Économies de santé : le gouvernement prépare un tour de vis historique

La ministre de la Santé Catherine Vautrin a détaillé une série de mesures destinées à réaliser des économies en période de disette budgétaire. Sans surprise, les Français seront appelés à mettre la main à la poche et verront certaines aides diminuer. Voici la liste des principales pistes évoquées.
Franchises médicales : plafonnement renforcé
Dans une interview à nos confrères du Monde, Catherine Vautrin a présenté samedi 26 juillet les axes principaux d’un vaste plan d’économies concernant la santé. Première d’entre elles : le doublement des franchises médicales, c’est-à-dire les sommes non remboursées aux assurés. Concernant les boîtes de médicaments, la franchise est aujourd’hui de 1 € par patient, dans la limite de 50 € par an. « Le gouvernement a décidé de doubler le plafond des franchises médicales », a ainsi indiqué la ministre de la Santé.
Le plafond annuel passerait donc à 100 €, tout en instaurant un plafond mensuel de 8 € par mois. « Il faut arrêter avec cette idée que l’Assurance-maladie, c’est gratuit, j’y ai droit », a tenté de justifier Catherine Vautrin.
Limiter les « dérives » sur les arrêts maladie
Concernant les arrêts maladie, un transfert de responsabilité est envisagée. C’est-à-dire que la prise en charge des indemnités journalières pourrait être décalée de trois jours, passant de quatre à sept jours, ces derniers étant financés par les employeurs.
« Nous souhaitons limiter tout premier arrêt de travail prescrit en médecine de ville à quinze jours – il n’y a aujourd’hui pas de durée maximale –, et à un mois en sortie d’hospitalisation », indique la ministre, afin de lutter contre certains « abus », selon le gouvernement. D’après les chiffres de l’Assurance-maladie, 42 millions d’euros de fraudes liées aux arrêts de travail ont été détectés en 2024, soit 2,4 fois plus qu’en 2023.
La fin du remboursement à 100 % des cures thermales ?
Autre piste déjà évoquée par le gouvernement et rappelée par Catherine Vautrin : la possible « fin du remboursement à 100 % des cures thermales et des médicaments dont le service rendu est faible pour les patients en ALD ».
Selon la ministre, cette charge représente un coût de 350 millions d’euros pour l’Assurance-maladie. Une somme qui peut sembler importante, mais rappelons également qu’elle ne représente dans les faits que 0,1 % du budget global de la Sécurité sociale.
En France, les cures thermales font en tout cas l’objet de vifs débats entre médecins : certains sont convaincus de leurs bienfaits, tandis que d’autres estiment que les bénéfices proviennent surtout des jours de repos qu’elles procurent. La Cour des comptes avait d’ailleurs, dans un récent rapport, recommandé de ne plus rembourser les cures thermales prescrites par les médecins généralistes.
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Une autre mesure, qui inquiète autant les professionnels de santé que les patients, concerne les ALD. Le gouvernement souhaite que les médicaments sans lien avec l’affection ne soient plus remboursés à 100 %.
De même, les patients « dont l’état de santé ne le justifie plus » sortiraient du dispositif. L’objectif affiché est de « faciliter la sortie de ce régime, quand le médecin déclare que vous êtes pleinement guéris d’un accident vasculaire cérébral ou d’un cancer, par exemple ».
Le sujet est toutefois délicat : comment prouver qu’un médicament n’est pas utile ? Sur quels critères se baser ? Les médecins alertent ainsi sur de possibles dérives qui se feraient au nom des économies.
Vaccination obligatoire et lutte contre le nomadisme médical
Dans un souci de prévention, la ministre propose aussi d’imposer la vaccination contre la grippe en Ehpad, où le taux actuel d’injection est de 85 %, avec un objectif de 95 % de couverture.
Enfin, elle pointe le phénomène du nomadisme médical : les consultations répétées sans valeur ajoutée – troisième, quatrième avis chez différents praticiens – seront désormais moins prises en charge, afin d’encourager la continuité du suivi via le dossier médical partagé.