Super-riches : le vrai visage des 0,1 % les plus fortunés selon l’Insee

Une étude de l’Insee brosse le portrait typique des Français les plus fortunés : des quinquagénaires à septuagénaires, cadres ou indépendants, souvent installés en Île-de-France et dotés d’un patrimoine particulièrement diversifié. Mais derrière ce profil en apparence homogène se cachent aussi des footballeurs, des médecins, des artistes, ainsi que des dynamiques de revenus bien plus complexes qu’on ne le croit.

Qui sont les super‐riches selon l’Insee ?

L’étude de l’Insee publiée mardi 18 novembre et intitulée sobrement « France, portrait social », assemble trois analyses des hauts et très hauts revenus et patrimoines en France. Pour définir les « hauts revenus », l’institut retient non seulement les revenus imposables, mais aussi les prestations sociales, après déduction des impôts directs, tout en tenant compte de la composition du ménage.

Ainsi, en 2022, 40 700 ménages dépassaient les 463 000 € de revenus imposables. Près de 48 % d’entre eux résident en Île-de-France, et la grande majorité est composée de couples mariés ou pacsés (82 %).

L’étude révèle également que ces 40 700 foyers appartiennent aux 0,1 % les plus aisés de la population en matière de revenu déclaré. Le fossé avec le reste de la population continue de se creuser : en 2003, ces super-riches gagnaient 21 fois plus que les autres foyers ; en 2022, l’écart atteint 31 fois.

Parmi les postes les mieux rémunérés, on retrouve notamment les dirigeants salariés, les cadres à haute responsabilité… mais surtout les sportifs professionnels. Ces derniers représentent un peu plus d’un tiers (36 %) du Top 100 des salariés du privé les mieux rémunérés en France. Du côté des professions libérales, médecins, dentistes et avocats se distinguent également avec des revenus particulièrement élevés.

Le revenu : un mélange de salaires, de capital et d’entrepreneuriat

L’un des traits les plus marquants de ces super‑riches, c’est la diversité de leurs sources de revenus. D’après l’étude :

• Une part importante de leurs revenus provient de capitaux mobiliers (dividendes, contrats d’assurance-vie, actions...), bien plus que pour le reste de la population.
• Le salaire, ou la pension pour certains, représente seulement un tiers environ de leurs ressources, loin de la dépendance au seul travail salarié.

Une inégalité encore très marquée entre les femmes et les hommes

Sans surprise, les postes les mieux rémunérés restent très largement masculins. Neuf très hauts revenus sur dix sont détenus par des hommes de plus de 50 ans (sportifs mis à part), généralement cadres ou indépendants, une catégorie qui représente 58 % des super-riches. Ils vivent majoritairement en couple sans enfant (47 %), un schéma qui se répète dans les statistiques de l’Insee.

Du côté des très hauts salaires du privé - c’est-à-dire le 1 % des postes salariés rémunérés plus de 10 219 € nets par mois, soit environ 175 000 postes - les femmes ne représentent que 24 % des effectifs. Un vrai gap, alors qu’elles constituent 42 % des salariés à temps plein (données 2023).

Cependant, trois ans après l’adoption de la loi Rixain, pensée pour accélérer l’égalité économique et professionnelle - notamment en imposant aux grandes entreprises de féminiser leurs instances dirigeantes - des progrès sont visibles. La proportion d’entreprises de plus de 1 000 salariés dont le comité de direction compte au moins 30 % de femmes atteint désormais 47 %. Un signal encourageant, certes, mais qui souligne surtout le chemin qu’il reste encore à parcourir pour que cette avancée se reflète aussi dans l’accès aux rémunérations les plus élevées.