Discriminations dans l’accès aux soins : un mal invisible mais réel

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Discriminations dans l’accès aux soins : un mal invisible mais réel

L'accès équitable aux soins de santé est un droit fondamental. Pourtant, un rapport publié mardi 6 mai révèle que de nombreuses personnes se heurtent à des obstacles discriminatoires lorsqu'elles cherchent à se faire soigner.

Les personnes en situation de handicap, les migrants, les femmes et les individus atteints de maladies chroniques seraient les plus concernés. La Défenseure des droits appelle à des sanctions rapides.

Une réalité qui échappe aux radars

C’est un rapport choc de 56 pages qui risque de faire du bruit. Intitulé « Prévenir les discriminations dans les parcours de soins : un enjeu d’égalité », il a été présenté mardi 6 mai par la Défenseure des droits, Claire Hédon. Ce document s’intéresse aux discriminations qui persistent dans le système de santé français.

« Si cet appel à témoignages n’est statistiquement pas représentatif de l’ensemble de la population française, il permet de rendre visible, par les nombreux récits recueillis, l’éventail des discriminations subies dans les parcours de soins en France », précise le rapport dans son introduction.

À sa lecture, il apparaît que ces inégalités ne sont ni pourtant ni anecdotiques ni isolées et relèvent d’un phénomène souvent ignoré. En tout, près de 1 500 témoignages ont été recueillis entre novembre 2020 et janvier 2025, faisant état de refus de soins, de propos stigmatisants ou de traitements différenciés.

Les récits proviennent autant de patients que de professionnels de santé. En parallèle, la Défenseure des droits a mené des auditions auprès d’acteurs associatifs, d’autorités sanitaires et d’établissements médicaux. Le constat est clair : certaines catégories de population sont plus vulnérables face à ces discriminations.

Quand l’origine, le genre ou le handicap deviennent un frein

Les femmes par exemple témoignent du fait que leurs douleurs sont souvent ignorées ou considérées à la légère, en particulier lorsqu’il s’agit de pathologies chroniques ou liées à la santé gynécologique. Ce phénomène, identifié comme un « biais de genre », peut avoir pour effet de retarder considérablement les diagnostics et les soins nécessaires, avec des répercussions parfois lourdes sur leur état de santé.

De leur côté, les personnes en situation de handicap dénoncent des établissements inaccessibles, des refus de soins injustifiés ou des rendez-vous médicaux annulés en raison de leur état.

Les personnes migrantes subissent également des traitements différenciés, entre autres en raison de barrières linguistiques, de préjugés ou de statuts administratifs incertains. « Le syndrome méditerranéen », préjugé sans fondement médical selon lequel les personnes d’origine nord-africaine ou noires exagèrent leurs symptômes ou douleurs », a quant à lui « pour effet une minimisation des souffrances exprimées » par ces patients « et/ou un refus de prise en charge, aux conséquences parfois fatales ».

Enfin, les personnes couvertes par la couverture maladie universelle (CMU) ou l’Aide médicale d’État (AME) peinent, elles aussi, à accéder aux soins : dans certains cas, décrocher un simple rendez-vous médical relève du parcours du combattant, selon les constats du rapport.

L’urgence d’une réponse systémique

Devant ces constats alarmants, la Défenseure des droits appelle à une mobilisation générale. Claire Hédon plaide notamment pour la mise en place d’un Observatoire national des discriminations, afin de « développer et valoriser la production scientifique sur les discriminations dans l’ensemble des domaines et encourager la mise en œuvre d’actions correctrices ». Elle souligne aussi la nécessité de simplifier le « dépôt de plainte devant les ordres professionnels et l’Assurance-maladie » et de « prononcer des sanctions effectives, proportionnées et dissuasives ».

Enfin, la Défenseure des droits insiste sur l’importance de garantir aux patients un accès clair et complet à l’information, afin qu’ils puissent faire un choix en toute connaissance de cause et donner leur consentement de manière libre, sereine et éclairée aux actes médicaux.

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