le Plan territorial d’accès aux soins (2017) -, les inégalités en matière d’accès aux soins ne cessent de croître au cours des années, du fait notamment du vieillissement de la population, de la hausse des maladies chroniques ou encore, d’une offre médicale disparate au sein du territoire.

Certains dispositifs tels que la télémédecine, la vaccination antigrippale par les pharmaciens ou encore, l’exercice coordonné contribuent toutefois à améliorer l’accès aux soins.

Hausse des besoins en matière de soins

Cette inégalité d’accès aux soins s’explique tout d’abord par une hausse des besoins de soins, liée à deux phénomènes :

  • un vieillissement de la population : actuellement, les plus de 60 ans représentent un quart de la population française (27 %) ; cette part passera à près d’un tiers dans 30 ans (32 %). Ce vieillissement de la population a des répercussions en matière de consommation de soins tant au niveau du volume que du coût. En effet, la dépense moyenne de soins d’un homme âgé de 70 à 74 ans est près de 8 fois plus élevée que celle d’un homme de 20 à 24 ans ;
  • un développement des affections de longue durée (ALD) et des polypathologies : entre 2008 et 2018, le nombre de personnes souffrant de maladies chroniques a augmenté de 40 %. Plus du tiers de la population (35 %) – 21 millions de personnes – serait concerné par les pathologies et traitements chroniques.

Une offre de soins disparate

Si en France, la densité moyenne de médecins s’élève à 339 praticiens pour 100 000 habitants, ce nombre cache en réalité de nombreuses disparités. En effet, l’Observatoire note notamment une répartition hétérogène des médecins sur le territoire et une extension des déserts médicaux. En détails :

  • les médecins spécialistes se concentrent au sein des grands pôles : dans le trio de tête, se trouvent Paris (626 spécialistes pour 100 000 habitants), le Rhône (280 spécialistes pour 100 000 habitants) et les Alpes-Maritimes (277 spécialistes pour 100 000 habitants) ; à l’inverse, l’Eure, la Meuse, l’Ain et la Mayenne affichent les plus faibles densités (entre 70 et 80 médecins spécialistes pour 100 000 habitants) ;
  • la proportion de Français vivant dans un désert médical a connu une forte croissance entre 2012 et 2018, passant de 7,6 % de la population en 2012 à 11,1 % en 2018 (soit 7,4 millions de personnes). Ces déserts médicaux sont essentiellement concentrés dans le centre et le nord-ouest de la France ainsi que dans certaines communes de la région parisienne (Val-d’Oise et Seine-et-Marne). A titre d’illustration, le délai médian d’obtention d’un rendez-vous chez un ophtalmologiste est de 29 jours à Paris et grimpe à 97 jours dans les communes des petits et moyens pôles ;
  • l’offre médicale va peu à peu décroître et se révéler insuffisante à l’avenir, du fait de la baisse du nombre de médecins généralistes (-13 % entre 2010 et 2025) sous l’effet conjugué de deux phénomènes : départs à la retraite programmés et baisse du numerus clausus des années 1980-1990 qui réduit l’arrivée de nouveaux médecins. Alors que dans le même temps, entre 2010 et 2025, la population française des 60 ans et plus aura augmenté de presque 30 %.

En l’absence de mesures correctrices, cela présage d’une aggravation des inégalités territoriales d’accès aux soins à l’avenir, selon la Mutualité.

Les dispositifs de lutte contre l’inégal accès aux soins

Parmi les modes d’organisation visant à améliorer l’accès aux soins : le développement du recours à la télémédecine qui a connu un fort essor pendant la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 ou encore, le partage de compétences entre professionnels de santé (vaccin antigrippal réalisé par les pharmaciens, etc.).

Vaccination antigrippale par les pharmaciens

Depuis mars 2019, les pharmaciens ont la possibilité d’administrer le vaccin contre la grippe. Cette année-là, près de 2,5 millions vaccins antigrippaux (soit 25 %) ont été réalisés par les pharmaciens, ce qui a permis d’améliorer de manière substantielle la couverture vaccinale tout en libérant l’équivalent de 30 consultations par an et par médecin.

Développement de l’exercice médical coordonné

L’exercice coordonné favorise la prise en charge de pathologies complexes par des équipes pluriprofessionnelles ; cette nouvelle manière d’exercer semble connaître un essor, à travers le développement des maisons de santé pluriprofessionnelles (+ 30 % entre 2017 et 2020) et des centres de santé (+ 39 % entre 2017 et 2020). A ce stade toutefois, les données ne sont pas suffisantes pour permettre d’évaluer l’impact de l’exercice coordonné sur l’amélioration de l’accès aux soins.

Essor de la télémédecine

La télémédecine a connu un succès exponentiel sous l’effet de la crise sanitaire passant ainsi de 28 000 téléconsultations en décembre 2019 à 4,3 millions en avril 2020. Si la téléconsultation présente de nombreux avantages - réduction des délais, accès facilités à des avis spécialisés, amélioration du suivi des pathologies chroniques – elle comporte également des limites, cette pratique ne pouvant être adaptée à tous les motifs de consultation.

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