Entreprises très bénéficiaires et hauts revenus : les surtaxes « temporaires » prolongées en 2026

Présentées comme provisoires dans le cadre de la loi de finances pour 2025, les contributions exceptionnelles sur les grandes entreprises et les hauts revenus seront de nouveau prolongées en 2026.
Des mesures « temporaires » qui s’installent dans la durée
Souvent, l’histoire se répète : en matière de fiscalité, les dispositifs « exceptionnels » finissent rarement par disparaître. Les contributions créées pour répondre à une situation conjoncturelle - crise économique, pandémie ou besoin ponctuel de recettes - tendent à s’inscrire dans la durée.
Le projet de loi de finances pour 2026 illustre parfaitement cette tendance. Le gouvernement y prolonge deux contributions instaurées dans le PLF 2025, toutes deux présentées à l’époque comme provisoires. L’objectif affiché reste le même : faire participer davantage les grandes entreprises et les ménages les plus aisés à l’effort collectif de redressement des comptes publics.
Surtaxe n°1 : les grandes entreprises aux plus gros bénéfices
La première concerne la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises. L’article 4 du PLF 2026 prévoit la prorogation de cette mesure, qui touche environ 400 groupes réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Selon le ministère de l’Économie, cette contribution devrait générer près de 4 milliards d’euros de recettes en 2026, soit deux fois moins qu’en 2025. La première application portera sur le premier exercice clos à compter du 31 décembre 2025.
Les taux applicables seront les suivants :
- 20,6 % pour les entreprises dont le chiffre d’affaires de l’exercice en cours et du précédent est inférieur à 3 milliards d’euros ;
- 41,2 % pour celles dont le chiffre d’affaires dépasse 3 milliards d’euros sur l’un ou l’autre exercice.
Le gouvernement justifie cette reconduction par la nécessité d’« accompagner la trajectoire du redressement des comptes publics dans une logique de juste répartition des efforts ».
Surtaxe n°2 : la contribution différentielle sur les hauts revenus
Deuxième prolongation, la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), elle aussi conçue comme temporaire à l’origine. Ce dispositif s’applique aux foyers dépassant 250 000 € de revenus pour une personne seule ou 500 000 € pour un couple.
Il garantit un taux d’imposition minimal de 20 %, en complément de l’impôt sur le revenu et de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR).
Fraction du revenu fiscal de référence |
Taux pour une personne seule |
Taux pour un couple soumis à imposition commune |
Jusqu’à 250 000 € |
0 % |
0 % |
Entre 250 001 € et 500 000 € |
3 % |
0 % |
Entre 500 001 € et 1 000 000 € |
4 % |
3 % |
Plus de 1 000 000 € |
4 % |
4 % |
EXEMPLE
Pour un célibataire disposant d’un revenu fiscal de référence de 450 000 €, la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus se calcule uniquement sur la part excédant 250 000 €, soit (450 000 € - 250 000 €) x 3 % = 6000 euros.
Selon Bercy, environ 24 000 foyers seraient concernés par cette contribution.
Mais sa reconduction constitue un véritable casse-tête pour les conseillers en gestion de patrimoine comme pour les foyers gérant eux-mêmes leur fiscalité. En effet, la CDHR devra être calculée et payée entre le 1er et le 15 décembre, à hauteur de 95 % du montant estimé, sur la base :
- Des revenus effectivement réalisés au 1er décembre 2025,
- Et d’une projection des revenus attendus entre le 1er et le 31 décembre 2025.
Toute sous-estimation pourra être lourdement sanctionnée, avec une pénalité pouvant atteindre 20 %. De plus, une seule déclaration pourra être effectuée : une fois validée, elle ne pourra ni être modifiée, ni annulée.