Génération 1965, carrière longue… : la suspension de la réforme des retraites étendue à de nouveaux bénéficiaires !
Bonne nouvelle pour certains futurs retraités ! Adopté le 12 novembre 2025 dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), un amendement d’origine gouvernementale vient étendre la suspension de la réforme des retraites de 2023 à de nouveaux bénéficiaires.
Carrières longues, fonctionnaires des catégories actives et super actives, assurés nés au début de 1965… jusqu’ici exclus, plusieurs profils seraient désormais concernés. Décryptage.
Suspension de la réforme : un vote symbolique et très politique
Le vote de suspension, acquis par 255 voix contre 146, résulte d’un accord entre les socialistes et le Premier ministre Sébastien Lecornu dans le cadre du débat budgétaire du PLFSS 2026.
Dans le détail, les groupes LIOT, RN, écologistes et PS ont soutenu la suspension, tandis que LFI, LR et Horizons ont voté contre.
Pour la gauche, il s’agit d’un geste fort : « c’est la fin du totem de la majorité », a déclaré le premier secrétaire du PS.
Pour la droite, en revanche, cette suspension n’est qu’une parenthèse budgétaire : « suspendre la réforme des retraites est illusoire », a estimé Laurent Wauquiez.
En pratique, cette suspension ne supprime pas la réforme mais gèle temporairement son calendrier le temps d’un nouveau débat, en principe repoussé à la prochaine élection présidentielle.
Pour en savoir plus : La suspension de la réforme des retraites adoptée par les députés
La suspension de la réforme des retraites élargie à de nouveaux bénéficiaires : qui est concerné ?
En parallèle du vote de suspension de la réforme des retraites, les députés ont adopté un amendement du gouvernement visant à « prendre en compte les cas spécifiques qui n’avaient pas été intégrés dans la lettre rectificative ».
Seraient désormais concernés :
- Les assurés nés au premier trimestre 1965;
- Les assurés éligibles à un départ anticipé (carrières longues, inaptitude ou invalidité), qui pourraient désormais bénéficier de l’abaissement de la durée d’assurance à partir du 1er septembre 2026 ;
- Certaines catégories actives et super actives de la fonction publique (policiers, pompiers, contrôleurs aériens…) ;
- Les assurés des catégories actives et super actives de la fonction publique (policiers, pompiers, contrôleurs aériens…);
- Les militaires ayant plus de 15 ans de service;
- Mais aussi les infirmiers ayant opté pour la catégorie A.
A noter : cette suspension s’étendrait également à Mayotte et à Saint-Pierre-et-Miquelon, qui suivent un calendrier spécifique de mise en œuvre de la réforme.
Concrètement, ces personnes pourraient partir plus tôt et gagner un trimestre de cotisation. Cela représenterait environ 20 % de bénéficiaires supplémentaires, selon le ministre du Travail et des Solidarités.
Si cette mesure venait à être entérinée dans la LFSS pour 2026, cela représenterait un coût supplémentaire pour la Sécurité sociale de 200 millions d’euros en 2026 et 500 millions en 2027. Cette dépense serait financée par la hausse de 1,4 point de la CSG sur les revenus du capital, déjà votée dans le cadre du volet « recettes » du PLFSS.
Lire aussi : PLFSS 2026 : ce qui change après la commission des Affaires sociales
Génération 1965 : un départ un peu plus tôt pour les assurés nés au premier trimestre
L’amendement voté à l’article 45 bis du PLFSS prévoit que les assurés nés entre janvier et mars 1965 bénéficieront de conditions un peu plus favorables :
- Âge d’ouverture des droits : 62 ans et 9 mois (au lieu de 63 ans) ;
- Durée d’assurance requise : 170 trimestres (comme la génération 1964).
En clair, ces assurés gagneraient trois mois et un trimestre de cotisation en moins à valider. Leur situation serait ainsi alignée sur celle des assurés nés en 1964.
En revanche, rien ne changerait pour les assurés nés entre avril et décembre 1965 :
- L’âge légal de départ resterait fixé à 63 ans ;
- La durée d’assurance exigée demeurerait de 171 trimestres.
Une différence qui traduit la volonté du gouvernement d’adoucir la transition entre les générations, sans remettre en cause la trajectoire générale du report de l’âge légal à 64 ans.
Quid des carrières longues ?
Dans le secteur privé, les assurés éligibles au dispositif « carrières longues » pourraient désormais partir à la retraite avec moins de trimestres pour obtenir le taux plein, comparé à ce qu’ils auraient dû valider, si le calendrier de la réforme Macron avait suivi son cours.
Mais attention, cette mesure ne s’appliquerait qu’aux pensions liquidées à partir du 1er septembre 2026.
Autrement dit, une personne prévoyant de partir à la retraite pour carrière longue avant cette date, ne pourrait pas bénéficier de ces nouvelles conditions plus avantageuses.
Si cette échéance peut sembler frustrante pour ceux qui envisageaient de partir plus tôt, le gouvernement explique ce délai par des raisons techniques : les caisses de retraite doivent adapter leurs systèmes avant de pouvoir appliquer ces nouvelles règles.
Suspension de la réforme : un répit, pas une annulation
Cet amendement illustre la volonté du gouvernement de tempérer la réforme des retraites pour certaines situations spécifiques, tout en préservant l’équité entre générations.
Pour les assurés concernés, cela se traduit par la possibilité de partir légèrement plus tôt à la retraite, sans pour autant remettre en cause la réforme dans son ensemble.
Et le chemin reste encore incertain : le Sénat devra encore se prononcer et pourrait modifier le texte, laissant planer des interrogations sur l’application finale des mesures.
Au-delà de la suspension, ce vote ouvre surtout un débat élargi sur l’avenir de notre système de retraite, débat qui pourrait se prolonger jusqu’à la prochaine élection présidentielle.