Hausse des impôts, retraite à 70 ans… Jusqu’où aller pour financer « l’effort de guerre » ?

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Hausse des impôts, retraite à 70 ans… Jusqu’où aller pour financer « l’effort de guerre » ?

La volonté d’Emmanuel Macron de renforcer la défense européenne face aux menaces extérieures se heurte désormais à la question du financement, alors que le budget crie famine. Une situation qui laisse apparaître des discours discordants au sein des associations patronales, des syndicats et des membres du gouvernement.

Si certains prônent une hausse de l’impôt ou évoquent le cap des 70 ans pour partir en retraite, d’autres sont en revanche opposés à faire supporter le poids de la défense française et européenne sur les épaules des contribuables. Tour d’horizon des dernières pistes évoquées.

La CFDT évoque l’augmentation des impôts

Invitée sur RTL lundi 10 mars, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a été très claire sur la question du financement de la défense européenne. Pour elle, « sans hausse d’impôts, ça ne va pas être possible ». Évoquant un contexte international « préoccupant », elle a ajouté que « chacun et chacune laisse tomber un peu les dogmes », car en cette période inédite, il « faut faire différemment ».

Des propos qui vont clairement à contre-courant de ceux avancés quelques jours plus tôt par les deux têtes de l’exécutif, le président de la République et le Premier ministre.

Emmanuel Macron avait ainsi clairement indiqué, lors d’un déplacement en Dordogne, qu'il n'y aurait pas de hausse d'impôts : « On ferme tout de suite l'hypothèse de dire qu'on va régler ce choc conjoncturel par plus d'impôts, maladie française ». Des propos partagés par François Bayrou, le chef du gouvernement, qui a également souligné dans une interview à CNEWS que « le recours à l’impôt est au bout de sa logique ».

Est-il possible de financer cet effort de guerre sans passer par les impôts ? L’équation semble difficile à résoudre, mais dans tous les cas, si la logique est maintenue, elle passera fatalement par un nouveau tour de vis budgétaire afin d’aller chercher de l’argent ailleurs... à moins de laisser filer encore le déficit. Une piste difficilement envisageable pour le gouvernement.

Repousser l’âge de départ à la retraite : le Medef évoque l’idée

Alors que les négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement sur la réforme des retraites battent leur plein, le patron du Medef a effectué une déclaration qui n’est pas passée inaperçue lors d’une interview donnée à dans la matinale de RMC la semaine dernière. Toujours concernant cette question du financement de la défense européenne, Patrick Martin a établi un parallèle avec le Danemark, qui aurait, selon lui, porté « l’âge de départ à la retraite à 70 ans pour financer l’effort de guerre ».

S’il a immédiatement précisé sa pensée en disant qu’il n’était « pas en train de dire qu’il faut porter à 70 ans l’âge de départ en retraite en France », il estime qu’il existe « un consensus, une conscience partagée que cette situation très grave nécessite des moyens exceptionnels ».

Le patron du Medef effectue cependant un raccourci trop rapide de l’histoire : le décalage de l'âge légal de départ à la retraite au Danemark est prévu depuis 2006 et n’a pas de lien direct avec un effort de guerre supplémentaire. En réalité, les députés danois votent tous les cinq ans pour statuer sur les échelons des quinze années suivantes, en parallèle avec l’évolution de l’espérance de vie. Les projections de 2006 envisageaient ainsi un départ à la retraite à 70 ans en 2040. Les Danois vont par ailleurs voter prochainement pour donneur leur feu vert ou non à ce projet.

La digue sur les retraites se fragilise ?

L’argument avancé par le patron du Medef est donc en partie biaisé. Néanmoins, Patrick Martin n’est pas le seul à aborder la question des retraites. Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a également estimé que « l’entrée progressive, plus ou moins explicite, dans une économie de guerre, rendra secondaires, sinon dérisoires, les débats actuels sur l’AOD (l’âge d’ouverture des droits à la retraite, NDLR) à 64 ans ».

Du côté des syndicats, ces déclarations sont bien entendu mal accueillies. Si Marylise Léon a évoqué la piste d’une hausse d’impôts pour financer l’effort de défense, elle a également estimé que la hausse de l’âge légal de départ était inacceptable. « C’est le critère le plus injuste » et « Je pense qu’il ne faut pas rentrer dans une opposition entre la défense et le social », a-t-elle affirmé dans son intervention sur RTL.

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