ISF, taxe Zucman, AME, retraites : les premières annonces de Lecornu

Depuis sa nomination à Matignon, Sébastien Lecornu cherche à sortir de la réserve politique. Dans un entretien au Parisien, il esquisse ses priorités - ou du moins ses « premières pistes » - en matière budgétaire, fiscale et sociale. Si, à ce stade, le gouvernement n’est pas encore installé, des lignes commencent à se dessiner.
La réforme des retraites maintenue
C’est une décision forte et qui ne plaira sans doute pas aux syndicats, dont les rapports avec le Premier ministre sont déjà très tendus. Sébastien Lecornu a annoncé qu’il écartait la suspension de la réforme des retraites, en particulier le report de l’âge légal à 64 ans.
Il insiste sur le fait qu’aucun gouvernement n’a jamais remis en cause une réforme antérieure. Il précise néanmoins que la réforme mise en place par sa prédécesseure Élisabeth Borne « n’est pas achevée » et que des ajustements sont possibles.
En revanche, « personne ne veut d’un conclave sur les retraites », ajoute-t-il. Le locataire de Matignon dit également vouloir s’« atteler en priorité avec les partenaires sociaux » aux « abus » sur les « ruptures conventionnelles » et précise vouloir « faire confiance au dialogue social ».
AME : des ajustements envisagés
S’inscrivant dans le cadre de la lutte contre l’exclusion, l’Aide Médicale d’État (AME) fait aussi partie des dispositifs qu’une partie des députés, majoritairement de droite et d’extrême droite, jugent trop coûteux et permissifs.
L’ancien Premier ministre François Bayrou souhaitait effectivement durcir les conditions d’accès, mais la chute de son gouvernement, suite au vote de confiance, a changé la donne. De son côté, Sébastien Lecornu explique qu’il fait « des préconisations », mais ne demande pas la suppression de l’aide médicale d’État, « y compris pour des raisons évidentes de santé publique ». Rappelons que l’AME a coûté en 2024 1,2 milliard d’euros (soit deux fois plus qu’il y a 10 ans), et qu’elle représente 0,5 % des dépenses annuelles de santé.
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Le point sur l’ISF et la taxe Zucman
Sur le volet fiscal, Lecornu tranche plus fort : pas de retour à l’ISF. « Nous avons les taux de prélèvements obligatoires les plus importants de l’OCDE », a précisé le Premier ministre. Il pense également que la taxe Zucman est une mauvaise réponse, car elle va « taxer le patrimoine professionnel ». Selon lui, « nous avons besoin de capitaux français pour défendre notre souveraineté économique ». Rappelons que l’ISF a été supprimé par le gouvernement d’Edouard Philippe via la loi de finances pour 2018, et remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Quand sera formé le gouvernement ?
Interrogé sur le calendrier, Sébastien Lecornu fixe une échéance claire : le nouveau gouvernement devra être nommé d’ici au 1er octobre. Il avertit toutefois qu’il n’est pas question de « débauchage » de personnalités issues de partis extérieurs à la majorité, répondant ainsi aux spéculations sur une éventuelle ouverture vers le PS. Le Premier ministre insiste enfin sur la nécessité d’un engagement collectif autour du futur budget : « Les ministres qui veulent rentrer au gouvernement vont devoir l’endosser », rappelle-t-il.