AGIRC-ARRCO : le Gouvernement va-t-il mettre la main sur les 68 milliards d’euros de réserves pour financer les petites pensions de retraite ?

Les partenaires sociaux se sont à nouveau réunis le 5 septembre dernier dans le cadre des négociations visant à fixer les règles de pilotage de l’AGIRC-ARRCO, la caisse de retraite complémentaire des salariés du privé, pour la période 2023-2026.
Ils doivent notamment prendre en compte la réforme des retraites, en vigueur depuis le 1er septembre 2023, et qui a acté le report progressif de l’âge de départ en retraite à 64 ans, l’inflation qui s’est établie à 4,8 % en août dernier, mais aussi la question démographique.
Alors que la réforme des retraites prévoit une revalorisation des petites pensions à hauteur de 85 % du SMIC, le Gouvernement souhaite mettre à contribution l’AGIRC-ARRCO pour financer la mesure. On vous explique
Des petites pensions portées à 85 % du SMIC
Si une hausse des pensions de retraite complémentaire est prévue au 1er novembre prochain, il semblerait qu’une partie des réserves de l’AGIRC-ARRCO – évaluées à 68 milliards d’euros – serve également à contribuer au financement des petites pensions. C’est en tout cas une piste évoquée par Olivier Dussopt, le ministre du Travail, lors d’un entretien avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, lundi dernier.
Pour rappel, la réforme des retraites prévoit de porter le montant des petites pensions à 85 % du SMIC pour une personne ayant une carrière complète.
Cette revalorisation pouvant aller jusqu’à 100 € mensuels maximum pour une carrière complète à temps plein, concernera 1,7 million de retraités actuels et 200 000 nouveaux retraités chaque année.
Un financement à hauteur de 1 à 3 milliards d’euros par an
Dans le détail, l’exécutif envisagerait une contribution de l’AGIRC-ARRCO au financement des petites pensions comprise à terme entre 1 et 3 milliards d’euros par an. En cas d’absence d’accord, la mesure pourrait être inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024.
Denis Gravouil, négociateur de la CGT, dénonce un « hold up ». De son côté, Michel Beaugas, le négociateur de Force ouvrière (FO) estime que « ce n'est pas à l'Agirc-Arrco de payer ».
Quant à Eric Chevée, négociateur de la CPME, il se montre plus ouvert. Il considère qu’il est « légitime que l'Agirc-Arcco prenne sa part [dans cette] mesure de solidarité, qui valorise une vie de travail » mais « selon [ses] critères ».