Le non-recours aux prestations sociales augmente chez les plus pauvres, alerte le Secours Catholique

PUBLIÉ LE :
Le non-recours aux prestations sociales augmente chez les plus pauvres, alerte le Secours Catholique
Adobe Stock

Dans un rapport publié le 14 novembre 2024, le Secours Catholique alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres, et la difficulté de plus en plus prégnante à accéder à la protection sociale. En cause, notamment, le rétrécissement des conditions d’accès à la solidarité, et le passage au tout numérique.

On fait le point.

Les chiffres-clé de la pauvreté : 25,4 % des personnes accueillies sont sans ressources

La pauvreté s’aggrave en France. Tel est le constat du rapport État de la pauvreté en France 2024. Le Secours catholique note ainsi que :

  • 25,4 % des personnes accueillies étaient sans aucune ressource financière en 2023, un chiffre record ;
  • Le niveau de vie médian des ménages rencontrés s’établit à 555 € par mois, en recul de 19 € par rapport à 2022 : 95 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, 74 % sous le seuil d’extrême pauvreté ;
  • 46 % des demandes concernent l’aide alimentaire ;
  • 46,1 % des ménages – principalement des familles monoparentales de nationalité française - sont en situation d’impayé ;
  • 35 % des ménages sont dans l’impossibilité d’accéder à un logement stable. Cette réalité touche majoritairement les ménages étrangers, souvent jeunes, qui vivent en centre d’hébergement, en foyer, en squat ou à la rue ;
  • 56,7 % des victimes de la pauvreté sont des femmes. Les mères isolées sont particulièrement vulnérables ;
  • 52 % des personnes accompagnées sont étrangères ;
  • Un tiers des personnes rencontrées sont âgées de moins de 15 ans, et 61 % de 15 à 64 ans ;
  • Le taux d’inactivité atteint 51 % des publics rencontrés (contre 24 % dans la population générale).

infographie secours catholique

L’accès à la protection sociale de plus en plus complexe

Divorce, licenciement, maladie, isolement, violence intrafamiliales… parmi les ménages accueillis par le Secours Catholique, 60 % déclarent avoir subi un accident de la vie. Cette part s’accroît au fil des années : ils n’étaient que 43 % en 2013. Ces accidents de la vie amènent les ménages à réaliser une demande de protection sociale.

C’est ici que les choses se compliquent : accès à l’information, vérification de son éligibilité aux prestations, constitution du dossier de demande, réponse de l’administration, suivi de droit … « à chacune de ces étapes, le parcours peut s’avérer complexe, semé d’embûches, surtout pour les personnes isolées. Les personnes en situation de pauvreté font face à une série d’obstacles pour accomplir nombre de démarches ayant pour conséquence une entrave à l’accès à leurs droits ».

La dématérialisation grandissante, notamment, est mise en cause dans l’accentuation de l’exclusion de certaines personnes, notamment celles éloignées du tout numérique.

Le Secours Catholique note également le durcissement des critères d’éligibilité aux prestations sociales, notamment en ce qui concerne l’Allocation de solidarités aux personnes âgées (ASPA), le chômage et le RSA.

Or, les conséquences sont notables : un nombre grandissant de personnes ne demandent pas les droits auxquels elles ont droit.

36,1 % des personnes éligibles au RSA ne le demandent pas

Le taux de non recours aux prestations sociales est particulièrement élevé : pour le RSA, il atteint les 36 %, un taux en hausse de 10 points depuis 2010. La proportion des ménages ne percevant par le RSA alors qu’ils sont éligibles varie fortement en fonction de la composition du ménage :

  • 50 % des pères isolés ne le perçoivent pas ;
  • 44 % des hommes seuls non plus.

Les mères isolées sont moins touchées par le non recours au RSA (28,3 %). Cette différence s’explique probablement par le fait qu’elles sont plus souvent accompagnées par les services sociaux.

Le non-recours à l’ASPA est également frappant. Ainsi, en 2016, la moitié des personnes ayant droit à l’ASPA n’en faisaient pas la demande. En cause : le fait qu’il s’agisse d’une allocation « quérable », qui n’est pas versée de manière automatique.

Cet article issu de Previssima.fr est soumis au droit d'auteur, protégé par un logiciel anti-plagiat. Toute reproduction, rediffusion ou commercialisation totale ou partielle du contenu, sans l’autorisation expresse de la société Previssima, est interdite. Les informations diffusées sur Previssima.fr (hors forum) sont toutes vérifiées par un service juridique spécialisé. Toutefois, Previssima ne peut garantir l'exactitude ou la pertinence de ces données. L'utilisation des informations et contenus disponibles sur l'ensemble du site ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité de Previssima.