« Je n’ai jamais songé au cancer du poumon, parce que je ne toussais pas et que j’avais arrêté de fumer »
Le cancer du poumon n’est pas qu’un cancer de fumeurs… Et il touche de plus en plus de femmes

En progression continue depuis le début des années 90, le cancer du poumon est le 3ème cancer le plus fréquent chez les femmes et le 2ème plus meurtrier. Contrairement aux idées reçues, il ne touche pas uniquement les fumeurs. Pour sensibiliser sur ce sujet, AstraZeneca et un comité scientifique composé de pneumologues et de quatre associations de patients (ALK+ROS1 France Cancer Poumon, APOP Foch, De L'Air ! et Mon Réseau Cancer du Poumon) ont lancé une campagne nationale d’information. L’objectif ? Mieux faire connaître le cancer du poumon, en mettant en avant des patientes qui ne pensaient pas être concernées par la maladie.
Le cancer du poumon peut toucher tout le monde
« J’ai toujours fait attention à ce que je mange, je n’ai jamais bu, jamais fumé… J’estimais avoir une vie saine, donc ce n’était pas pour moi. Clairement, c’était le cancer des fumeurs et de ceux qui ne prenaient pas soin d’eux », témoigne Magali, 51 ans. Adjointe de direction dans un lycée de Haute-Savoie, cette mère de famille a été diagnostiquée d’un cancer du poumon stade 4, à mutation ROS1, il y a 18 mois. C’est une boule de graisse à l’abdomen, présente depuis plusieurs mois, qui a fini par alerter son médecin et donner lieu à un scanner. Chez d’autres patientes, ce sont des souffrances à l’épaule, un changement de voix ou encore une fatigue persistante qui ont permis de tirer la sonnette d’alarme et d’aboutir à un diagnostic.
« Le cancer du poumon est très vicieux, car pour ma part je n’étais pas essoufflée, je continuais à faire exactement ce que je faisais… Mais si on l’avait décelé plus tôt, il n’aurait peut-être pas été en stade 4 », regrette aujourd’hui Magali, bien déterminée à témoigner de son parcours pour alerter et sensibiliser. Et d’ajouter : « Finalement, pour avoir un cancer du poumon, il suffit d’avoir des poumons et on en a tous ».
Un diagnostic retardé faute de préjugés
Il existe deux principaux groupes de cancer du poumon :
- Les cancers bronchiques à petites cellules (CPC) qui représentent environ 15% des cancers du poumon et sont liés à la consommation tabagique ;
- Les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) qui représentent 80% des cas et regroupent les adénocarcinomes, les carcinomes épidermoïdes et les carcinomes à grandes cellules.
Avec 19 339 cas estimés en 2023, le cancer du poumon est devenu le 3ème cancer le plus fréquent chez les femmes, après celui du sein et le cancer colorectal. Tandis que l’incidence et la mortalité de ce type de cancer tend à baisser chez les hommes – pour qui c’est le 2ème plus fréquent, après celui de la prostate -, il continue de croître chez les femmes.
Mais dans l’imaginaire collectif, le cancer du poumon c’est un cancer d’homme, de vieux fumeur.
« Il est nécessaire de mettre en lumière ces femmes dont le diagnostic de cancer du poumon est retardé par des stéréotypes et des idées reçues. Chez les femmes, comme chez les hommes, le cancer du poumon doit être envisagé devant des symptômes évocateurs : toux persistante, modification de la voix, fatigue prolongée, perte de poids, difficulté à respirer », expliquent Jérome Rivkine, Président de l’association APOP Foch, et Valérie Montagny, Fondatrice et Présidente de l’Association ALK + ROS1 France Cancer Poumon.
Les facteurs de risque
Tabagisme actif ou passif, exposition à des produits toxiques (amiante, arsenic, nickel, cobalt, chrome, radon)… Il existe certes plusieurs facteurs de risque de cancer du poumon, mais l’absence de ces derniers n’éliminent pas pour autant le diagnostic.
Il est par ailleurs important de souligner que les femmes sont plus sensibles au tabagisme, passif ou actif, et qu’elles ont davantage de chance de développer un cancer du poumon lorsqu’elles ont été exposées au tabac. Plusieurs pistes pourraient permettre d’expliquer cette sensibilité, notamment l’influence hormonale des œstrogènes. Ainsi, si seuls 6,3% des hommes atteints d’un cancer du poumon sont non-fumeurs, cette proportion grimpe à 24,4% chez les femmes. Autrement dit, parmi les femmes souffrant d’un cancer du poumon, 1 patiente sur 4 n’a jamais touché une cigarette de sa vie.
Cancer du poumon : les signes qui doivent alerter
S’il est parfois détecté par hasard lors d’un bilan d’imagerie réalisé pour une tout autre indication, le cancer du poumon se caractérise par plusieurs signes cliniques évocateurs.
- Des problèmes respiratoires inhabituels: une toux tenace sans cause apparente, un sifflement, des crachats purulents avec du sang, des infections respiratoires comme des bronchites à répétition, un essoufflement sans cause cardiaque évidente ;
- Un trouble de la voix : une altération du timbre ou de l’intensité (dysphonie) ;
- Un gonflement du visage ou du cou lié à une mauvaise circulation du sang dans la poitrine (syndrome cave supérieur) ;
- Des douleurs dans l’épaule ou le bras (syndrome apico-costo-vertébral douloureux) ;
- Une fatigue générale inexpliquée ;
- Un syndrome paranéoplasique, c’est-à-dire un groupe de symptômes qui se manifestent lorsque des substances libérées par des cellules cancéreuses perturbent le fonctionnement d’organes, proches ou éloignés de la tumeur. Il peut s’agir d’un hippocratisme digital (lorsque les doigts s’épaississent et s’élargissent, avec des ongles bombés), d’une sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIDAH) ou d’un syndrome neurologique inexpliqué.
En cas de suspicion du cancer du poumon, plusieurs examens d’imagerie sont recommandés : radiographie du thorax, scanner thoracique ou encore bronchoscopie souple. À partir de ces résultats, des prélèvements doivent ensuite être effectués pour certifier le diagnostic. « N’ayez pas peur d’aller demander à un professionnel. Au mieux tout va bien, on pire on fait ce qu’il faut », conseille Magali dans son témoignage. Car on ne le dira jamais assez : au plus tôt ce cancer est diagnostiqué, meilleures sont les chances de guérison.